COVID longue: les tests à l’effort sont le meilleur indicateur des séquelles de la maladie

La COVID longue – également appelée affection post‑COVID-19 ou syndrome post-COVID – touche 10 à 20% des personnes infectées par le virus. C’est l’une des maladies les plus étudiées au monde, avec près de 600 études cliniques menées depuis 2020. Plus d’une centaine de symptômes ont été recensés, allant des difficultés respiratoires, des myalgies et arthralgies, à la fatigue à l'effort en passant par le malaise post-exercice. Cependant, les déficiences physiques et cardiorespiratoires associées restent mal comprises.Pour la première fois, une équipe de recherche a fait la synthèse des connaissances sur les symptômes liés à la COVID longue. De leur revue de littérature inédite1, publiée dans PLoS One, les chercheurs du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (Cirris) de Québec ont retenu 22 études portant sur 3041 adultes atteints de la maladie. Ne manquez pas: COVID longue: l’épidémie mystérieuse et silencieuseLes critères d'inclusion étaient les suivants: études portant sur des adultes atteints de COVID longue (> trois mois);au moins un résultat lié à la fonction physique – batterie d'exercices physiques de performance courte [SPPB], ou test de la position assise à la position debout [STS], test de marche de six minutes [6MWT]), ou tout paramètre cardiorespiratoire et métabolique (consommation d'oxygène [VO2], capacité vitale forcée [CVF], volume expiratoire maximal [VEMS], capacité pulmonaire totale [CPT], capacité de diffusion des poumons pour le monoxyde de carbone [DLCO] ou saturation artérielle en oxygène [SpO2]);études transversales ou de cohorte;rédigées en anglais ou en français. De plus, les études incluses devaient comparer les données des participants atteints de COVID longue avec un groupe témoin sans antécédents de COVID-19 ou présenter des données qui pouvaient être comparées aux valeurs normatives. «Un déconditionnement physique important»Leurs résultats révèlent que, si les adultes atteints de COVID longue présentaient une fonction pulmonaire normale au repos – y compris la capacité vitale forcée, le volume expiratoire maximal (VO2max), la capacité pulmonaire totale et la saturation artérielle en oxygène au repos (SpO2) –, des altérations significatives de la capacité d'exercice ont été identifiées via des tests dynamiques, par exemple la distance parcourue en six minutes de marche ou un test de consommation maximale d'oxygène pendant un effort physique. En effet, «toutes les études évaluant le test de marche de six minutes ont rapporté des distances réduites, tombant systématiquement en dessous du 50e percentile des valeurs normatives», écrivent les auteurs, ajoutant que «le pic de volume expiratoire maximal a diminué dans la plupart des études, tombant en dessous de 80% de la valeur prédite, indiquant une altération de la capacité aérobie.» À lire aussi: COVID longue: les symptômes diffèrent chez les enfants et les adolescentsPar exemple, l'étude de Beyer et coll2 a montré que les participants atteints de COVID longue n'atteignaient que 72,3 ± 18,5% de leur VO2max prédite, ce qui est corrélé à une distance 6MWT plus faible selon le sexe et l'âge. Une autre étude prospective3 d'O'Brien et coll. (2022), longitudinale cette fois, a suivi des survivants hospitalisés de la COVID-19 pendant un an, montrant une augmentation significative de la distance parcourue lors du 6MWT, de 365 ± 209 m à 10 semaines à 447 ± 85 m un an après la sortie (F = 10,3, p < 0,001). Malgré ces progrès, les distances sont restées inférieures aux normes de la population. De même, une autre étude4 a signalé une augmentation significative du 6MWT, de 459,8 m à 499,8 m sur six mois, indiquant une guérison partielle, mais toujours inférieure aux normes ajustées selon l'âge.Par ailleurs, des valeurs plus faibles de la capacité de diffusion pulmonaire du monoxyde de carbone ont été observées dans trois études sur six, avec des valeurs inférieures à 75% de la valeur prédite, suggérant une altération de l'efficacité des échanges gazeux pendant l'effort.Bien que la fonction pulmonaire au repos ait été préservée chez les adultes atteints de COVID longue, «ces résultats mettent en évidence un déconditionnement physique important» chez ces derniers, «avec une réduction substantielle de la capacité d'exercice», conclut l’équipe du Cirris. Des interventions de réadaptation graduelles«Ces observations suggèrent qu'il y a un problème dans le processus des échanges gazeux, notamment une réduction de la capacité des poumons à transférer l'oxygène vers le sang et à éliminer le monoxyde de carbone. Ce dysfonctionnement entre les alvéoles pulmonaires et la circulation sanguine est caractéristique chez les personnes atteintes de COVID longue», décrypte Imane Salmam, doctorante à l'École des sciences de la réadaptation de l'Université Laval et première auteure de l’étude, dans le communiqué de l’université. Plusieurs interventions adaptées peuvent aider les personnes atteintes de COVID longue à retrouver leur capacité physique selon cette étude, comme l'entraînement physique et les exercices de respiration, ainsi que les interventions basées sur l'exercice, en particulier l'entraînement aérobique et de résistance structuré, qui améliorent la fatigue et les performances physiques.«Les évaluations de routine devraient inclure des mesures plus sensibles, telles que le test de marche de six minutes et le pic de VO₂, afin de détecter les limitations subtiles de l'exercice, même chez les patients présentant une SpO₂ au repos normale, et ainsi mieux éclairer les interventions de réadaptation.»Le tout, rappelle la chercheuse, étant de trouver le bon équilibre entre simulation et récupération, afin de permettre aux personnes souffrant de COVID longue de retrouver leur autonomie sans se fatiguer à l’excès. «Si elles ne bougent pas, leur situation risque de se détériorer et leur qualité de vie va en souffrir.»Références:Salmam I, Dubé MO, Zahouani I, Ramos A, Desmeules F, Best KL, et coll. Impact de la COVID longue sur les paramètres physiques et cardiorespiratoires : une revue systématique. PLoS One. 2025;20(6): e0318707. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0318707Beyer S, Haufe S, Dirks M, Scharbau M, Lampe V, Dopfer-Jablonka A, et coll. Post-COVID-19 syndrome: Physical capacity, fatigue and quality of life. PLoS One. 2023;18(10):e0292928. pmid:37870989O’Brien K, Townsend L, Dowds J, Bannan C, Nadarajan P, Kent B, et coll. 1-year quality of life and health-outcomes in patients hospitalised with COVID-19: a longitudinal cohort study. Respir Res. 2022;23(1):115. pmid:35509060Steinmetz A, Gross S, Lehnert K, Lücker P, Friedrich N, Nauck M, et coll. Longitudinal clinical features of post-COVID-19 patients-symptoms, fatigue and physical function at 3- and 6-month follow-up. J Clin Med. 2023;12(12):3966. pmid:37373660

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