Sondage Léger: 38% des Québécois ont déjà fait appel au privé

L’accès aux soins et aux services de santé préoccupe toujours les Québécois. Voilà ce qui ressort d'un sondage1 commandé par une nouvelle association de patients, l’Alliance des patients pour la santé (APS).L'APS dit représenter les patients et leurs proches aidants et vouloir exercer une vigie continue sur certains enjeux, comme les contraintes d'accès aux soins.Selon ce sondage, une personne sur deux indique avoir déjà renoncé à des soins en raison du délai pour obtenir un rendez-vous.Une personne sur deux affirme aussi s’être déjà présentée à l'urgence, faute de pouvoir consulter un professionnel de la santé dans des conditions raisonnables de délai ou de coût.En outre, au cours des deux dernières années, 38 % des patients disent être déjà allés au privé pour recevoir des soins, que ce soit pour éviter de trop attendre, obtenir des soins de meilleure qualité ou aller moins loin de chez eux.D'ailleurs, 34 % des répondants ont été dirigés vers un service privé par un médecin ou un organisme du réseau public (4% souvent, 16% parfois et 14 % rarement).Une situation qui fait dire à Jérôme Di Giovanni2, président de l'APS, et Michel Roy, secrétaire, qu’il est temps que les patients accroissent leur rôle quant aux «orientations, décisions et accès aux services de santé».L’Alliance des patients pour la santé a été fondée dans le but de rassembler différentes associations de patients et leur donner ainsi une voix «encore plus forte».«Le système de santé devrait être en mesure de soigner et d’offrir des services de qualité dans un délai qui convient à l’état de santé des patients», affirment les deux hommes, qui s’insurgent aussi du fait que les patients «doivent débourser un montant pour avoir l’impression d’être soignés convenablement».Selon le président et le secrétaire de l’association, l’accès aux médicaments pose aussi problème. En effet, 23 % des patients interrogés disent avoir déjà eu de la difficulté à obtenir un médicament prescrit, car il n’était pas remboursé par la RAMQ. Et un patient sur cinq a déjà dû renoncer à prendre un médicament à cause de son coût.La substitution Atteint d’hypercholestérolémie et militant pour l’accès aux médicaments, M. Roy a amené l'APS à reprendre son cheval de bataille. «Comme patients, nous devrions tous avoir les mêmes chances de nous procurer le meilleur médicament possible», affirme-t-il.Il reste que 83 % des personnes interrogées estiment avoir reçu les meilleurs traitements disponibles. Ce qui n’empêche pas 7 % des personnes interrogées d’avoir déjà subi une détérioration de leur état de santé à la suite d’une substitution par un autre médicament, et ce, dans une plus large proportion chez ceux ayant déjà reçu une prescription sur laquelle il était spécifié de «ne pas substituer».Dans la partie du sondage consacrée aux médicaments, on a aussi posé une étrange question: «Prochainement, les pharmaciens pourront remplacer un médicament d’origine par un autre médicament moins cher, de la même classe, mais non "biosimilaire". Il ne s’agit pas d'une version générique, car les deux médicaments n'ont pas nécessairement la même composition chimique. C’est ce qu’on appelle la "substitution thérapeutique". Quel est votre niveau d'accord ou de désaccord avec cette pratique?»Outre la formulation de la question, on peut se demander d’où sort l’affirmation selon laquelle les pharmaciens pourront remplacer un médicament par un autre «non bio similaire». La substitution thérapeutique ne sera en effet autorisée dans le cadre de la loi 41 qu’en cas de rupture de stock (voir encadré).En s'appuyant sur les réponses à cette question, l’APS affirme que «les patients sont préoccupés par la substitution thérapeutique des médicaments, cette dernière étant mal accueillie par une majorité».Le sondage montre malgré tout que les patients sont globalement satisfaits des soins reçus, notamment ceux qui ont un médecin de famille. De plus, les personnes interrogées estiment que leurs droits sont généralement respectés.Toutefois, 67 % des répondants trouvent que le point de vue des patients est peu ou pas du tout pris en compte dans les décisions politiques.Selon l’APS, trop peu de patients savent par ailleurs faire reconnaître leurs droits en santé. De plus, alors qu’il existe de nombreuses associations de patients, les personnes y ont peu recours, et ce, «notamment parce que peu de médecins et d’intervenants les y référent».Une quinzaine d’associations sont membres de l’Alliance des patients pour la santé.La substitution selon l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires La Loi 41 autorisera sous peu le pharmacien à substituer un médicament de même classe et de posologie comparable à un produit non disponible.La substitution est déjà permise dans la situation exclusive où un générique existe à moindre coût. Le nouveau règlement élargit donc la portée de l’acte actuel de substitution et les responsabilités professionnelles qui y sont associées.Le médicament de substitution devra cependant avoir un effet thérapeutique semblable au médicament initial et le pharmacien devra s’assurer, avant de procéder à la substitution, de ne pas pouvoir se procurer le produit initialement prescrit auprès de deux autres pharmacies de la région du patient et auprès de deux grossistes reconnus par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Il devra également documenter et consigner les renseignements visant à justifier sa demande de substitution.Cette tâche de vérification, à laquelle s’additionnent l’obligation de suivi avec le patient et son médecin, l’analyse de son dossier, la rédaction de l’ordonnance et l’obtention du consentement du patient, est effectuée principalement par le pharmacien.Source: MonPharmacien.ca1. Sondage réalisé du 19 au 29 septembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1501 patients québécois de 18 ans ou plus, ayant été soignés, ayant eu un suivi médical ou ayant pris des médicaments pour une maladie ou un problème de santé au cours des deux dernières années.2. M. Di Giovanni est également directeur général de l'Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux

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