Des dossiers à surveiller en 2017

L’année 2017 s’annonce bien chargée pour les médecins et les pharmaciens québécois. Il y aura les négociations entre le gouvernement et les médecins pour renouveler leurs ententes de rémunération. Québec devra aussi trouver une solution au litige qui l’oppose depuis plus d’un an aux pharmaciens propriétaires.Sur le plan de l’organisation des soins de première ligne, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, continuera d’avoir à l’œil l’inscription de nouveaux patients par les médecins de famille ainsi que leur assiduité. Le ministre vise un taux d’inscription des patients québécois de 85 % et un taux d’assiduité de 80 % au 31 décembre 2017.Il faudra voir l’évolution à l’Assemblée nationale du Québec du projet de loi 130, qui vise notamment à modifier les règles permettant l’octroi de privilèges aux médecins dans les établissements de santé et de services sociaux. Parvenir à une entente sur les transferts fédéraux en matière de santé est un autre dossier qui occupera passablement Gaétan Barrette en début d’année.Dans ce premier numéro de Profession Santé pour 2017, deux sujets retiennent notre attention : les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et la crise des opioïdes.En novembre 2016, à la clôture d’un premier forum public sur les CHSLD, Gaétan Barrette a pris une série d’engagements visant à améliorer les pratiques au sein de ces centres, où résident 37 000 personnes. Depuis plusieurs années déjà, les conditions de vie des résidants des CHSLD font régulièrement les manchettes. Bien entendu, certaines situations doivent être dénoncées avec force, mais le portrait peint dans les médias est si sombre qu’il peut donner une perception erronée de ce milieu de vie et de la qualité des soins qui y sont prodigués, comme le souligne en page 8 la Dre Nathalie Champoux, médecin de famille à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM).Conscient de ce problème de perception, le ministre s’est engagé à hausser la qualité et à diversifier les repas servis en CHSLD. Gaétan Barrette s’est aussi engagé à ajouter 1150 travailleurs dans les centres de soins de longue durée. L’élaboration d’une stratégie sur les CHSLD est un troisième engagement prometteur du ministre, pour autant que l’exercice soit exhaustif et rigoureux. Il faut qu’il en ressorte les outils nécessaires pour permettre aux CHSLD de faire face à l’immense défi du vieillissement de la population, qui fera doubler le nombre de leurs résidants d’ici 2030.Un rapport de la coroner Mélanie Laberge, publié durant la même période que la tenue du Forum sur les meilleures pratiques en CHSLD, est venu confirmer les effets désastreux que le manque de ressources peut causer à des personnes déjà dans une situation d’extrême vulnérabilité.Dans son rapport, Mélanie Laberge relate les circonstances entourant le décès d’un homme lourdement handicapé, un soir de fin de semaine en 2015. Bien que l’état de santé de ce patient se soit détérioré dans les jours précédant sa mort et qu’il soit difficile d’identifier exactement la cause de celle-ci, l’infirmière lui a néanmoins administré des doses trop concentrées d’hydromorphone. La coroner attribue la cause des erreurs commises à la surcharge de travail de l’infirmière, qui avait sous sa responsabilité 175 patients ce soir-là. Aucun pharmacien n’était en poste ce soir-là qui aurait pu soutenir l’infirmière, note aussi la coroner.Cela nous amène à la crise des opioïdes. « Utilisés à bon escient, les opioïdes sont des médicaments efficaces contre les douleurs aiguës ou les douleurs chroniques, rappelle notre journaliste en page 5. Consommés de manière abusive, ils risquent d’entraîner la dépendance, la surdose, voire la mort. » Il importe en effet de faire la distinction entre les problèmes de toxicomanie et ceux liés au mésusage dans la maîtrise de la douleur chronique. Comme le mentionne le Dr David Lussier, gériatre à l’IUGM, dans une citation percutante, il faut faire « attention à ce que les personnes souffrant de douleur chronique ne deviennent pas des victimes collatérales de la guerre aux opioïdes ». Le Dr Lussier souligne avec justesse qu’il ne faut pas en venir à une situation où les médecins auraient peur de prescrire des opioïdes. Il existe néanmoins un besoin réel de réduire les risques entourant l’utilisation des opioïdes afin d’éviter des dérapages et des erreurs aux conséquences graves.En 2017, souhaitons que les médecins et les pharmaciens québécois sauront faire face à tous ces défis pour continuer de prodiguer des soins qui soient à la hauteur des besoins de la population.

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