De l’importance des données en médecine

Quatre lettres, dont deux répétées. Ce n’est pas un grand mot. Mais un mot sur lequel les entreprises sont construites et gérées. Et quelle est l’entreprise la plus compliquée de la planète? La médecine.Les fans de Star Trek se souviennent de Data. C’était un robot humanoïde. Nous pouvions tous profiter de son intelligence, grâce à un circuit imprimé intracrânien implanté — à l’époque où les téléphones intelligents n’existaient pas encore. Si seulement nous pouvions brancher un cordon de notre ordinateur dans un port situé derrière notre oreille droite et devenir en quelques secondes d’excellents diagnosticiens. Peut-être à court d’empathie et de compassion, mais un as de la déficience en C2P4-tyrosine kinase. Attendez un peu, depuis 2012, nous avons tous accès à ce petit ordinateur dans notre poche arrière - non, pas un téléphone à clapet, un iPhone.Toutefois, les dossiers des patients ne se trouvent pas sur internet, mais sur mon disque dur de 20 Mo doté d’un processeur super lent. J’en reviens au concept de données, sur lequel reposent toutes les décisions logiques (demandez à Spock). Combien de fois les médecins obtiennent-ils les informations dont ils ont besoin pour effectuer ce travail complexe? Combien de jours mes patients atteints de pneumonie restent-ils à l’hôpital? Combien de mes diabétiques souffrent d’insuffisance rénale? Quelle est l’espérance de vie d’un patient atteint d’un cancer du poumon à petites cellules? Quel est le pourcentage de mes patients qui disposent d’un testament et d’une procuration? Combien d’avocats ont mon nom dans leurs dossiers? Etc.Certaines réponses pourraient changer nos pratiques, comme c’est le cas dans l’industrie automobile (les ceintures de sécurité sauvent-elles des vies?). D’autres pourraient stimuler la réflexion et encourager l’innovation (combien de temps dois-je traiter une bactériurie symptomatique?) Pour ceux qui ont un penchant pour la finance, les données sur les frais généraux et les investissements sûrs pourraient leur permettre de mieux dormir. La seule chose que les ordinateurs font bien, c’est de collecter des données (par exemple, les DMI des hôpitaux). Les centres de données les stockent et les gestionnaires de données y accèdent à la demande — généralement pas de la part d’un médecin, cependant. Bien sûr, il y a des raisons d’être prudent en ce qui concerne la confidentialité des renseignements sur les patients, mais cela peut être traité de la manière la plus normale. Si vous êtes familier avec l’amélioration de la qualité (et si ce n’est pas le cas, pourquoi pas?), vous savez que les données peuvent faire la différence entre une supposition et une certitude. Les statistiques mentent parfois, mais le plus souvent, elles ne mentent pas. Le fait que les gestionnaires puissent décider en toute confiance, pour des raisons qui vous et moi nous déconcertent, a peut-être quelque chose à voir avec l’accès aux données. Ils disposent de tableaux et de graphiques, de projections et de tableaux de bord — devinez donc qui a l’air idiot devant le patient. Lire aussi: Dans quelle mesure la littérature scientifique influence-t-elle la pratique des médecins?Les données, une fois traitées, peuvent révéler des inégalités dans les soins (il est plus facile de se faire opérer de la cataracte à l’hôpital X qu’à l’hôpital Y), des divergences de fond (vous attendrez cinq heures dans ces urgences, deux heures ailleurs) et des préoccupations (29% d’incidence de la pneumonie nosocomiale dans cet hôpital). Mais sans données, nous sommes aveugles. Si la transparence a un sens, il faut partager les données avec ceux qui financent le système de santé (les contribuables et les patients) ainsi qu’avec ceux qui s’efforcent d’en assurer le bon fonctionnement (les prestataires de soins). La plupart de mes données sont assez ennuyeuses, mais elles peuvent être rendues anonymes grâce à une clé de cryptage.

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