Des chercheurs veulent mieux comprendre la transformation de la pratique médicale

Dans cette étude, les chercheurs de l’Université Laval et de l’Université de Montréal veulent aller au-delà des seules considérations axées sur la rémunération et le temps de travail des médecins qui ne sont, selon eux, pas nécessairement des solutions pour favoriser l’accès en première ligne. «Nous voulons avoir une compréhension plus nuancée et complète de l’évolution de la profession en comprenant notamment comment les médecins s’engagent dans leur profession et sont en mesure d’exercer celle-ci en respectant leurs valeurs», explique la professeure au Département de sociologie de l’Université Laval, Nancy Côté, qui dirige l’étude. Pour réaliser leur étude, les chercheurs demandent la collaboration des médecins pour remplir un sondage qui s’intéresse à quatre volets: les compétences professionnelles, l’engagement au travail, la collaboration interprofessionnelle et l’impact de la pandémie sur la pratique médicale. En répondant au questionnaire, les participants devront mentionner l’année de l’obtention de leur permis d’exercice, ce qui permettra de mieux percevoir les différences entre les générations. Trois cohortes d’insertion sur le marché du travail sont considérées: avant 1991, entre 1991 et 2002 et après 2002. Une vision différente entre les générations Concernant l’engagement au travail, les sondeurs veulent d'abord savoir dans quelle mesure les médecins se sentent engagés envers leur organisation, la profession médicale et leurs activités professionnelles. «On pense que les jeunes médecins n’ont pas la même conception de l’engagement que les plus vieux. Pour eux, être engagés ne veut pas dire travailler 80 heures par semaine. L’engagement se définit davantage en fonction de la qualité des soins plutôt que par le nombre d’heures de travail», affirme Nancy Côté. Dans un deuxième temps, les chercheurs veulent connaître les compétences que les médecins jugent importantes dans l’exercice de leur profession et dans quelle mesure leurs conditions de pratique leur permettent de les utiliser lorsqu’ils le jugent nécessaire. «On veut savoir si le contexte actuel permet l’utilisation de leurs compétences. Par exemple, si le médecin a de la pression pour travailler plus vite, est-ce que cela l’empêche de déployer certaines compétences?» s’interroge la professeure. En troisième lieu, l’équipe de Nancy Côté aimerait savoir dans quelle mesure les médecins collaborent avec d’autres médecins et professionnels de la santé, et la nature de ces collaborations. «Cette collaboration change la pratique médicale et le rôle du médecin. Ce dernier n’est plus vu comme tout puissant puisqu’il partage avec d’autres professionnels la prise en charge. De plus, cela pourrait permettre un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et la vie de famille», avance la chercheuse. Un contexte différent Selon elle, la féminisation de la profession a entraîné le besoin de mieux concilier le travail des médecins et leur vie personnelle. Cela est aussi vrai pour les jeunes hommes médecins de même que pour ceux qui sont plus âgés, ajoute-t-elle. Le contexte de travail a également profondément changé et a transformé la pratique médicale, avance la professeure. «Nous sommes davantage dans un processus de décision partagée, les problèmes de santé se sont alourdis, notamment pour ce qui est de la santé mentale, et la population vieillit. La prise en charge prend donc plus de temps», dit-elle. Elle pense que le sondage, disponible depuis juin dernier, viendra confirmer ses hypothèses. Les chercheurs souhaitent avoir au minimum 1000 répondants. Actuellement, ce chiffre est de 100. Vous pouvez remplir le sondage, qui prendra environ 25 minutes de votre temps, en vous rendant sur ce lien.

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