Des problèmes pulmonaires auraient été sous-diagnostiqués chez des hommes noirs en raison d’un biais dans un logiciel de test

Selon une étude publiée la semaine dernière, des biais raciaux intégrés dans un test médical courant de la fonction pulmonaire ont probablement eu pour conséquence que des patients noirs n’ont pas reçu de soins pour des problèmes respiratoires. Quelque 40% de patients masculins noirs supplémentaires auraient pu être diagnostiqués avec des problèmes respiratoires si le logiciel actuel d’aide au diagnostic était modifié, montre cette nouvelle recherche. Les médecins débattent depuis longtemps des problèmes potentiels causés par les hypothèses fondées sur la race qui sont intégrées dans les logiciels de diagnostic. Cette étude, publiée par le journal médical JAMA Network Open, offre l’un des premiers exemples concrets de la manière dont ce problème peut affecter le diagnostic et les soins des patients atteints de maladies pulmonaires, signale le Dr Darshali Vyas, médecin spécialiste des soins pulmonaires au Massachusetts General Hospital. La publication de ces résultats est «excitante», mais c’est aussi «ce à quoi nous nous attendions» en mettant de côté les calculs fondés sur la race, observe le Dr Vyas, qui a été l’un des auteurs d’un article influent paru en 2020 dans le New England Journal of Medicine, qui répertoriait des exemples de la manière dont les hypothèses fondées sur la race sont utilisées dans les décisions des médecins concernant les soins aux patients. À lire aussi: Une étude révèle un grave manque de recherche sur le cancer dans les communautés noires au Canada Pendant des siècles, certains médecins et d’autres personnes ont cru qu’il existait des différences raciales naturelles en matière de santé, notamment que les poumons des Noirs étaient intrinsèquement moins efficaces que ceux des Blancs. Cette hypothèse s’est retrouvée dans les lignes directrices et les algorithmes modernes d’évaluation des risques et de prise de décision concernant les soins à dispenser. Les résultats de ces tests ont ainsi été ajustés pour tenir compte de la race ou de l’origine ethnique du patient, ou pour les «corriger». Au-delà de la fonction pulmonaire, un système de notation des risques d’insuffisance cardiaque permet de classer les patients noirs comme étant moins à risque et donc moins susceptibles d’être orientés vers des soins spécifiques. Une équation utilisée pour évaluer la fonction rénale, qui estime que celle-ci est plus élevée chez les patients noirs, constitue une autre illustration de cette tendance. La nouvelle étude s’est concentrée sur un test visant à déterminer le volume et la vitesse d’inspiration et d’expiration d’une personne. Ce test est souvent effectué à l’aide d’un spiromètre, un appareil muni d’un embout buccal relié à une petite machine. Lire aussi: Une étude suggère que des médecins albertains sont biaisés envers les Autochtones Après le test, les médecins obtiennent un rapport produit à l’aide d’un logiciel qui évalue la capacité respiratoire du patient. Ce compte-rendu indique si le patient présente des restrictions et s’il a besoin de tests ou de soins supplémentaires pour des affections telles que l’asthme, les troubles pulmonaires obstructifs chroniques ou les cicatrices pulmonaires dues à l’exposition à des polluants atmosphériques. Les algorithmes qui tiennent compte de la race augmentent le seuil de diagnostic d’un problème chez les patients noirs et peuvent les rendre moins susceptibles de recevoir certains médicaments ou d’être orientés vers des procédures médicales ou même des greffes de poumons, indique le Dr Vyas. Bien que les médecins examinent également les symptômes, les examens de laboratoire, les radiographies et les antécédents familiaux de problèmes respiratoires, les tests de la fonction pulmonaire peuvent constituer un élément important du diagnostic, «en particulier lorsque les patients sont à la limite», souligne le Dr Albert Rizzo, médecin en chef de l’American Lung Association. 400 cas d’obstruction ou de déficience pulmonaire en plus La nouvelle étude a porté sur plus de 2700 hommes noirs et 5700 hommes blancs testés par des médecins du centre de santé de l’Université de Pennsylvanie entre 2010 et 2020. Les chercheurs ont examiné les mesures de la spirométrie et du volume pulmonaire, puis ils ont évalué combien d’entre eux étaient considérés souffrant de troubles respiratoires selon l’algorithme basé sur la race par rapport à un nouvel algorithme. Les chercheurs ont conclu qu’il y aurait près de 400 cas supplémentaires d’obstruction ou de déficience pulmonaire chez les hommes noirs avec le nouvel algorithme. Lire aussi: Un projet inédit pour reconnaître le racisme médical et y mettre fin Au début de l’année, l’American Thoracic Society, qui représente les pneumologues états-uniens, a publié une déclaration recommandant le remplacement des correctifs fondés sur la race. Mais l’organisation a également lancé un appel à la poursuite des recherches, notamment sur la meilleure façon de modifier les logiciels et pour savoir si un changement pourrait entraîner un surdiagnostic des problèmes pulmonaires chez certains patients. Le Dr Vyas note que d’autres algorithmes ont déjà été modifiés afin d’abandonner les hypothèses fondées sur la race, notamment un algorithme destiné aux femmes enceintes qui prédit les risques d’accouchement par voie basse si la mère a déjà subi une césarienne. La modification de l’algorithme de test pulmonaire pourrait prendre plus de temps, selon le médecin, surtout si les hôpitaux utilisent des versions différentes des procédures et des logiciels d’ajustement en fonction de la race.

Des problèmes pulmonaires auraient été sous-diagnostiqués chez des hommes noirs en raison d’un biais dans un logiciel de test

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