Dr François Prévost - Une petite société sur l’eau au coeur de grands changements

« Ça m’a marqué, commente-t-il. Des photos prises par satellite en 1958 montraient un grand glacier. Aujourd’hui, il se défait. Cinquante ans à l’échelle de la planète, c’est une seconde dans notre vie. Est-ce juste l’activité humaine ou un cycle naturel ? Quelle que soit la source, le message est clair, il y a des changements, il se passe quelque chose. »Participant à la Course Destination Monde en 1994-95, réalisateur du film Ce qu’il reste de nous tourné clandestinement au Tibet, François Prévost est demeuré cinéaste tout autant que médecin. Il parcourt le Nord québécois depuis 20 ans et pratique à Inukjuak. Il était déjà très sensibilisé par les questions environnementales avant de s’embarquer sur le Sedna IV, où il a séjourné durant neuf fois. Ses préoccupations à l’égard de l’environnement proviennent de sa vision holiste. « M ême avant d’entrer en médecine, je considérais que nous formons une partie de l’environnement, explique- t-il. D’après moi, la santé est un équilibre durable entre le milieu et l’individu. »L’expérience du Sedna IVL’hiver passé à bord du Sedna IV aura été anormalement chaud et en l’absence de glace qui leur aurait permis de faire des séjours sur terre, l’équipage a été pratiquement confiné sur le voilier durant quatre mois. Le navire s’est transformé malgré lui en laboratoire humain sur la capacité des individus à s’adapter aux changements climatiques.« C haque jour, on avait dans la face notre empreinte sur la planète, raconte- t-il. On accumulait les déchets sur le pont. Il nous fallait économiser l’eau parce que nos réserves étaient faibles. C’était une école d’adaptation. Le Sedna formait une petite société au coeur de grands changements. »Le Dr Prévost peut également observer les effets des changements climatiques à Inukjuak. Il aperçoit maintenant des espèces d’oiseaux qu’on ne trouvait pas à une telle latitude dans le passé. L’été est plus long, plus chaud, allant parfois jusqu’à 30 °C et les Inuits se baignent régulièrement dans la mer.L’exemple de Sept-ÎlesLe Dr Prévost dit avoir eu le goût d’aller tourner des images à Sept-Îles et d’en faire un film quand il a vu le mouvement de contestation des médecins.« Je crois que de plus en plus, les médecins seront appelés à sortir des hôpitaux, commente-t-il. Un hôpital, c’est par définition un lieu où l’on soigne des malades, mais si on veut travailler en santé, il faut s’impliquer comme les médecins de Sept-Îles. Ça m’a beaucoup touché et interpellé de voir cette mobilisation de médecins ayant un but de santé globale. J’étais fier. Je crois que l’on assiste actuellement à un éveil. »Après ce qu’il a vu dans l’Antarctique et ce qui se déroule sous ses yeux dans le Nord, le Dr François Prévost est-il inquiet pour l’avenir de la planète ?« J’aime beaucoup la phrase d’Hubert Reeves lorsqu’il se décrit comme un optimiste inquiet, répond-il. Mon optimisme, je le trouve dans l’adaptabilité et la coopération humaine. Je trouve que nous en sommes au balbutiement. »

Dr François Prévost - Une petite société sur l’eau au coeur de grands changements

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes