De nouveaux liens entre le DT2 et le cancer du pancréas

Le diabète de type 2 (DT2) est un facteur de risque majeur pour plusieurs cancers, notamment celui du pancréas. Des études épidémiologiques ont montré que les patients atteints de DT2 ont un risque 1,8 fois plus élevé de développer un cancer du pancréas et que lorsque celui-ci est diagnostiqué chez un patient, il présente un diabète dans 40 à 60% des cas.Jusqu’ici, les interactions fonctionnelles entre le DT2 et le pancréas demeuraient méconnues. Des chercheurs français de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), du Centre hospitalier universitaire de Lille et de l’Institut Pasteur viennent cependant de lever le voile sur un de ces mécanismes en menant la première étude épigénétique de l’impact du DT2 sur l’ensemble du pancréas.Leurs travaux, dont les résultats ont été publiés dans la revue Diabetes, révèlent une association robuste entre le DT2 et l’hyperméthylation du gène PNLIPRP1, qui modifie son activité à la baisse. Selon les scientifiques, ce gène impliqué dans le métabolisme des lipides au sein du pancréas exocrine (la partie du pancréas qui sécrète les enzymes digestives) est «un candidat fort pour les changements épigénétiques induits par le DT2, conduisant à des événements délétères, en particulier dans le métabolisme du cholestérol des cellules acineuses». Autrement dit, «cette modification du gène PNLIPRP1 est liée à l’hyperglycémie et l’hyperlipidémie consécutive du diabète de type 2 et elle entraîne des changements cellulaires du pancréas exocrine typiques des états précancéreux», précise un communiqué de l’INSERM.L’étude révèle également que des mutations rares ou fréquentes du gène PNLIPRP1 sont associées à des anomalies du contrôle glycémique, démontrant ainsi le rôle du pancréas exocrine, et pas seulement endocrine (partie du pancréas sécrétant l’insuline), dans l’apparition du diabète de type 2. «Dans l’ensemble, le gène PNLIPRP1 et le métabolisme des lipides semblent avoir un rôle clé dans un cercle vicieux liant diabète, cancer du pancréas et pancréas exocrine.»Selon la Société canadienne du cancer (SCC), le cancer du pancréas sera la troisième cause de décès par cancer en 2024 et on estime que 6100 Canadiens pourraient en mourir, un nombre plus élevé que celui des décès liés aux cancers du sein ou de la prostate. «Au cours des 35 dernières années, le taux de mortalité du cancer du pancréas est resté pratiquement inchangé», indique la SCC en soulignant que cela s’explique en grande partie par le fait que le cancer du pancréas est souvent détecté tardivement, à un stade avancé. Résultat, la survie nette cinq ans après son diagnostic est de 10% au pays.Dans leurs conclusions, les chercheurs français mentionnent que «des modèles in vitro et in vivo ont montré que les statines retardaient la formation de l’adénocarcinome canalaire (la tumeur cancéreuse du pancréas la plus fréquente) chez les souris mutées». Ils ajoutent que ces résultats sont confirmés par des études menées sur des humains, dans lesquelles l’utilisation de statines a entraîné une réduction significative du risque de cancer du pancréas et une amélioration de la survie des patients. Ainsi, ils suggèrent que les statines pourraient interrompre le processus provoquant l’hyperméthylation du gène PNLIPRP1 et donc protéger les patients contre le cancer du pancréas «en particulier lorsqu’elles sont administrées tôt et avant le développement de la maladie».

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