Christian Dubé annonce une nouvelle politique nationale de prévention pour le MSSS

«Nous sommes à l’aube d’un changement important.» Le ton de Christian Dubé était on ne peut plus solennel en ouverture du colloque «Une nouvelle vision de la santé» de l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ce vendredi 1er novembre. Un mois tout pile avant le lancement officiel de la nouvelle agence Santé Québec, le ministre de la santé et des services sociaux en a profité pour annoncer la nouvelle direction de son ministère. «Le lancement de Santé Québec nous donne l’occasion unique de repenser, de recentrer la vision du MSSS, en la séparant des opérations qui vont se faire au niveau du réseau, dans un contexte de prévention. Il va y avoir beaucoup moins de confusion.» Un budget en santé «intenable»La prévention, voici donc le mot d’ordre de la nouvelle mouture du MSSS post-Santé Québec, alors que les besoins en santé sont toujours plus importants et que la croissance exponentielle du budget de la santé devient de plus en plus «intenable» selon le ministre. En effet, ce dernier a augmenté de plus de 50% en l'espace de six ans, pour atteindre 60 millions de dollars en 2024. Malgré cette hausse, différents facteurs démographiques font que «la demande dépasse toujours l’offre», a déploré Christian Dubé. Une situation qui ne pourra se résoudre qu’en travaillant en amont de la demande pour alléger la pression sur les services de santé et sociaux.Par exemple, plusieurs «mauvaises habitudes de vie» ayant un impact considérable sur les dépenses en santé pourraient ainsi être adressées à la source, comme le tabagisme, qui coûte chaque année près de 4 milliards de dollars en soins de santé au Québec, l’obésité et la consommation d’alcool, qui représentent chacun 3 milliards de dollars de dépenses par an, a souligné Christian Dubé.«Il faut inverser la tendance et avoir une vision sur le long terme. Nous devons nous concentrer autant sur l’urgent que sur l’important, même si les priorités sont parfois ailleurs.»Dépistage précoce, vaccination, adoption de saines habitudes de vie, accès aux soins… Les pistes de travail évoquées par le ministre pendant son allocution sont nombreuses, et nécessitent selon lui une bonne communication auprès de la population, «la mesure la moins dispendieuse et pourtant la moins utilisée», a-t-il regretté.Un virage «rassurant et inspirant», a commenté le directeur de la santé publique Luc Boileau, qui aura la tâche de lancer, ces prochains mois, une grande consultation afin de poser les bases d’une politique nationale de prévention prévue au printemps.À lire aussi: Tournée des pôles en santé: le réseau va de mal en pisUn clin d'œil aux médecins dans un contexte de négociationsUne mesure immédiatement saluée par les membres de la Coalition québécoise pour la réduction de la maladie: «une augmentation de la prévention des maladies est indispensable à la viabilité de notre système de soins public», a souligné Thomas Bastien, le directeur général de l’ASPQ, dans un communiqué. «C’est le début d’une nouvelle histoire.» La Coalition appelle toutefois à des actions concrètes de la part du MSSS, comme l’élaboration d’un plan stratégique de réduction de la maladie, des investissements massifs et intersectoriels, mais aussi la mise en place d’outils et indicateurs gouvernementaux afin d’observer la maladie et sa réduction. Suite à cette annonce, le ministre de la Santé n’a pas manqué de saluer la contribution des médecins, omnipraticiens et spécialistes, alors que les négociations avec leurs fédérations connaissent quelques turbulences au sujet de la rémunération de leurs membres. «Parfois, quand on est en négociations, il y a des chicanes qui arrivent sur la place publique et qui n’ont pas lieu d’être», a glissé Christian Dubé. Présent dans l'assistance, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot, a pour sa part réaffirmé l'adhésion des médecins de famille aux principes de prévention et de promotion des saines habitudes de vie.

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