Colonoscopie: l'utilisation d'agonistes du récepteur du GLP-1 peut réduire la qualité de la préparation intestinale

Une nouvelle étude suggère que les patients qui prennent des agonistes du récepteur du glucagon-like peptide-1 (GLP-1) pour le traitement du diabète ou de l'obésité ont une qualité de préparation intestinale à la coloscopie nettement inférieure et présentent un plus grand risque de devoir répéter l’examen.Des chercheurs de la Mayo Clinic de Rochester au Minnesota se sont penchés sur cette question, car les agonistes du GLP-1 (dulaglutide, liraglutide, sémaglutide, par exemple) sont connus pour réduire la vidange gastrique et ralentir la motilité gastro-intestinale1.L'étude de cohorte rétrospective a porté sur des patients ayant subi une colonoscopie ambulatoire de dépistage ou de surveillance dans un grand centre médical universitaire au cours d'une période d'un an. L'étude a inclus les patients qui prenaient un agoniste du GLP-1 pour le traitement du diabète ou de l'obésité au moment de la colonoscopie (groupe de cas). Les patients à qui l'on avait prescrit des agonistes du GLP-1 à un moment donné, mais pas dans les trois mois suivant la colonoscopie, ont constitué le groupe témoin.1Les patients traités par des agents pro-motilité ou anti-motilité (opioïdes, antidiarrhéiques, anticholinergiques, agents prokinétiques) dans les trois mois précédant la colonoscopie ont été exclus de l'étude. Ont également été exclus les patients pour lesquels aucune valeur sur l'échelle de préparation intestinale de Boston (BBPS, ou Boston Bowel Preparation Scale) n'avait été consignée dans le rapport d'intervention (la BBPS est utilisée pour évaluer la qualité de la préparation intestinale).1Les résultats sont les suivants:Au total, 446 patients ont été inclus dans l'étude : 265 (59%) cas et 181 témoins (41%).Aucune différence statistiquement significative entre les groupes n'a été observée au départ, à l'exception du diagnostic de diabète, avec une proportion plus élevée de patients diabétiques dans le groupe des cas (86% dans le groupe des cas contre 74% chez les témoins, p=0,001).Parmi les patients du groupe de cas, 48,8% ont reçu du sémaglutide sous-cutané, 3,1% du sémaglutide oral, 34,6% du dulaglutide, 11% du liraglutide, et de très faibles pourcentages ont reçu du tirzépatide ou de l'exénatide.Le BBPS moyen était significativement plus élevé chez les témoins (7,0 ± 1,9 vs. 7,5 ± 2,4, p=0,046), après prise en compte du diabète. (Le diabète est un facteur de risque connu de préparation sous-optimale de l'intestin chez les patients qui subissent une colonoscopie).Le pourcentage de patients ayant un score BBPS total < 5 était significativement plus élevé dans le groupe des cas (15,5% contre 6,6%, p=0,01).La proportion de patients ayant dû subir une nouvelle colonoscopie en raison d'une mauvaise préparation de l'intestin était significativement plus élevée dans le groupe des cas (18,9% contre 11,1%, p=0,041). Cela correspondait à un NNH (number treated to harm) de 14,1.Les auteurs concluent que l'utilisation d'agonistes du récepteur du GLP-1 est associée à une qualité de préparation de l'intestin inférieure de manière statistiquement significative et à un besoin accru de répéter la colonoscopie. Ils notent qu'un article de synthèse canadien recommande de ne pas administrer d'agonistes du GLP-1 avant une colonoscopie chez les patients diabétiques, en partie à cause de l'impact possible sur la préparation de l'intestin, des nausées précédant la procédure, qui augmentent la probabilité d'une colonoscopie reportée, et du risque de lésions rénales aiguës dues à l’hypovolémie3.Les chercheurs de la Mayo Clinic estiment que leur étude constitue un complément précieux à l'appui de cette recommandation; ils indiquent toutefois que d'autres données prospectives sont nécessaires pour déterminer si une telle stratégie aurait un impact clinique significatif. Ils affirment que d'autres études sont également nécessaires pour évaluer si les agonistes du GLP-1 ont un effet dose-dépendant sur la préparation de l'intestin, et si l'effet dépend de la durée d'utilisation ou varie avec des médicaments spécifiques de la classe des agonistes du GLP-1.Les auteurs soulignent l'importance de déterminer l'effet des médicaments susceptibles de retarder la vidange gastrique sur la qualité de la préparation intestinale, afin que des conseils et des mesures appropriées puissent être mis en œuvre avant de procéder à des colonoscopies ambulatoires. Les colonoscopies répétées augmentent les coûts directs de la procédure et entraînent également des coûts indirects supplémentaires, notamment l'arrêt de travail du patient, les complications potentielles et l'impact éventuel sur la disponibilité des salles d’endoscopie.1En commentant les résultats de l'étude, le Dr Eric. J. Vargas, de la Mayo Clinic à Rochester a indiqué que «les cliniciens devraient considérer les patients sous agonistes du récepteur du GLP-1 comme une population à risque pour la mauvaise qualité de la préparation de l'intestin. Plus précisément, pour 14 patients traités avec des agonistes du récepteur du GLP-1, un patient devrait subir une nouvelle colonoscopie en raison d'une préparation sous-optimale»2.«Nous continuerons à recueillir davantage d'informations sur les préparations des colonoscopies et l'utilisation des agonistes du récepteur GLP-1, et nous chercherons à savoir si les nouveaux médicaments contre le diabète de type 2 ont un effet similaire. Les nouveaux médicaments à venir sont des agonistes doubles et/ou triples, et il reste à déterminer s'ils ont un effet similaire sur les temps de transit gastrique», a affirmé le Dr Vargas2.

Colonoscopie: l'utilisation d'agonistes du récepteur du GLP-1 peut réduire la qualité de la préparation intestinale

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