Déprescription: les demandes de remboursement en hausse dans les pharmacies communautaires du Québec

La déprescription est un processus centré sur le patient, supervisé par un professionnel de la santé, qui consiste à réduire ou à arrêter un traitement médicamenteux afin d'améliorer les résultats cliniques. Depuis fin 2022, les pharmaciens communautaires du Québec peuvent demander le remboursement de leurs interventions de déprescription par le système de santé public. La législation leur permet de facturer une consultation initiale de déprescription lorsqu'ils planifient une intervention visant un médicament qui présente un risque d'effets indésirables pour le patient.Après la consultation initiale, jusqu'à deux interventions de suivi peuvent être remboursées dans un délai de six mois. Que l'intervention aboutisse à une réduction de la dose ou à l'arrêt du médicament, les pharmaciens du Québec peuvent facturer la réalisation du processus de déprescription. La législation fait également la distinction entre la déprescription et l'arrêt d'un médicament, chaque processus étant associé à des codes de facturation distincts. À lire aussi: Déprescription: comment préserver la relation médecin-pharmacien?On ignore dans quelle mesure les pharmaciens de la province ont facturé les pratiques de déprescription depuis la mise en œuvre de la nouvelle législation. Pour étudier cette question, des chercheurs québécois ont quantifié les demandes de remboursement liées à la déprescription dans les pharmacies communautaires du Québec entre le 1er janvier 2023 et le 30 novembre 2024. Ils ont également examiné les classes de médicaments qui ont été le plus souvent déprescrites au cours de cette période.L'étude a porté sur toutes les interventions associées à un code de service de déprescription qui ont été fournies dans les 1906 pharmacies communautaires du Québec sur une période de 23 mois. Les interventions comprenaient la consultation initiale (code A), les consultations de suivi (code B) et la fin de l'intervention (code Z). Les classes de médicaments associées à chaque intervention ont été identifiées et classées selon le système de classification de l'American Hospital Formulary Service (AHFS).Les résultats montrent que:Au total, 90 840 demandes de déprescription ont été enregistrées au cours des 23 mois de l'étude;Ces demandes comprenaient 42 594 consultations initiales (47%), 36 089 consultations de suivi (40%) et 12 157 interventions de sevrage menées à bien (13%);Le nombre mensuel d'interventions de déprescription facturées a augmenté au cours de la période d'étude;Les agents agissant sur le système nerveux central ont été les médicaments les plus fréquemment sevrés, représentant 87% des interventions;Les antidépresseurs (33 155 demandes de sevrage médicamenteux), les anticonvulsivants (20 361) et les benzodiazépines (15 685) ont été les classes de médicaments les plus fréquemment sevrées. Venaient ensuite les inhibiteurs de la pompe à protons (3609 demandes), les anxiolytiques/sédatifs/hypnotiques (3412), les agonistes opiacés (2800) et les antipsychotiques (2470). Les pharmacies du Québec ont donc commencé à facturer les interventions de sevrage à la suite de la mise en œuvre de la nouvelle législation, concluent les auteurs. Les pharmaciens ont en effet présenté plus de 90 000 demandes de remboursement pour des interventions de déprescription au cours de la période d'étude de 23 mois, dont plus de 85% concernaient la déprescription de médicaments agissant sur le système nerveux central. Le nombre de demandes de remboursement pour déprescription par mois a augmenté au fil du temps, ce qui suggère que les pharmaciens ont peut-être eu besoin de temps pour intégrer la nouvelle législation dans leur pratique clinique. À lire aussi: La déprescription d’antihypertenseurs chez les aînés est-elle sans danger?Les auteurs soulignent que le nombre de demandes de remboursement pour la déprescription au Québec pendant l'étude était assez modeste. Avec 1906 pharmacies au Québec, le nombre moyen de demandes liées aux consultations initiales de déprescription était de 22 par pharmacie au cours de la période d'étude de 23 mois, ce qui représente environ une initiation de déprescription par mois et par pharmacie. Les auteurs soulignent que l'approche novatrice de la province en matière de facturation des demandes de remboursement pour la déprescription fournit également un cadre précieux pour faire progresser la recherche dans ce domaine. Elle permet un suivi plus précis des interventions de déprescription, car les médicaments faisant l'objet d'une déprescription peuvent être clairement distingués (grâce à des codes de facturation distincts) des médicaments qui sont simplement arrêtés sans processus de déprescription préalable.Enfin, ils estiment que la possibilité de facturer les services de déprescription sera un outil important pour étudier la déprescription de médicaments dans des contextes de soins de santé réels. Sa valeur pourrait être renforcée si d'autres régions adoptaient ce modèle pour améliorer leurs propres pratiques de soins de santé et leurs recherches dans ce domaine.Référence: Calfat A, Gosselin M, Sirois C. Billing Deprescribing Interventions: Portrait of an Initiative in Québec, Canada. Basic Clin Pharmacol Toxicol, 2025.136: e70050. https://doi.org/10.1111/bcpt.70050

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