Des lignes directrices sur l’évaluation clinique de l’autisme pour accélérer l’accès aux services spécialisés

Les médecins de famille et les psychologues auront dorénavant des lignes directrices communes pour mieux guider leur démarche clinique lorsqu’ils suspecteront la présence d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) chez un enfant ou un adolescent. Ces lignes directrices pour l’évaluation clinique du TSA sont le fruit du travail d’un comité paritaire du Collège des médecins du Québec et de l’Ordre des psychologues du Québec*.Lors du lancement officiel de ce document, les présidents des deux ordres professionnels ont tenu à souligner l’importance de mettre l’accent sur le dépistage précoce et sur l’approche multidisciplinaire dans la prise en charge d’un TSA afin de mieux soutenir les familles et les enfants.Des signes à surveillerL’idée derrière l’élaboration de ces lignes directrices est d’amorcer le plus tôt possible le processus d’évaluation clinique chez les enfants qui ont des comportements particuliers ou qui se développent de façon atypique, avance la Dre Pauline Gref, pédiatre et coordonnatrice, pour le Collège des médecins du Québec, du comité d’élaboration des lignes directrices TSA.En fait, ce document d’une quarantaine de pages aidera à mieux outiller tous les cliniciens – médecins et psychologues – à reconnaître et à comprendre les différentes manifestations d’un TSA, qui peuvent varier selon le développement et l’âge de l’enfant.« La porte d’entrée du dépistage de l’autisme se fait souvent par le suivi pédiatrique chez le pédiatre ou le médecin de famille. D’où l’importance de bien outiller ce dépistage précoce. Du côté des psychologues, ce dernier peut avoir lieu un peu plus tard à l’école, pour des enfants ayant des symptômes vraiment mineurs pouvant passer inaperçus dans la petite enfance, sauf pour un trouble du langage en bas âge ou des troubles du comportement particuliers », explique la Dre Gref.Des professionnels et des intervenants travaillant en petite enfance, par exemple dans les CLSC, sont également plus susceptibles de repérer ce type de situations, note Pierre Desjardins, psychologue et coordonnateur de ce comité pour l’Ordre des psychologues du Québec.Processus d’évaluationAu lieu de limiter son intervention à rassurer les parents inquiets des comportements de leur enfant, le médecin devrait davantage tenir compte de leurs inquiétudes et orienter sa démarche clinique vers la reconnaissance des signes de TSA.Les premières étapes de ce processus d’évaluation consistent entre autres à obtenir les éléments d’anamnèse en ce qui concerne l’histoire familiale, obstétricale et périnatale, lors de la rencontre avec les parents, à évaluer les étapes du développement de l’enfant et à faire un premier travail d’observation en la présence de celui-ci.Les conclusions cliniques provisoires sur la présence d’un TSA, qui s’appuient sur cette démarche d’évaluation rigoureuse et structurée, devraient alors permettre d’accélérer l’accès à des services spécialisés auxquels l’enfant a droit. « Ce qui n’enlève rien au diagnostic multiaxial, précise la Dre Gref. Un diagnostic médical ou une conclusion clinique provisoire n’est pas la finalité, mais il ouvre la porte à des services, sans qu’il soit nécessaire d’attendre que la démarche évaluative confiée à une équipe d’experts soit terminée. »Toutefois, il ne s’agit pas ici d’offrir toute une panoplie de services, mais de pousser plus loin le processus d’évaluation en allant chercher l’expertise d’un psychologue, d’un orthophoniste ou d’autres professionnels de la santé qui interviennent auprès de ces enfants, ajoute le psychologue Pierre Desjardins.« Le médecin de famille pourrait déjà enclencher les tests auditifs et visuels, et s’informer auprès du CLSC sur les services disponibles pour répondre aux besoins de l’enfant », donne en exemple la Dre Gref.Approche interdisciplinairePour les deux coordonnateurs du comité de travail, il importe d’aller chercher les ressources compétentes disponibles sur le terrain pour mieux soutenir la famille et l’enfant, au lieu d’orienter directement cette clientèle vers les équipes ultraspécialisées dans les centres tertiaires.Un médecin, un psychologue et un orthophoniste qui travaillent chacun dans leur clinique peuvent aussi constituer une équipe multidisciplinaire virtuelle compétente pour procéder à l’évaluation clinique des TSA, poursuit Pierre Desjardins. « À la limite, il devient même superficiel de poser ce diagnostic ou d’axer ces conclusions provisoires pour confirmer qu’effectivement l’enfant a besoin de services, dit la Dre Gref. En fait, on part de loin. J’ai trop de fois constaté, dans ma pratique pédiatrique, que les services se présentaient une fois qu’un diagnostic multiaxial était posé par les équipes tertiaires. »Les deux pilotes du comité d’élaboration des lignes directrices TSA espèrent que ce document facilitera le travail de collaboration et de partage d’information entre les deux professions.* Collège des médecins du Québec et Ordre des psychologues du Québec. Lignes directrices : les troubles du spectre de l’autisme : l’évaluation clinique. Janvier 2012. www.cmq.org/fr/MedecinsMembres/Profil/Commun/Nouvelles/2012/2012-02-23.aspx

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