Diabète de type 2: le rôle des tissus adipeux sous la loupe

Les effets secondaires bénéfiques d’une chirurgie bariatrique sur les personnes diabétiques de type 2 (DT2) sont documentés depuis des années. L’opération modifie le métabolisme des tissus adipeux, ce qui provoque en cascade une amélioration rapide de l’hyperglycémie ainsi qu’une réduction des besoins en insuline exogène, entraînant au pire une réduction du diabète, au mieux une rémission pour plus de la moitié des patients. Afin de mieux comprendre le rôle de ces réservoirs à graisse dans la réversibilité du DT2, le Dr André Carpentier, endocrinologue au centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, vient d’obtenir une subvention de près d’un million de dollars. Octroyée par les Instituts de recherche en santé du Canada, elle va lui permettre de poursuivre ses travaux sur le sujet, entamés en 2001, et dont le but est de trouver des avenues thérapeutiques pour cette affection qui touche environ un million de Québécois, selon Diabète Québec. L’étude clinique que l’équipe du Dr Carpentier s’apprête à lancer fait suite à la recherche qu’il a publiée dernièrement dans la revue Nature Communications avec François Boudreau, professeur d’immunologie et de biologie cellulaire à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke. Ensemble, ils ont mis en évidence le rôle joué par l’intestin dans la gestion du poids à travers la production d’une hormone, la GIP. Celle-ci «communique avec les tissus adipeux pour stimuler le stockage des lipides aux bons endroits», indique l’endocrinologue. Chez les personnes en surpoids et/ou atteintes de DT2, la sécrétion de cette hormone est inhibée par la défectuosité d’un récepteur nucléaire appelé HNF4A qui se retrouve dans l’épithélium intestinal. Dès lors, les lipides ne sont plus emmagasinés dans les cellules adipeuses, notamment celles de l’abdomen. «L’absence de GIP modifie le devenir des gras qui s’accumulent ailleurs, ce qui peut contribuer à des problèmes inflammatoires du cœur et du foie», explique le Dr Carpentier. Testez vos connaissances avec notre quiz: Que connaissez-vous des traitements contre le diabète de type 2? Comprendre pour ensuite reproduire Chez les patients qui subissent une chirurgie bariatrique, l’intervention rétablit presque aussitôt la communication hormonale entre l’intestin et les tissus adipeux. «Dix jours après, on constate une sorte de recalibrage des tissus adipeux abdominaux qui stockent 30% plus de gras alimentaires. Des gras qui ne transitent donc plus dans le reste du corps», signale le clinicien dont le but est d’élucider ces mécanismes postopératoires, afin de trouver un traitement qui reproduirait les effets d’une chirurgie bariatrique. Pour ce faire, son équipe de recherche va recourir à des techniques d’imagerie médicale, telles que la tomographie par émission de positrons (TÉP/CT) et l’imagerie par résonance magnétique (IRM). «On va fabriquer des traceurs spéciaux qui vont nous permettre de capter où vont les gras alimentaires dans le corps», explique l’endocrinologue qui veut obtenir des images extrêmement précises de l’activité métabolique des tissus adipeux et des autres organes. «On va pouvoir mesurer comment les gras circulent entre les tissus adipeux et les organes, et comment ces derniers les utilisent», espère-t-il.

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