Certification Entreprise en santé : Où il fait bon travailler !

Même si les employeurs sont de plus en plus sensibilisés sur la pertinence d’intervenir pour promouvoir la santé en milieu de travail, peu d’entre eux sont prêts à passer à l’action, convient d’emblée Marie-Claude Pelletier, présidente et directrice générale du Groupe de promotion pour la prévention en santé (GP2S). Et pourtant, créer un milieu de travail sain permet de rester compétitif pour attirer et retenir les meilleurs talents… surtout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre spécialisée.C’est pourquoi le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) donne l’exemple en s’engageant dans le processus de certification Entreprise en santé* pour ses employés. «C’est tellement important pour le ministère qu’il offre l’expertise du GP2S pour soutenir les organisations dans l’avancement de leurs travaux, car l’implantation d’une norme exige un travail considérable», indique Sylvie Mallette, responsable du Programme santé des organisations et des individus au MSSS.Disponible depuis 2008, ce programme de certification est basé sur la norme BNQ 9700-800 Prévention, promotion et pratiques organisationnelles favorables à la santé en milieu de travail. Selon Mme Pelletier, il vise le maintien et l’amélioration de l’état de santé des personnes en milieu de travail par :• l’intégration de la valeur de la santé des personnes dans le processus de gestion des entreprises;• la création de conditions favorables à la responsabilisation du personnel en regard de leur santé;• l’acquisition de saines habitudes de vie et le maintien d’un milieu de travail favorable à la santé.Près d’une dizaine d’établissements de santé en plus du ministère visent une certification Entreprise en santé pour l’année 2010-2011. