COVID-19: pas le moment de baisser la garde

«La pandémie n’est absolument pas terminée. Le virus gagne lorsque nous baissons la garde.» – Dr. Vivek Murthy, chirurgien général américain Aux États-Unis, 47 % de la population est entièrement vaccinée, mais cette statistique varie grandement selon les régions. Au Vermont, au Massachusetts, dans le Maine et au Connecticut, environ 60 à 65 % des personnes ont reçu les deux doses, mais au Mississippi, en Alabama, en Arkansas et en Louisiane, ce pourcentage n’est que de 30 à 35 %. De plus, le variant delta se propage rapidement. En raison de l’effet Peltzman (Harry Peled et coll., Annals of Internal Medicine, juin 2021), les vaccins, qui ont été désignés comme étant la panacée pour lutter contre la pandémie, réduiront le respect des autres mesures de sécurité, comme la distanciation sociale et le port du masque, même pour les personnes non vaccinées. Cette tendance est corroborée par le nombre record de passagers de compagnies aériennes américaines et de personnes ayant effectué des déplacements en voiture au cours de la fin de semaine du 4 juillet. Le mélange d’Américains vaccinés et non vaccinés, combiné à l’augmentation de la prévalence du virus delta, pourrait bien causer une augmentation des cas et des hospitalisations à l’échelle locale. Il suffit de songer à la ville de Huntington Beach, en Californie, qui a organisé un festival de trois jours, susceptible d’attirer 500 000 personnes. Pourtant, au Canada, Justin Trudeau est fier du fait que 45 % des personnes admissibles ont reçu les deux doses (40 % au Québec). Le variant delta est particulièrement répandu à Montréal; en Ontario, il représente maintenant 82% des nouveaux cas. Donc, devrions-nous être inquiets? Dans la plupart des régions du Canada, la pandémie de COVID-19 semble être sur le point de disparaître. Le nombre de nouveaux cas est semblable à celui de l’an dernier. Tout le Québec est passé au palier vert. L’Ontario a annulé les contrôles frontaliers au Québec et au Manitoba et a passé à l’étape 2. L’Alberta a levé toutes les restrictions le 1er juillet et confirme que le Stampede de Calgary aura lieu. La Saskatchewan abandonnera toutes ses restrictions publiques liées à la COVID-19 le 11 juillet, bien qu’elle ait le taux de vaccination le plus bas au Canada. La Colombie-Britannique a mis fin à la plupart des restrictions, mais les gens sont encouragés à porter un masque dans les lieux publics. Après 14 mois d’interdiction, Terre-Neuve-et-Labrador accueillera les visiteurs entièrement vaccinés de tout le Canada. L’Île-du-Prince-Édouard fera de même le 18 juillet. La barbe fraîchement rasée, Justin Trudeau se prépare évidemment en vue de la campagne électorale. Pourtant, ce n’est pas le moment de baisser notre garde et, pendant plusieurs semaines, il n’y aura pas de parlement responsable du peuple canadien. Le moment est mal choisi pour organiser une élection fédérale inutile et non désirée. L’Indonésie et l’Australie font maintenant face aux confinements. Il faut toutefois admettre que, dans les deux pays, seulement 5 % des adultes ont été vaccinés. Cependant, ce n’est pas la seule source du problème, puisque des flambées de cas ont aussi eu lieu dans notre pays, où le taux de vaccination est relativement élevé. Au début de juin, le Yukon était fier de ne présenter aucun cas actif; à Whitehorse, 80 % des personnes avaient reçu la première dose du vaccin et 72 % des personnes avaient reçu la deuxième dose. Pourtant, seulement 10 jours plus tard, une éclosion de 21 cas a été signalée, principalement en raison du variant gamma (provenant du Brésil) chez les personnes non vaccinées. Le 22 juin, il y avait 100 cas actifs, alors qu’en date du 2 juillet, on en comptait 146, ce qui constitue le taux par habitant le plus élevé au Canada. La Première Nation de Kashechewan, une communauté de la baie James de 1 900 résidents, a réussi à vacciner la plupart de ses adultes, mais a récemment signalé 300 cas, dont plus de la moitié chez des enfants. Cela est dû en grande partie aux logements surpeuplés, au manque de centres d’isolement et au fait que les enfants ne pouvaient pas être vaccinés. S’il y a une importante transmission par voie aérienne (Dr. Joe Vipond et coll., Toronto Star, 19 juin 2021), il devrait probablement y avoir une utilisation accrue des masques N95 dans les hôpitaux et dans les milieux de travail à haut risque. Il est à noter qu’à la fin du mois de mars (Katherine Wilton, Montreal Gazette, 24 mars 2021), le juge Philippe Bouvier au Québec a entendu 20 témoins