Chirurgien plus jeune, patient plus satisfait

Parfois, ce ne sont pas les mains du chirurgien qui font toute la différence, mais plutôt sa façon de communiquer avec ses patients. C’est l’un des constats qui émergent d’une étude menée par des chercheurs canadiens sur les résultats chirurgicaux et la satisfaction des patients en fonction de l’âge du chirurgien. Leurs résultats ont été publiés au printemps dans le JAMA Network Open.La littérature scientifique abonde sur la performance chirurgicale en fonction de l’expérience. Mais peu d’études avaient jusqu’ici évalué de façon rigoureuse si l’âge du chirurgien influence la perception qu’a le patient de son intervention. Or, dans un contexte où les soins de santé mettent de plus en plus l’accent sur les résultats rapportés par les patients, cette question devient pertinente.« Les patients se fient à l’âge du chirurgien comme indicateur de qualité, bien que cette association n’ait pas été bien étudiée dans les soins chirurgicaux », rappellent les auteurs en introduction. Ces chercheurs, affiliés à 12 universités canadiennes, dont McGill et l’Université de Montréal, se sont penchés sur les interventions électives de la colonne vertébrale – un domaine où les attentes des patients peuvent varier tout autant que leurs douleurs.Pour ce faire, ils ont mené une vaste étude de cohorte multicentrique rétrospective auprès de 3421 patients adultes opérés pour une affection dégénérative de la colonne entre 2015 et 2020. Tous les patients ont été suivis pendant au moins un an. Les chirurgiens ont quant à eux été classés en trois groupes: les «jeunes» (35 à 44 ans, au nombre de 811); les «en milieu de carrière» (45 à 59 ans, n = 1643), les «séniors» (60 ans et plus, n = 967). Les chercheurs ont comparé les résultats objectifs (réduction du handicap et de la douleur) et subjectifs (satisfaction globale et atteinte des attentes) selon l’âge du chirurgien. Ils ont utilisé les questionnaires d’évaluation ODI (Oswestry Disability Index) et NDI (Neck Disability Index), ainsi qu’un score de douleur sur une échelle allant de 1 à 10.Pas de différence cliniquement significativeSur le plan clinique, l’âge du chirurgien n’influence pas les résultats objectifs mesurés un an après l’opération. Les scores de handicap (ODI pour les lombalgies, NDI pour les cervicalgies) et de douleur étaient semblables dans les trois groupes, qu’il s’agisse de jeunes chirurgiens, de cliniciens en milieu de carrière ou de séniors.Scores ODI/NDI moyens à 12 mois: 25,6 pour les «jeunes»; 25,8 pour les «en milieu de carrière» et 24,6 pour les «séniors».Score de douleur moyen à 12 mois: 3,4 (jeunes), 3,3 (milieu de carrière), 3,4 (séniors).Les auteurs insistent sur la solidité de cette observation. « Nous n’avons observé aucune différence significative dans les résultats à 12 mois en ce qui concerne le handicap et la douleur selon l’âge du chirurgien, ce qui est rassurant quant au fait que les patients peuvent s’attendre à des résultats cliniques similaires, peu importe l’âge de leur chirurgien», écrivent-ils.Autrement dit, qu’ils soient en début, en milieu ou en fin de carrière, les chirurgiens parviennent aux mêmes résultats fonctionnels et analgésiques. Cette constance est d’autant plus significative qu’elle repose sur des données recueillies dans six centres hospitaliers universitaires, auprès de plus de 3400 patients et de dizaines de chirurgiens. Ce qui devrait rassurer les patients sur la qualité constante des soins offerts d’un océan à l’autre, quelle que soit l’expérience des praticiens.Lire aussi: Des femmes en salle d'opération font toute la différencePlus le chirurgien est jeune, plus la satisfaction est élevéeMais sur le plan subjectif, une différence apparaît. Les patients opérés par des chirurgiens plus jeunes ou en milieu de carrière sont plus susceptibles d’estimer que leurs attentes ont été comblées et se disent plus satisfaits de leur intervention.Par rapport aux chirurgiens de 60 ans et plus :Les patients des jeunes chirurgiens avaient 57% plus de chances de déclarer que leurs attentes avaient été atteintes (rapport des chances ajusté [aOR] = 1,57; IC à 95 % 1,02 à 2,40)Ceux des chirurgiens en milieu de carrière affichaient un aOR de 1,41 (IC à 95 % 1,06 à 1,86)La satisfaction globale était aussi plus élevée chez les patients opérés par des jeunes chirurgiens (aOR = 1,29; IC à 95 % 1,01 à 1,69)«Ces différences peuvent refléter des tendances générationnelles dans la formation médicale, particulièrement en ce qui concerne la communication et l’établissement des attentes préopératoires», avancent les auteurs. Les jeunes chirurgiens, formés plus récemment, seraient plus enclins à adopter une approche centrée sur le patient, à mieux communiquer les limites réalistes de l’intervention et à intégrer les préférences du patient dans le processus décisionnel.L’étude ne remet donc aucunement en cause la compétence des chirurgiens séniors, mais elle rappelle que la relation patient-médecin est un facteur déterminant de l’expérience chirurgicale. Des efforts soutenus pour améliorer la communication – quel que soit l’âge du chirurgien – pourraient contribuer à optimiser la satisfaction des patients, sans qu’il soit nécessaire de modifier une seule suture.Référence:Brett Ells, Mayilee Canizares, Raphaële Charest-Morin, et coll. Surgical Outcomes and Patient Expectations and Satisfaction in Spine Surgery Stratified by Surgeon Age. JAMA Network Open. Publié en ligne le 21 avril 2025. DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2025.5984

Chirurgien plus jeune, patient plus satisfait

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