Crise à la Fondation: «C’est devenu trop gros, trop vite» – Dr Julien

La croissance rapide de la Fondation du Dr Julien et des divergences sur les orientations stratégiques ont mené à la démission d’une dizaine de gestionnaires et d’employés l’an dernier, déclare Gilles Julien, qui se défend d’avoir intimidé ses employés, tel que rapporté par le quotidien La Presse.« La croissance a été rapide et difficile à gérer. Cela crée toujours des clans, des mécontents. On a vécu ça comme n’importe quelle entreprise en développement », affirme le Dr Julien.Dans une entrevue accordée à ProfessionSanté.ca, le célèbre pédiatre a réagi à un article décrivant une crise sans précédent à la Fondation du Dr Julien. Selon l’enquête de la journaliste Isabelle Hachey, le Dr Julien aurait intimidé ses employés au centre de pédiatrie sociale dans le quartier Hochelaga, ce que nie le principal intéressé.Celui-ci reproche à la journaliste d'avoir basé son reportage sur les affirmations de sources anonymes plutôt que sur des faits. Selon lui, il n’y a jamais eu d’intimidation à la Fondation.Pour appuyer ses dires, le Dr Julien cite les conclusions d'une enquête qu'il a lui-même commandée à l’Institut de la confiance dans les organisations.« Le rapport ne parle pas d’intimidation et de harcèlement. Des gens se sont sentis intimidés pour des raisons futiles, par exemple, certains disaient que mon nom était intimidant », soutient le Dr Julien.Puisque les activités de la Fondation reposent en bonne partie sur du financement public et des dons, le Dr Julien dit être très rigoureux sur le budget, les dépenses et sur les soins prodigués aux enfants. Certains ont pu être dérangés par cette rigueur, croit-il.Divergences sur l'avenir ?Le pédiatre est convaincu que ce sont les divergences quant à l’orientation de la Fondation qui ont poussé les directeurs et les professionnels à quitter le navire. « Je voulais redonner l’autonomie à nos trois centres, souligne-t-il. Je voulais qu’il y ait des conseils d’administration locaux, des mobilisations plus locales et que ces trois centres ne soient plus chapeautés par une grosse organisation comme la nôtre qui fait plus de la formation, de la recherche et de la certification. » D'ailleurs, il affirme que ce projet sera réalisé d'ici un an.Selon lui, cette orientation colle davantage à la philosophie de la pédiatrie sociale, qui vise à mobiliser les parents, les bénévoles et les partenaires.Or, certains directeurs n’étaient pas d’accord avec sa vision, poursuit le pédiatre.Parmi les orientations stratégiques qui seraient à la source du litige, le Dr Julien mentionne la réduction du personnel au centre de pédiatrie du quartier Hochelaga-Maisonneuve. « Il fallait diminuer la lourdeur de ce centre-là. Il y avait beaucoup trop de monde. Ce centre est devenu trop gros, trop vite. C’était trop gros pour un centre de pédiatrie sociale de quartier qui donne des services directs aux enfants », explique-t-il. Il précise que le Garage à musique de la Fondation, situé dans le même quartier, joue également un rôle clinique.À la suite des démissions, les postes n’ont pas tous été pourvus, mentionne le Dr Julien. Toutefois, il affirme que les services n’ont pas été trop affectés l’an dernier par cette crise. « On s’est assuré que les services continuent. On a mis les bouchées doubles pour s’assurer de ne pas pénaliser les familles et les enfants. Là, on est reparti avec le nombre de personnes désiré. Les enfants ne manqueront de rien. Nous sommes de plus en plus liés aux autres organisations du territoire, qui vont pouvoir donner des services avec nous. »Actuellement, une vingtaine de travailleurs sociaux, éducateurs et psychologues travaillent au centre du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Quatre médecins y oeuvrent également. L’un d'entre eux est en congé de maladie."Nous sommes capables de fonctionner à un coût moindre. Avec le nombre d'employés que nous avions avant, nous n'aurions pas été capables de soutenir financièrement la masse salariale à long terme."« Je suis là à vie »Selon le Dr Gilles Julien, l’article de La Presse peut miner la crédibilité de l’ensemble des centres de pédiatrie sociale du Québec. Le Dr Julien est néanmoins confiant que cette histoire n’aura pas un gros impact sur les fonds recueillis par son organisme, qui représentent près de 50 % de son financement.« Il est possible qu’un donateur ne veuille plus investir dans la Fondation, mais s’il s’informe comme il faut et qu’il vient nous voir, il va comprendre que c’est une crise dans une entreprise en croissance. »De plus, le pédiatre estime que sa fondation caritative ne perdra pas sa crédibilité auprès des professionnels de la santé. « L’approche est extraordinaire, reconnue mondialement. Il n’y a pas de raison pour perdre de la crédibilité. »Dans les derniers mois, plusieurs parents, au courant de certaines rumeurs, demandaient au Dr Julien s’il allait démissionner. Sa réponse est claire : « Je suis là à vie, il n’y a pas de craintes. »

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