Décentralisation: le rapport Savoie essuie les critiques d’associations de médecins et de patients

«Ce sont de grandes lignes et il manque de détails. On ne voit pas beaucoup les mots "gouvernance locale" et "imputabilité" dans le rapport. C’est pourtant quelque chose que l’on revendique», affirme l’administrateur du Regroupement québécois des médecins pour la décentralisation du système de santé (RQMDSS), le Dr Félix Le-Phat-Ho. «Il y a plusieurs façons de définir la décentralisation. Il faut donc clarifier le tout et savoir quelle est la place citoyenne dans tout cela», nuance le médecin de famille, ajoutant que ce rapport est «une entrée en matière» et que son organisation est prête à collaborer avec le gouvernement. L’une des six recommandations contenues dans le rapport Savoie est de «rapprocher les décisions liées à l’organisation et à la fluidité des soins et des services le plus près possible du terrain, en favorisant une gestion de proximité et une organisation clinique et médicale locale». S’il n’est pas contre l’idée générale, le président de l’Alliance des patients pour la santé, Jérôme Di Giovanni, s’inquiète de voir le pouvoir demeurer entre les mains des fonctionnaires. «Déplacer le pouvoir bureaucratique de Québec vers les régions, ce n’est pas la décentralisation pour la société civile. Celle-ci doit participer à la détermination et à l’organisation des services. Je ne retrouve pas cela dans le rapport», analyse-t-il. De son côté, Sylvie Tremblay, directrice générale du Regroupement provincial des comités des usagers, estime que le gouvernement doit engager des gestionnaires pour travailler sur le terrain. «La réforme Barrette a entraîné le congédiement de 1300 chefs de service qui étaient dans les milieux de vie et les établissements et qui travaillaient, par exemple, avec les comités des usagers pour répondre aux insatisfactions et aux problèmes des patients», affirme-t-elle. La directrice générale s’est réjouie d’entendre mercredi le ministre de la Santé, Christian Dubé, affirmer qu’il était «très à l’aise» avec l’embauche prévue de «100 à 200» cadres supplémentaires. Pour une dépolitisation En plus de la décentralisation, la sous-ministre Dominique Savoie a ouvert la porte à la dépolitisation du système de santé. «Il nous apparaît incontournable que le gouvernement réfléchisse à une révision de plus grande envergure des paliers de gestion actuels par la création d’une nouvelle entité vers laquelle certaines responsabilités du MSSS et du RSSS seraient transférées, ce qui permettrait une coordination optimale», écrit-elle dans son rapport. Selon la sous-ministre, cette entité serait «neutre, pleinement imputable, très opérationnelle, orientée vers les résultats et la satisfaction des usagers» et aurait pour mandat d’assurer «le suivi, la coordination et l’intégration des dossiers prioritaires». Le Dr Le-Phat-Ho est d’avis qu’il faut dépolitiser le système de santé, mais à condition que cette dépolitisation soit couplée avec une décentralisation. «On peut bien donner les pouvoirs à quelqu’un d’autre, mais il faut que les décisions soient prises sur le terrain pour les patients et le personnel. Sans cela, la dépolitisation ne sert à rien.» Pour sa part, Sylvie Tremblay estime que la dépolitisation pourrait ramener un certain équilibre entre les acteurs du réseau de la santé et permettre aux clientèles vulnérables d’avoir une voix plus importante au chapitre. Des engagements réclamés Les représentants du Regroupement provincial des comités des usagers, de l’Alliance des patients et du Regroupement provincial des comités des usagers ont tenu une conférence de presse mercredi, afin de dévoiler les engagements qu’ils réclament des partis politiques en vue des prochaines élections. Ils en ont profité pour réagir au rapport Savoie. Durant l'événement, ils ont demandé au prochain parti élu l’automne prochain d’augmenter le financement des services de maintien à domicile, d’accroître le financement de la prévention et de la promotion de la santé afin d’atteindre 5% du budget en santé et d’éliminer le recours aux agences privées.

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