Deuxième étude du Dr Guy Boivin : comprendre la résistance au Tamiflu et découvrir de nouveaux médicaments pour la contrer

Une bien mauvaise surprise attendait l’an dernier les médecins qui traitent les victimes de la grippe : une résistance au Tamiflu, un antiviral qui représente le principal traitement pour les infections à influenza sévère. Selon le microbiologiste-infectiologue Guy Boivin, du CHUQ, les souches d’influenza résistantes au Tamiflu sont de 15 % au Québec. Au CHUL, il y a eu l’an dernier trois cas bien documentés de patients qui n’avaient jamais pris de Tamiflu et qui ont pourtant développé une grippe avec une souche hautement résistante à ce médicament. En France, les souches d’influenza résistantes au Tamiflu atteignent 40 % et passent à plus de 50 % dans les pays scandinaves. Étrangement, on ne détecte pas de souche résistante au Japon, pays où l’on prescrit beaucoup le Tamiflu. Le Dr Guy Boivin, au centre, et des membres de son équipe de recherches du CHUL à Québec. Le Dr Boivin dit qu’il ne faut pas paniquer, mais il ne cache pas son inquiétude. Il existe seulement trois médicaments approuvés par Santé Canada contre l’influenza. Le fer de lance est le Tamiflu. Le gouvernement canadien en a fait stocker 50 millions de doses. Si le médicament n’est pas aussi efficace qu’on le croyait, les conséquences pourraient être très lourdes en cas de pandémie au pays. Cocktail d’antiviraux Comment expliquer que des individus, n’ayant jamais pris de Tamiflu, ont développé une résistance naturelle au médicament ? Et peut-on contrer cette résistance en mettant au point un cocktail d’antiviraux ? C’est ce que va tenter de savoir l’équipe du Dr Boivin dans une autre étude pour laquelle elle a obtenu une subvention de 511 000 $ sur trois ans de la part des autorités canadiennes. Les chercheurs du CHUQ vont notamment chercher à comprendre, lors de cette étude, les mécanismes de résistance de l’influenza aux antiviraux existants, évaluer de nouveaux traitements et si les souches résistantes sont sensibles à d’autres antiviraux qui sont ou ne sont pas sur le marché. Nouveaux traitements L’une des voies explorées par l’équipe du Dr Boivin est de combiner plusieurs antiviraux entre eux, comme on l’a fait contre le VIH. « De plus, nous combinons les antiviraux avec des immunomodulateurs pour diminuer la réponse immunitaire, explique le Dr Boivin. Il est bon d’avoir une réponse immunitaire pour combattre le virus, mais nous pensons qu’après un certain temps elle devient néfaste et il faut la bloquer. De là, l’idée de combiner des antiviraux avec des agents immunomodulateurs afin de diminuer la réponse immunitaire, qui serait disproportionnée. Certains patients se noient dans leurs secrétions et leurs poumons sont remplis d’eau. » Le Dr Boivin se demande s’il ne serait pas préférable de traiter d’emblée les individus qui ont une grippe par deux antiviraux, en espérant que la résistance se développera moins rapidement, ou par un antiviral avec une molécule immunomodulatrice pour diminuer la réponse immunitaire ou inflammatoire. C’est une question capitale à laquelle ses chercheurs tenteront de trouver une réponse au cours des trois prochaines années.

Deuxième étude du Dr Guy Boivin : comprendre la résistance au Tamiflu et découvrir de nouveaux médicaments pour la contrer

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