Des organismes demandent à Ottawa d'intervenir pour contrer les préjudices en ligne

Les dangers auxquels les enfants sont confrontés en ligne constituent une urgence nationale, a déclaré jeudi une coalition de défenseurs des droits des enfants et d'organisations médicales, qui a appelé le gouvernement fédéral à prendre des mesures.«Contrairement à tous les autres secteurs qui touchent les enfants, de l'automobile aux produits pharmaceutiques en passant par les jouets et la sécurité alimentaire, l'industrie technologique a pu s'autoréguler, avec des conséquences tragiques», a déploré Andrea Chrysanthou, présidente du conseil d'administration de l'organisme Les enfants d'abord, jeudi, lors d'une conférence de presse sur la colline du Parlement.À lire aussi: De plus en plus de jeunes consommeraient des opioïdesSelon les défenseurs des droits de l'enfant, les enfants sont exploités, victimes d'extorsion et d'intimidation. Dans certains cas, des enfants sont même décédés des suites de préjudices subis en ligne.La docteure Margot Burnell, présidente de l'Association médicale canadienne, a déclaré que les médecins constatent directement les effets néfastes des médias sociaux sur la santé.«De plus en plus, les préjudices en ligne contribuent à une crise de santé publique chez les jeunes, avec des conséquences dévastatrices sur leur santé mentale, leur estime de soi et même leur sécurité physique», a-t-elle affirmé.Ces derniers mois, la disponibilité croissante des dialogueurs basés sur l'intelligence artificielle a suscité de nouvelles inquiétudes quant à leur effet sur les enfants, notamment dans des cas de suicide. Sara Austin, PDG de Les enfants d'abord Canada, a déclaré jeudi qu'il y avait eu une «escalade rapide des préjudices liés à l'IA en particulier».La coalition a appelé le gouvernement à réintroduire le projet de loi sur les préjudices en ligne qui avait été présenté par le gouvernement de l'ancien premier ministre Justin Trudeau, mais qui n'est jamais devenu loi.La loi sur les préjudices en ligne aurait obligé les entreprises de médias sociaux à expliquer comment elles comptent réduire les risques que leurs plateformes font courir aux utilisateurs et leur aurait imposé l'obligation de protéger les enfants.Elle aurait également imposé une disposition de retrait dans les 24 heures pour les contenus qui victimisent sexuellement un enfant ou revictimisent un survivant, ou pour les contenus intimes partagés sans consentement, y compris les hypertrucages.Les libéraux ont indiqué qu'ils ne présenteraient pas le projet de loi sous la même forme, mais qu'ils aborderaient plutôt la question des préjudices en ligne dans le cadre d'autres lois.Le ministre de la Justice, Sean Fraser, a déclaré aux journalistes début novembre que certains éléments de ce projet de loi seront repris dans d'autres textes législatifs, mais qu'il ne s'attend pas à ce qu'il soit copié-collé sous une forme substantiellement identique.À lire aussi: Suicide chez les jeunes: certains signaux plus difficiles à détecter pour les parentsIl a souligné que le ministre de l’Identité et de la Culture canadiennes, Steven Guilbeault, et le ministre de l'Intelligence artificielle et de l’Innovation numérique, Evan Solomon, joueront également un rôle dans ce dossier.M. Solomon a déclaré fin octobre que son prochain projet de loi sur la protection de la vie privée pourrait inclure des restrictions d'âge pour l'accès aux dialogueurs d'IA afin de protéger les enfants. Un porte-parole de M. Solomon a précisé jeudi que le projet de loi serait présenté début décembre.Un porte-parole de M. Fraser a affirmé dans une déclaration envoyée par courriel que le gouvernement allait présenter un projet de loi qui comprendra des mesures «visant à protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle et l'extorsion en ligne» et à renforcer les lois sur le leurre d'enfants.«C'est une priorité pour nous, et le travail se poursuit alors que nous continuons les consultations pour trouver la bonne solution.»Les défenseurs de cette cause estiment que les choses ont déjà pris trop de temps.Le précédent gouvernement libéral avait promis de déposer une loi sur les préjudices en ligne lors des élections de 2021.«À l'époque, je n'avais que huit ans et ils avaient dit que ce serait fait dans les 100 premiers jours», a souligné Zachary Fathally, conseiller jeunesse de l'organisme Les enfants d'abord Canada.«J'ai maintenant 12 ans et plus de 1460 jours se sont écoulés. C'est un tiers de mon enfance et nous attendons toujours.»Mme Austin a affirmé que le gouvernement ne devrait pas adopter une approche fragmentée.«Nous ne pouvons pas nous contenter de traiter certains aspects isolés. Nous avons besoin d'une législation complète qui traite de tous les dangers numériques auxquels nos enfants sont exposés chaque jour», a-t-elle argué.

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