Comment la main de l’ostéopathe vient au secours des commotions cérébrales

Les commotions cérébrales engendrent de multiples dysfonctionnements du système vasculaire cérébral. L’ostéopathie apporte ses solutions, la physiologie expose les enjeux. Un récent symposium international d’ostéopathie1, organisé à Montréal, a fait le point sur ces questions.Philippe Druelle2, ostéopathe français, Yuri Moskalenko, PhD, directeur du Laboratoire de physiologie circulatoire de l’Institut Sechenov, en Russie, et le Dr Peter Halvorson, informaticien en biochimie évolutive, aux États-Unis, ont présenté une technique instrumentale non invasive qui permet d’objectiver l’impact des techniques ostéopathiques sur les patients ayant subi une commotion cérébrale.Lors d’un atelier, les trois ténors ont démontré l’efficacité de l’ostéopathie pour normaliser la circulation des liquides intracrâniens et la biomécanique du crâne.Commotion cérébraleLa méthode de mesurePour démontrer l’efficacité des techniques ostéopathiques, Philippe Druelle s’est appuyé sur la méthode Moskalenko. Cette méthode enregistre l’évolution constante des volumes et pressions des fluides intracrâniens, liée à l’équilibration permanente du métabolisme, lors de chaque respiration et battement cardiaque.Trois tests fonctionnels spécifiques (Stookey, hyper/hypoventilation) servent à évaluer cette capacité d’adaptation du système vasculaire cérébral. La méthode Moskalenko démontre ainsi l’interdépendance entre le flux artériel pénétrant dans le crâne, le mouvement du liquide céphalo-rachidien (LCR), la compliance crânienne3 et le flux veineux sortant.Pour obtenir ces résultats, il mesure simultanément la pression dans l’artère cérébrale moyenne (ACM) par Doppler et les volumes des fluides intrâcraniens (LCR et système vasculaire cérébral) par bio-impédance. Par ailleurs, la méthode Moskalenko met en évidence le mouvement respiratoire primaire, soit l’impulsion rythmique intracrânienne qu’utilisent les ostéopathes pour qualifier la vitalité du patient.Des modifications physiologiquesLes calculs effectués par un logiciel informatique complexe montrent qu’en situation d’hypertension crânienne, plusieurs paramètres changent : la pression dans l’ACM augmente, le rapport pression/volume intra-crânien est modifié, la mobilité du LCR est diminuée et, par corrélation, la compliance crânienne est affectée. Ce tableau correspond à celui du patient commotionné.Les fonctionnements biomécanique et physiologique sont donc altérés. L’approvisionnement en métabolites ainsi que les équilibres hydrique et homéostasique sont fortement perturbés. Le LCR ne peut plus assurer efficacement son rôle de nutrition du système neurologique central. Les tissus sont en souffrance, les symptômes se manifestent.La main, fenêtre sur le crânePourquoi l’ostéopathie s’intéresse-t-elle aux commotions cérébrales ? Cette approche thérapeutique repose sur quatre principes fondamentaux énoncés par son fondateur, Andrew Taylor Still4:> la structure gouverne la fonction;> le rôle de l’artère est absolu;> l’individu est une unité fonctionnelle;> l’organisme possède une capacité d’autorégulation.William Garner Sutherland (1873-1954), père de l’ostéopathie crânienne, a, de son côté, démontré l’existence de la micromobilité du crâne en relation avec l’axe cranio-sacré, par l’intermédiaire des membranes méningées. Lors d’une commotion cérébrale, l’impact mécanique engendre des lésions vasculaires cérébrales. La traduction ostéopathique est une perfusion altérée dans une unité crânienne abîmée. Les structures lésées perturbent la fonction. L’autorégulation n’est plus efficiente. L’ostéopathie a alors toute sa place pour proposer des solutions.L’atelierLors de la récente présentation à Montréal, Philippe Druelle a travaillé avec deux patients traumatisés cérébraux, l’un par accident de moto et l’autre, par des chocs au football.Avant le traitement ostéopathique, les mesures réalisées confirment un tableau de commotion. Le traitement ostéopathique débute par une écoute crânienne5. Les deux patients présentent de sévères dysfonctions des ventricules et des lésions intracrâniennes.Avant de traiter spécifiquement le crâne, Philippe Druelle normalise des lésions à distance du crâne pouvant affecter la vasomotion (vertèbres dorsales hautes), le système neurovégétatif (vertèbres dorsales et cervicales) et toute lésion sur la chaîne centrale6. Puis il effectue le traitement crânien de normalisation des structures et liquides intracrâniens, via le système neurovégétatif. Lorsque l’ostéopathe sent un clivage, c’est-à-dire que la lésion est absorbée par le mécanisme de santé, le traitement crânien se termine. Le mouvement respiratoire primaire reprend un rythme harmonieux.À l’issue de ces traitements de normalisation, les mesures réalisées montrent une réharmonisation des signaux. Les fluides retrouvent leur dynamique de santé.L’évolution des symptômesPhillippe Druelle explique que les symptômes de commotion, tels que les maux de tête, les symptômes de dépression, les dysfonctions cognitives et motrices, disparaissent après quelques séances, lesquelles doivent être espacées de huit jours, le temps de la normalisation du métabolisme. « Find it, fix it and let it alone », disait Andrew Taylor Still.Pour appuyer cet atelier, Philippe Druelle rappelle qu’il a aidé, à l’aide de ces techniques crâniennes, l’un des meilleurs compteurs de la Ligue nationale de hockey. Trois séances d’ostéopathie suivies d’un travail de cohérence cardiaque, le cœur étant le dernier organe à se normaliser, ont permis à ce joueur de retrouver le plus haut niveau.L’ostéopathie, associée à la méthode Moskalenko, peut donc apporter sa part de solutions pour la prise en charge des patients commotionnés.1. Organisé au Collège d’études ostéopathiques, à Montréal, du 30 mai au 4 juin 2014.2. Philippe Druelle, fondateur du premier collège en ostéopathie au Canada, en 1981.3. Compliance crânienne: mesure de la capacité crânienne à accepter une charge additionnelle de sang.4. Andrew Taylor Still, fondateur de l’ostéopathie, médecin et chirurgien aux États-Unis au milieu des années 1800.5. Test manuel ostéopathique visant à percevoir le rythme et les lésions intracrâniennes.6. Axe d’équilibre du corps constitué par un ensemble de structures entre le vertex et le noyau fibreux ou scrotum.

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