COVID-19: Evusheld est maintenant déconseillé en prophylaxie

Conçu par AstraZeneca et approuvé par Santé Canada au printemps dernier pour prévenir la COVID-19, EvusheldMC (tixagévimab et cilgavimab), une combinaison d’anticorps monoclonaux, est destiné aux personnes ne pouvant recevoir le vaccin ou ne bénéficiant pas d’une immunité suffisante après la vaccination. Des données scientifiques tirées de l’étude PROVENT et d’études de cohortes suggéraient une réduction d’infection symptomatique par le SRAS-CoV-2 chez une population ciblée majoritairement non vaccinée. Or, la validité de cette étude est compromise notamment par le fait que celle-ci a été réalisée chez des personnes infectées par d’autres variants qu’Omicron, aujourd’hui principal responsable des infections au Québec. «Le contexte épidémiologique actuel avec la prédominance du variant Omicron rend l’applicabilité des études difficile du fait que plus de 77 % des variants en circulation au Québec seraient résistants à la combinaison», indique l’Institut national en santé et en services sociaux (INESSS) dans une réponse rapide publiée le 16 décembre. En effet, plusieurs études in vitro ont rapporté une perte de l’activité neutralisante de la combinaison tixagevimab/cilgaimab contre les lignées BA.4.6, BA.4.7, BA.5.9, BF.7, BQ.1 et BQ.1.1 d’Omicron. De plus, il y a une absence de données en vie réelle contre les variants BA.4/5, BF.7, BQ.1 ou BQ.1.1. Par ailleurs, l'INESSS note que la faible prévalence d’hospitalisations ou de décès liés à la COVID-19 ne permet pas d’évaluer l’efficacité d’Evusheld. «L’impact potentiel de cette combinaison d’anticorps monoclonaux sur les hospitalisations et l’intensité des soins requis dans le contexte québécois actuel apparait ainsi fortement compromis», constate l’Institut. Des patients en attente de renouvellement La grande majorité des cliniciens consultés par l’INESSS étaient favorables à ne plus recommander l’usage de cette option thérapeutique, aussi bien en prophylaxie qu’en traitement précoce. Ils ont néanmoins souligné l'importance d'aviser rapidement le réseau de la santé du manque de pertinence clinique de recourir à ce traitement en prophylaxie. En effet, plusieurs patients sont actuellement en attente de renouvellement de leur prophylaxie ou vont bientôt devoir être recontactés pour le rappel de 6 mois. Déconseillé en Ontario et en Colombie-Britannique En octobre dernier, Santé Canada avait déjà publié un communiqué sur le risque d’échec du traitement en raison de la baisse d’activité inhibitrice contre certains variants en circulation. De leur côté, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont décidé, ces derniers mois, de déconseiller ce traitement en prévention de la COVID-19. Aux États-Unis, les NIH (National Institutes of Health) ont aussi mis en garde que cette combinaison d'anticorps pourrait ne plus protéger contre la COVID-19. L’INESSS affirme que, pour les personnes avec une immunosuppression sévère, le meilleur moyen de se protéger des complications associées à la COVID-19 demeure le maintien d’une vaccination à jour et l’utilisation des mesures de protection individuelle.

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