De nouveaux gènes associés au cancer du sein

Une équipe de recherche internationale dirigée par les professeurs Jacques Simard, de l’Université Laval, et Douglas Easton, de l’Université de Cambridge, en Angleterre, vient de déceler un bataillon de nouveaux gènes dont les altérations prédisposent au cancer du sein. Leur découverte est porteuse d’espoir, car elle pourrait permettre de préciser les tests génétiques de dépistage, d’améliorer le suivi des femmes cancéreuses voire d’ouvrir la voie à de nouvelles avenues thérapeutiques. Les tests génétiques actuels pour le cancer du sein ne prennent en compte qu’une poignée de gènes à haut risque, tels que BRCA1, BRCA2 et PALB2. Ceux-ci n'expliquent toutefois qu'une minorité du risque génétique (environ 10%). «Pour la grande majorité des femmes testées qui ont un historique familial, on ne trouve pas le gène et la mutation responsables du cancer. On savait qu’il existe d’autres gènes de susceptibilité. On s’est efforcé de les identifier», explique Jacques Simard, chercheur au centre de génomique du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval (UL). Pour trouver ces mutations génétiques assez rares au sein de la population, l’équipe de recherche a analysé un grand nombre d’échantillons. «À notre connaissance, il s’agit de la plus grande étude de ce type. Elle a été rendue possible grâce à l’utilisation de données provenant de multiples collaborateurs dans de nombreux pays, ainsi que de données accessibles au public provenant d’une biobanque, la UK Biobank», indique le directeur du Centre d’épidémiologie génétique du cancer de l’Université de Cambridge, Douglas Easton. Les chercheurs, dont les résultats ont été publiés dernièrement dans la revue Nature Genetics, ont ainsi passé au crible les modifications génétiques de tous les gènes chez 26 000 femmes atteintes d'un cancer du sein et ils les ont comparées à celles de 217 000 femmes saines. Toutes ces femmes provenaient de huit pays d'Europe et d'Asie. «On a ratissé large pour pouvoir détecter les variants génétiques les plus significatifs», observe Jacques Simard. Cette méthode a permis au professeur du département de médecine moléculaire de la Faculté de médecine de l’UL et à ses collègues de discerner au moins quatre nouveaux gènes associés à un risque accru de cancer du sein. Ils ont également trouvé des preuves d'association pour une douzaine d’autres gènes, avec un degré de confiance moindre. «La plupart des variants génétiques que nous avons identifiés demeurent rares dans la population, mais les risques peuvent être significatifs pour les femmes qui en sont porteuses. Par exemple, des altérations dans l’un de ces quatre nouveaux gènes, le MAP3K1, semblent prédisposer à un risque cinq fois plus élevé de cancer du sein», signale le Pr Simard. Le cancer du sein est le deuxième cancer le plus fréquent au Canada et le plus répandu parmi les femmes. On estime que 28 600 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer du sein en 2022, ce qui représente 25% de tous les nouveaux cas de cancer chez les femmes. 5500 Canadiennes seraient décédées d’un cancer du sein en 2022, soit 14% de tous les décès par cancer chez les femmes. Avant que ces quatre nouveaux gènes puissent être utilisés dans un contexte clinique pour raffiner les tests génétiques de dépistage du cancer du sein, les scientifiques doivent confirmer leurs résultats. «Nous avons besoin de données supplémentaires pour déterminer plus précisément les risques de cancer associés aux variants de ces gènes, pour étudier les caractéristiques des tumeurs et pour comprendre comment ces effets génétiques se combinent avec d’autres facteurs liés au mode de vie qui influencent les risques de cancer du sein», rapporte le professeur Easton. Lire aussi: Cancer du sein: survie et qualité de vie s'améliorent constamment À cette fin, l’équipe de recherche a lancé une étude de réplication auprès d’une cohorte encore plus large, mais aussi plus diversifiée en termes d’âge et d’origines ethniques. «L’objectif est d’intégrer nos informations dans modèle multifactoriel de prédiction du risque, qui est déjà utilisé dans le monde entier. L’idée est de combiner les profils génomiques à risque aux autres facteurs connus, comme les antécédents familiaux, les facteurs hormonaux et les habitudes de vie», indique le Pr Simard qui espère ainsi pouvoir détecter les femmes à haut risque afin de leur donner accès, le plus tôt possible, aux techniques d’imagerie et de suivi de dépistage. La découverte de ces nouveaux gènes donne par ailleurs des informations cruciales sur les mécanismes qui sous-tendent le développement du cancer du sein, ouvrant possiblement la voie à de nouvelles cibles thérapeutiques. «En comprenant mieux la nature des altérations génétiques en arrière d’une tumeur, on peut mieux cibler de nouveaux traitements potentiels», affirme le chercheur de l’UL, en signalant que la découverte des variations des gènes BRCA1 et BRCA2, à laquelle il a contribué, a par exemple conduit au développement des inhibiteurs des protéines PARP (poly-ADP-ribose-polymérase).

De nouveaux gènes associés au cancer du sein

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