Des séjours hospitaliers réduits à l'Institut de cardiologie de Montréal

Implanté en 2019 à l’ICM, le programme ERACS (Enhanced Recovery After Cardiac Surgery) a fait ses preuves l’an dernier, ce qui a rappelé son importance dans un contexte de congestion hospitalière. En 2021, 200 patients, soit 20 à 25% de la clientèle de l’ICM, ont pu quitter de 3 à 4 jours après leur arrivée à l’hôpital pour subir cette chirurgie cardiaque, alors qu’en moyenne la durée des hospitalisations pour ce type d’opération au Québec est d’environ 6 jours. «Au moment où les ressources sont extrêmement limitées et que la liste d’attente en chirurgie cardiaque atteint des niveaux sans précédent, c’est une avancée majeure», affirme le Dr Yoan Lamarche, chirurgien cardiaque, intensiviste et chef médical des soins intensifs à l’ICM. Selon lui, les patients quittent l’établissement de santé en confiance et peu d'entre eux reviennent dans les jours suivants. Parmi les 400 patients ayant eu un congé précoce, 6% ont été réadmis à l’hôpital dans les 30 jours suivant la chirurgie cardiaque. En comparaison, la moyenne nationale est plus élevée: 10% des patients sont réhospitalisés en dedans d’un mois. Miser sur la mobilité et l'alimentation L’ICM réussit à avoir ses résultats en agissant principalement sur deux fronts: la mobilité du patient et son alimentation. D’abord, dès les premières heures suivant la chirurgie, les patients sont encouragés à s’asseoir sur le bord du lit, puis dans un fauteuil si leur état le permet. Le lendemain de leur chirurgie, la moitié des patients peut être transférée à l’unité de chirurgie, souligne l’infirmière-cheffe, Amélie Brasiola. «Les meilleures pratiques visent à favoriser la mobilisation du patient postopératoire le plus rapidement possible selon la tolérance du patient», indique-t-elle. De plus, la mobilité des patients est favorisée même avant leur chirurgie cardiaque. En effet, plutôt que de se rendre en civière jusqu’à la table d’opération comme c’était le cas auparavant, le patient qui en a la capacité peut s’y rendre en marchant. L’équipe interdisciplinaire encourage ainsi la mobilité des patients de la période préopératoire jusqu’à son départ de l’hôpital. Ensuite, l’hôpital permet aux patients de boire une boisson sucrée jusqu’à 1 à 2 heures avant la chirurgie afin d’éviter la faim et la soif. «Historiquement, les patients devaient être à jeun jusqu’à 8 heures avant la chirurgie. Mais nous avons libéralisé le jeûne avant la chirurgie, affirme le Dr Nicolas Rousseau-Saine, anesthésiste. Nous donnons à tous les patients qui vont subir une chirurgie cardiaque, un liquide sucré qui leur permet d’être plus hydratés pour la chirurgie, d’avoir moins de problèmes avec la gestion de leur glycémie pendant l’opération et d’avoir moins de nausée après l’opération.» Selon l’ICM, agir sur la mobilité du patient et son alimentation, permet d’optimiser le rétablissement des patients, tant physiquement que psychologiquement. Autre élément qui permet de réduire le temps d’hospitalisation: le patient arrive la journée même de la chirurgie plutôt que la veille. «Nous sauvons des heures d’hospitalisation qui n’étaient pas nécessaires pour le patient. L’objectif est de donner le bon lit au bon patient et au bon moment», observe Amélie Brasiola. Une délégation française en visite Des hôpitaux du Québec ont déjà implanté l’une ou l’autre de ces mesures, mais en ayant souvent des résultats mitigés. «Nous sommes l’une des institutions qui a pu rendre les bénéfices mesurables. Nous avons eu ces résultats grâce à la vision de l’ICM et à l’apport de notre équipe interdisciplinaire», indique le Dr Yoan Lamarche. Cette équipe est notamment composée d’anesthésiste, nutritionniste, physiothérapeute, infirmière et préposé aux bénéficiaires. Le succès est tel qu’une délégation française du Centre hospitalier universitaire de Bordeaux s’est rendue à l’ICM les 24 et 25 octobre pour venir chercher l’expertise de l’Institut dans l’implantation du programme ERACS. Les résultats de l’Institut de cardiologie de Montréal pourraient inspirer des établissements de santé au Québec qui sont nombreux à vouloir adopter le programme ERACS. Notons que ce programme s’est d’abord développé pour la chirurgie générale pour ensuite s'implanter en chirurgie gynécologique, thoracique puis chirurgicale aux États-Unis et au Canada.

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