De prisonnier aux États-Unis à membre du Collège des médecins

Condamné à 15 mois de prison pour possession de pornographie juvénile aux États-Unis en 2006, un pédiatre québécois aurait pu continuer à traiter des enfants à son retour au Québec en 2010, révèle le quotidien Toronto Star.Un an après son retour au Québec, le Dr Jacques Lemire s’est vu accorder un permis par le Collège des médecins du Québec (CMQ) qui limitait sa pratique à l’exercice en établissement. « On ne lui a pas expressément interdit de traiter les enfants. Les institutions incluent les centres de protection de la jeunesse », écrit le Toronto Star, qui ajoute toutefois ne pas avoir trouvé de preuve que le médecin pratiquait la médecine pédiatrique après sa condamnation.Pourtant, selon les règles du CMQ, le Dr Lemire n’aurait jamais dû avoir l’occasion de traiter des enfants. « Si un médecin a des problèmes de pédophilie, il ne pourra pas pratiquer auprès des patients, surtout pas des enfants », déclare le président du Collège des médecins, le Dr Charles Bernard.« Notre objectif est de protéger le public. Nous ne voulons pas que les patients soient confrontés à des médecins qui ont des dossiers criminels qui peuvent mettre en jeu leur compétence et leur crédibilité », poursuit-il.En 2010, une série de conditions et de limitations a été imposée au Dr Lemire pour le réinscrire au tableau de l’ordre professionnel. En plus de limiter sa pratique à l’exercice en établissement, le Dr Lemire a dû s’inscrire au Programme de suivi administratif des médecins à risque d’inaptitude du CMQ pour une période de deux et réussir un stage de perfectionnement en pédiatrie d’une durée de deux mois.Selon le CMQ, le Dr Lemire n'a pas eu de domicile professionnel au Québec entre 2010 et 2014 et n'a donc pas pratiqué la médecine. D'après le Toronto Star, il aurait passé trois ans dans une maison de retraite pour religieuses. Puis, en 2014, le Dr Lemire s’est engagé auprès du Collège à limiter sa pratique à la médecine administrative, sans activité clinique.Selon le Dr Bernard, les gens qui ne sont pas compétents et qui ont un dossier criminel ne peuvent pas obtenir le droit de pratiquer la médecine au Québec.Dans le cas du Dr Lemire, le président du Collège note qu'il n'exerce plus la médecine et effectue uniquement des tâches administratives. « Il ne voit aucun patient. Il est seulement en contact avec le personnel administratif », précise-t-il.Le CMQ bien informéLe CMQ était bien au courant du dossier du Dr Lemire lorsqu’il lui a délivré un permis en 2010. Le médecin, diplômé de l’Université de Sherbrooke en 1977, a dû fournir à l’ordre un certificat de conduite professionnelle et remplir une déclaration attestant qu'il avait été reconnu coupable d’une infraction criminelle.« Lorsqu’une personne arrive des États-Unis ou d’une autre province canadienne, nous pouvons vérifier leurs antécédents très facilement puisqu’il y a des organismes d’encadrement […] Dès qu’il y a un doute, on investigue et on fait des contre-vérifications. Nous avons des équipes spécialisées qui font ce travail », explique le Dr Bernard.Des médecins et des résidents ont déjà tenté de falsifier des documents et ont été repérés par le CMQ, qui ne leur a pas délivré de permis.Le Dr Bernard affirme que les médecins sont sous surveillance au Québec. « Si le médecin a un dossier criminel, est reconnu coupable par une cour du Québec ou a fait une infraction au Code criminel, nous sommes informés et nous faisons des vérifications », souligne-t-il, ajoutant que le CMQ a des ententes avec le Directeur des poursuites criminelles et pénales.

De prisonnier aux États-Unis à membre du Collège des médecins

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