Des efforts à faire pour une meilleure maîtrise des maladies inflammatoires de l’intestin

Un peu plus de 320 000 Canadiens vivent avec une maladie inflammatoire de l’intestin (MII), dont les deux formes principales sont la maladie de Crohn (MC) et la colite ulcéreuse (CU). Une étude menée dans 10 centres au pays suggère que pour la moitié de ces patients environ, la maladie n’est pas contrôlée de manière optimale, entraînant des répercussions sur leur qualité de vie. «Malgré la disponibilité croissante d’options thérapeutiques pour les patients atteints de MII, les objectifs thérapeutiques ne sont pas toujours atteints, ce qui peut augmenter le risque de complications futures et entraîner des souffrances inutiles pour les patients», observent les chercheurs dans leur article publié dans la revue Digestive Diseases and Sciences. «Il est donc important de surveiller fréquemment les patients atteints de MII pour s’assurer que les objectifs thérapeutiques sont atteints et que les thérapies sont ajustées si nécessaire», soulignent les auteurs en ajoutant que leurs résultats «suggèrent qu’il est nécessaire de mieux comprendre les facilitateurs et les obstacles à la mise en œuvre des stratégies STRIDE-II de traitement ciblé (des MII) dans la pratique canadienne».Les lignes directrices du programme STRIDE-II (pour «Selecting Therapeutic TaRgets in Inflammatory Bowel DiseasE II») ont été publiées en 2021 par l’International Organization for the Study of IBD. Elles guident les cliniciens afin qu’ils puissent aider leurs patients à atteindre leurs objectifs de traitement à court, moyen et long termes. Ceux-ci vont de la réduction ou l’élimination des symptômes à la rémission clinique, l’absence d’incapacité et la restauration de la qualité de vie, en passant par la normalisation de la protéine C-réactive (PCR), la réduction de la calprotectine fécale (CF) ou le rétablissement de la courbe de croissance chez l’enfant.L’étude en question visait à évaluer l’application des recommandations de ce programme et, par là même, si les patients atteints de MII parviennent à obtenir une maîtrise de la maladie. Pour ce faire, 163 patients (87 atteints de MC et 76 de CU) ont été sélectionnés d’un océan à l’autre. Aucun n’était hospitalisé. Les patients atteints de MC (44,8% de femmes) étaient âgés de 32,9 ans au moment du diagnostic tandis que ceux souffrant de CU (55,3% de femmes) étaient âgés de 34,2 ans, avec des durées médianes de maladie de 10,0 et 10,5 ans, respectivement.Les patients, ainsi que leur médecin traitant, devaient répondre à une série de critères - fréquence des selles, récurrence de la douleur abdominale, absence d’amélioration cliniquement significative, échec de la rémission clinique ou de la rémission endoscopique, utilisation excessive de corticostéroïdes, etc. - qui constituaient des signaux d’alerte du non-respect des indicateurs de maîtrise de la maladie telle que celle-ci est définie par le programme STRIDE-II.Au final, les proportions de patients présentant des signaux d’alerte indiquant un contrôle sous-optimal de la maladie étaient de 51,7% pour la maladie de Crohn (45/87; intervalle de confiance à 95% [IC], 40,8% à 62,6%) pour la MC et de 43,4% pour la colite ulcéreuse (33/7; [IC] 32,1% à 55,3%). La majorité de ces patients ont été identifiés en fonction des signaux d’alerte à long terme, notamment l’altération de la qualité de vie.Tendance à la surestimationLes résultats montrent également que les patients comme les cliniciens ont tendance à surestimer la maîtrise de la maladie. «Seuls 15,0% des patients atteints de MC et 18,6% des patients atteints de CU se sont identifiés comme ayant un contrôle sous-optimal de la maladie. Selon les déclarations des cliniciens, 19,5% des patients atteints de MC et 25,0% des patients atteints de CU présentaient un contrôle sous-optimal de la maladie», peut-on ainsi lire dans l’article.«Il existe un décalage entre la perception des patients et des médecins concernant la maîtrise de la maladie et ce que montrent les mesures objectives. En réalité, environ la moitié des gens ne vont pas aussi bien qu’ils le pourraient», commente l’auteur principal de l’étude, le Dr Jesse Siffledeen. «En informant les médecins de ces résultats et en encourageant l’application des recommandations fournies dans les lignes directrices du programme STRIDE-II, on pourrait transformer la prise en charge des MII», souligne dans un communiqué le gastroentérologue, professeur agrégé de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de l’Alberta.Cette étude canadienne fait partie d’une étude plus large, dénommée IBD-PODCAST («Proportion Of inadequate Disease Control And Strategy of Treatment in IBD») et soutenue par le laboratoire AbbVie. Celle-ci a porté sur 2185 patients (1108 atteints de la maladie de Crohn et 1077 atteints de colite ulcéreuse) provenant de dix pays: l’Autriche, la Belgique, le Canada, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Turquie et le Royaume-Uni. Les résultats canadiens concordent avec ceux observés dans tous les pays concernés.

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