Des tonnes et des tonnes de déchets triées à même l’hôpital

Des déchets, les différentes unités et services de l’Hôpital Honoré-Mercier, à Sainte-Hyacinthe, en produisent des quantités pharaoniques. Chaque semaine, environ deux tonnes de carton, une tonne de papier et 150 kilos de plastiques divers et variés finissent dans les poubelles de l’établissement. Jusqu’en mars 2022, ces détritus étaient confiés à un prestataire de la région qui s’occupait de les trier avant de les expédier à des recycleurs. Depuis, ces opérations ont été internalisées en collaboration avec l’organisme communautaire Espace Carrière. Les déchets de l’hôpital atterrissent désormais dans un local de 1500 pieds carrés, situé au sous-sol, non loin du quai de transport, où un petit centre de tri des matières recyclables a été aménagé. «Tous les documents papier produits à l’interne, qu’ils soient confidentiels ou pas, sont déchiquetés avant d’être mis en ballots. Les cartons souples et rigides sont triés afin d’être conditionnés séparément. On s’occupe aussi des métaux réguliers et précieux. Quant aux plastiques hospitaliers [emballages de matériel stérile, tubes d’appareils respiratoires, etc.], ils sont prétriés dans les étages, mais en bas, on fait un tri plus précis pour enlever les matières non conformes comme les plastiques numéro 6 et 7», détaille Alain Lamarche, coordonnateur des services hygiène, salubrité et lingerie du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME), auquel est rattaché l’établissement. Ces opérations sont effectuées quotidiennement par quatre personnes adressées par Espace Carrière, un organisme à but non lucratif qui accompagne les gens dans leurs projets d’emploi ou de formation. «Il s’agit de jeunes de moins de 35 ans qui ont des parcours différents et sont en phase de réinsertion professionnelle», indique la cheffe des différents programmes en santé mentale du CISSSME, Geneviève Frégeau. Le centre de tri devient un lieu de socialisation où ils prennent confiance en eux, adoptent de bonnes habitudes de vie, comme se lever le matin par exemple, souligne la gestionnaire. «Ils côtoient nos travailleurs et sont partie prenante du service. Ça les valorise», ajoute Alain Lamarche. Depuis mars dernier, plus de 40 personnes sont venues trier des déchets à l’hôpital. «Nous sommes heureux de constater d’ores et déjà d’excellentes retombées sur les participants, se félicite la directrice générale d’Espace Carrière, Chantal Morasse. Ce nouveau plateau de travail représente une opportunité pour les personnes que nous accompagnons de développer de nombreuses compétences clés pour leur insertion sur le marché du travail.» Bientôt, une autre clientèle pourrait se joindre à ces jeunes. «On a le projet de permettre à des personnes ayant des problématiques de santé mentale, qui sont hospitalisées ou accompagnées par nos services à l’externe, de participer au centre de tri», informe Geneviève Frégeau. La finalité ne serait cependant pas leur employabilité. «On va plutôt travailler sur leurs habilités, développer leurs compétences individuelles, améliorer leur hygiène de vie. On a fait quelques essais, mais notre défi reste le recrutement, car le centre de tri doit rester fonctionnel.» Moins de pollution, plus d’argent pour des actions vertes Le centre de tri de l’Hôpital Honoré-Mercier est le troisième du genre ouvert par le CISSS de la Montérégie-Est, après ceux des hôpitaux Pierre-Boucher, à Longueuil, en 2014, et de l’Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy, en 2019. Entre 2018 et 2020, 729 tonnes de papier déchiqueté, de carton et de plastiques hospitaliers ont été récupérées dans ces deux établissements. «Nous avons ainsi évité l’émission de 1 210 332 kilos de gaz à effet de serre, ce qui correspond à 5 846 753 kilomètres parcourus par une berline qui consomme 9 litres d’essence aux 100 km», mentionne le dernier rapport d’activités de santé environnementale et de développement durable du CISSSME. Cerise sur le sundae, ces centres de tri génèrent des économies substantielles. Autrefois, le CISSSME payait pour envoyer ses matières recyclables dans des centres de tri. Maintenant, il tire des revenus de ses déchets triés. «Nos ballots de papier sont très prisés par les recycleurs, car ils sont purs», signale Alain Lamarche. Les cartons sont également revendus au prix du marché, qui sont «actuellement très bas, alors les redevances sont quasi nulles». S’agissant des plastiques, «on les sort à coût nul, mais au moins, ils sont recyclés tandis qu’avant, ils nous coûtaient de l’argent pour les faire enfouir», précise-t-il en estimant que 165 tonnes de papier et carton pourront être recyclées annuellement, de même qu’environ 8 tonnes de plastiques. Les revenus générés de cette façon par les centres de tri sont ensuite reversés dans le fonds vert du CISSSME et servent à financer les initiatives du comité Environnement en santé! de l’établissement. Une bonne manière de boucler la boucle, observe Pascale Roy, la directrice adjointe des services techniques qui supervise le comité. Au-delà de l’aspect financier, la gestionnaire met de l’avant les retombées positives de cette «saine gestion de nos matières résiduelles» auprès des salariés. «Ça suscite chez eux une grande fierté et ça nous aide à recruter, car l’environnement est une valeur d’intérêt pour les jeunes», explique-t-elle, convaincue que les volumes de déchets traités par le centre de tri de l’Hôpital Honoré-Mercier vont augmenter. «Lors de son inauguration officielle en décembre, les employés ont réalisé qu’on triait nos déchets sur place. On espère que ça aura un effet multiplicateur.»

Des tonnes et des tonnes de déchets triées à même l’hôpital

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