Dépistage de la COVID-19: quel est le plan de déploiement des nouveaux professionnels autorisés?

Alors que depuis le 11 mai, un arrêté ministériel autorise davantage de professionnels de la santé à effectuer des prélèvements pour dépister la COVID-19, il est difficile de savoir comment les établissements de santé montréalais entendent déployer ces nouvelles ressources.Parmi les trois CIUSSS montréalais contactés par ProfessionSanté.ca, aucun ne nous a fourni de réponse claire.Le décret émis par la ministre de la Santé et des Services sociaux le 9 mai, autorise les dentistes, hygiénistes-dentaires, diététistes-nutritionnistes, audiologistes et orthophonistes du réseau de la santé à effectuer des prélèvements pour le dépistage de la COVID-19. Une activité jusqu'alors réservée aux médecins, infirmières et inhalothérapeutes.Ces professionnels doivent d’abord suivre une formation donnée par la Direction des soins infirmiers. «Le plan de formation inclut un premier volet en ligne suivi de l’orientation-formation sur place lors du premier quart de travail. Le professionnel nouvellement affecté au dépistage est alors jumelé à un professionnel expérimenté où des démonstrations, de la pratique et la réussite des prélèvements sous supervision ont lieu», explique le CISSS de Laval. Pour travailler au dépistage, l’employé doit avoir réussi trois prélèvements sous supervision.«Nous sommes en train de regarder comment et où seront déployés ces ressources dans notre CIUSSS», a laconiquement répondu par courriel la porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, Catherine Dion. Ce CIUSSS compte près du tiers des cas de COVID-19 dans la métropole.Du côté du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, un conseiller en relations médias nous a plutôt dirigé vers le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).Au CIUSSS de l'Ouest-de-l’Île-de-Montréal, nos questions envoyées mercredi matin sont demeurées sans réponse au moment d’écrire ses lignes vendredi matin.Pour sa part, le CISSS de Laval n’a pas perdu de temps et a procédé à l’embauche de nouveaux professionnels. «Certains employés des titres visés [voir encadré] ont aussi été réaffectés au dépistage de la COVID-19», indique-t-on dans un courriel envoyé par le service des communications de l’établissement, qui n'a toutefois pas donné de détails sur le nombre de personnes réaffectées ni l'endroit de leur réaffectation.Bien utiliser les ressourcesLe 13 mai, en conférence de presse, le premier ministre François Legault s’est montré insatisfait; le nombre de tests réalisés était de 9 261, soit très inférieur à l’objectif de la Santé publique de 14 000 tests par jour dès le 8 mai. «Je n’accepte pas ça. Je ne suis pas content, je l’ai dit aux personnes concernées, puis j’espère dans les prochains jours qu’on va être capables d’augmenter à 14 000 tests. On travaille sur l’organisation, donc où doit être le personnel qui fait les tests. On espère que c’est là ou il y a des besoins.»Le 14 mai, le nombre de tests annoncé a grimpé à 13 291.Selon la présidente de l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec, Diane Duval, les établissements se doivent de tout mettre en œuvre pour bien utiliser ces nouveaux effectifs, sinon comment atteindre l’objectif de la Santé publique?«Il appartient aux gestionnaires du réseau d’utiliser les ressources professionnelles disponibles de façon efficiente», mentionne pour sa part la porte-parole de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec, Audrey Mockle. Cet Ordre se dit tout même optimiste face à la réassignation des employés du réseau de la santé à des tâches de dépistage.«Il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné»Malgré tout, le président de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, Denis Pelletier, s’explique mal pourquoi il a fallu un mois pour autoriser d'autres professionnels à prendre part au dépistage. «Il y a quelque chose qui n’a pas fonctionné. Ça n’a aucun sens d’attendre si longtemps dans un contexte d’urgence sanitaire», affirme-t-il.En effet, l'arrêté ministériel est survenu plus d’un mois après la demande des ordres professionnels de participer au dépistage. Il a fallu que le Collège des médecins prenne position publiquement le 8 mai pour que les démarches aboutissent, déplore-t-il.«Ça a été une intervention salutaire et nécessaire. C’est certain que cette intervention a vexé des gens, mais on était rendu au point où chaque jour qui passait se traduisait par de la mortalité évitable. Comme ordre professionnel, notre mission, c’est la protection du public.»De son côté, Diane Duval raconte que son Ordre avait été sollicité ces dernières semaines par des gestionnaires du secteur de la santé afin que les hygiénistes dentaires puissent effectuer les prélèvements. À chaque fois, nous leur disions que les hygiénistes dentaires étaient tout à fait compétents, habiles et préparés à participer aux efforts du ministère, dit-elle, mais la loi ne leur permettait pas.Désormais, la loi le leur permet. Même les professionnels du secteur privé pourront prêter main-forte pour le dépistage. Pour ce faire, ils doivent faire part de leur intérêt via le site « Je contribue !».

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