«Consterné» par la loi 2, le CMFC dénonce des objectifs irréalistes

Après le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, c’est au tour du Collège des médecins de famille du Canada (CMFC) de tirer la sonnette d’alarme. Et sa présidente, la Dre Carrie Bernard, ne mâche pas ses mots: elle se dit «consternée» par la Loi 2 et les «mesures autoritaires» imposées aux médecins du Québec.Pour l’organisme qui représente plus de 45 000 cliniciens d’un océan à l’autre, cette réforme «aggrave la situation des médecins, comme celle de leurs patients et patientes». Elle impose «des objectifs irréalistes qui ne pourront que les détruire et empirer les choses pour la population québécoise». Le gouvernement «n’a aucun projet pour l’avenir des soins de santé» et «a manqué de respect aux médecins du Québec», affirme la Dre Bernard. Résultat, «nous avons largement dépassé le stade de l’inquiétude, de la consternation et de la frustration», souligne l'omnipraticienne ontarienne.À consulter: Les médecins ne décolèrent pas, la FMSQ confirme le dépôt d'une poursuite mercrediAu cœur des critiques: la logique coercitive de la Loi 2 qui prévoit des sanctions financières pour les médecins qui s’exprimeraient publiquement contre les cibles fixées – ou qui se concerteraient pour réduire leur pratique – ainsi que pour ceux qui n’atteindraient pas les niveaux de performance exigés. En résumé, «punitions» et «menaces», déplore le CMFC.Ces propos s’ajoutent à ceux du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada qui se dit «vivement préoccupé» par l’impact de la Loi 2 sur la qualité des soins, le bien-être des cliniciens et la formation de la relève. L’organisme regrette que les cibles de performance «visent uniquement certains résultats cliniques», ce qui fait abstraction des activités indispensables au bon fonctionnement du système – enseignement, mentorat, leadership clinique et recherche.Le Collège des médecins du Québec (CMQ) a pour sa part annoncé qu’il est en train d’évaluer les impacts déontologiques de la réforme afin de s’assurer que «l’autonomie clinique des médecins, la sécurité et la qualité des soins ne soient pas compromises». Certaines dispositions liées à la «surveillance», aux «sanctions» et à la «liberté d’expression» inquiètent également l’ordre.À lire aussi: Adieu Monsieur DubéChanger de capPour le CMFC, il est temps de changer de cap. «Les médecins de famille travaillent d’arrache-pied. Ils veulent prendre soin de leurs patients et patientes – pour cela, ils et elles ont besoin de soutien», insiste la Dre Bernard, en réaffirmant l’appui du Collège aux organisations québécoises mobilisées contre la loi.Pour en savoir plus: La loi imposant un nouveau mode de rémunération aux médecins est adoptée sous bâillonSi la contestation était jusqu’ici essentiellement québécoise, elle prend désormais une portée nationale. Il est rare que deux organismes pancanadiens – le CRMCC et le CMFC – prennent position de manière aussi explicite contre une loi provinciale en matière de santé.

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