et a conclu que le virus était aérogène et que, par conséquent, «les employeurs doivent prendre des précautions en matière de santé et de sécurité». Il a donc statué que les masques N95 doivent être utilisés non seulement dans les zones «chaudes», mais aussi dans les zones «tièdes» lors du traitement des patients soupçonnés d’être atteints de la COVID-19. Malheureusement, cela ne s’applique pas encore à la plupart des autres provinces. Si c’est le cas, il est à espérer qu’Ottawa prendra en charge le coût de ces masques plus coûteux. Après un départ lent, près de 80 % des Canadiens âgés de 12 ans et plus ont reçu au moins une dose de vaccin. Cependant, sauf dans les territoires, seulement 39 % de tous les Canadiens admissibles ont été entièrement vaccinés. On en compte plus de 60 % au Royaume-Uni. Près de cinq millions d’enfants de moins de 12 ans ne seront pas admissibles aux vaccins avant l’automne. Aux États-Unis, 99 % des décès liés à la COVID-19 sont signalés chez les personnes non vaccinées. Pourtant, un sondage Ipsos a révélé que près de 20 % des Canadiens hésitent à recevoir le vaccin ou le refusent. Les premiers ministres ne peuvent donc pas se fier entièrement aux vaccins s’ils cherchent à éviter des vagues récurrentes de cette pandémie et de toute pandémie future; ils doivent utiliser tous les outils potentiels dans leurs boîtes à outils. Cela nécessite des tests rapides et un suivi des contacts améliorés, des prestations adéquates payées pour congés de maladie, un plus grand nombre de centres d’isolement, une utilisation possiblement accrue des masques N95 et un financement temporaire grandement amélioré de la part d’Ottawa. Bien que les choses demeurent en suspens, ce n’est pas le moment d’organiser une élection fédérale. Pendant des mois, les premiers ministres se sont fiés à la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique (PCMRE), mais les versements ne s’élèvent qu’à 450 $ par semaine après impôts, les personnes doivent présenter une demande chaque semaine et un délai de plusieurs semaines peut s’écouler avant un versement. De plus, de telles prestations ne s’appliquent pas aux périodes de congé plus courtes. Étant donné que la PCMRE n’a pas été améliorée dans le budget fédéral, l’Ontario a fourni trois jours de maladie payés à 200 $ par jour. La Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, le Yukon et le Manitoba ont rapidement lancé une gamme de programmes similaires de prestations pour congés de maladie supplémentaires à court terme. Cependant, dans toutes ces provinces, les employés qui doivent prendre de 10 à 14 jours de congé de maladie doivent également présenter une demande pour la PCMRE fédérale, avec toutes ses insuffisances. Partout au Canada, il y a un manque de congés payés ou un mélange de programmes inadéquats et trop compliqués, ce qui empêche les travailleurs malades de rester à la maison. Il n’existe aucun moyen facile et transparent d’obtenir des prestations pour des congés de maladie sans encourir une interruption ou une perte de revenu. Je suggère dix jours de congé de maladie payés. L’isolement des travailleurs continuerait d’être payé par l’employeur, qui serait remboursé par le gouvernement provincial, lequel serait éventuellement payé par Ottawa. François Legault et les autres premiers ministres devraient imposer un nombre suffisant de congés de maladie payés pour tous les travailleurs. Ottawa devrait accepter immédiatement de rembourser les provinces et les territoires pour le financement des petites entreprises et des travailleurs autonomes pour ce congé. Le variant delta, qui est maintenant présent dans l’un des territoires et dans chaque province, pourrait bientôt devenir la principale souche dans plusieurs secteurs. Nous avons donc besoin que le plus grand nombre possible de Canadiens soient entièrement vaccinés. Pourtant, à l’heure actuelle, environ 60 % des personnes de plus de 12 ans ne le sont pas, et 20 % hésitent à recevoir le vaccin. Dans les «zones chaudes» surpeuplées, les enfants sont des victimes et des vecteurs du virus, mais ne sont actuellement admissibles à aucun vaccin. Si nous devons disposer de tous les outils nécessaires pour lutter contre la pandémie, nous devons avoir un leadership solide et ininterrompu, une meilleure coordination fédérale-provinciale et la promesse immédiate d’un financement suffisant pour ces outils par Ottawa maintenant. Nous ne pouvons pas attendre qu’une nouvelle session parlementaire reprenne après l’élection.

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