Julie Gauthier, planificatrice financière chez Gestion financière MD. (Photo: Gestion Financière MD)
L’incorporation est moins avantageuse qu’avant
Deux changements récents ont toutefois rendu l’incorporation moins attrayante pour les médecins. Le provincial, d’abord, réserve maintenant le plus bas taux d’imposition (3,2 %) à ceux qui exploitent véritablement une entreprise, soit aux sociétés qui embauchent des employés et qui cumulent 5500 heures dans l’année (pas plus de 40 heures par semaine et par personne), ce qui équivaut à environ trois employés. «Le médecin seul et sa secrétaire, ce n’est pas suffisant», précise Sylvain Fontenelle. Dans ce cas-là, le taux d’imposition s’élève alors à 11,5 % au provincial. Le fédéral continue en revanche d’imposer au taux réduit, soit 9 % (sauf si la société génère plus de 50 000 $ en revenus passifs; le taux au fédéral augmentera alors également).
Ainsi, même si le taux d’imposition reste plus bas que pour les travailleurs autonomes ou les salariés, «ça limite fortement l’avantage qu’ont les travailleurs autonomes à s’incorporer s’ils sont seuls dans l’entreprise», estime Sylvain Fontenelle.
À une société en place certains médecins ajoutent une fiducie. Cela permet entre autres le fractionnement du revenu avec la famille, les enfants majeurs ou le conjoint. «Mais le fédéral est venu boucher ce trou-là», rappelle Sylvain Fontenelle. En effet, en 2017, le ministre des Finances du Canada Bill Morneau a annoncé la fin du fractionnement du revenu pour les membres d’une même famille qui n’y contribuent pas activement (en y travaillant ou en partageant le risque, par exemple).
S’incorporer vient avec certaines obligations
«La constitution en société est très complexe», note Julie Gauthier. Avec l’aide d’un avocat ou d’un notaire, le médecin met sa structure en place et celle-ci devra être déclarée au CMQ. Le juriste accompagne ensuite le médecin dans ses démarches auprès de la Régie de l’assurance maladie du Québec, étant donné que celle-ci versera les honoraires à la société plutôt qu’au médecin directement. Enfin, la société doit être mise à jour annuellement, produire un état financier et une déclaration d’impôt, et tenir à jour son registre des procès-verbaux. Heureusement, les cabinets de comptables et les juristes peuvent s’occuper de ces formalités. «On prend les médecins par la main de A à Z pour faciliter tout ça», assure Isabelle P. Mercure.
La mise en place d’une société donne également l’occasion de parler de planification successorale avec son notaire ou son avocat (mises à jour du testament, souscription par la société, et non à titre individuel, à une assurance vie, etc.). «Le juriste a un rôle important : il vérifie et analyse les risques professionnels et non professionnels», rappelle Isabelle P. Mercure. Ainsi, si la société accumule beaucoup d’argent, il pourrait être pertinent de constituer une fiducie qui protège les actifs en cas de poursuite.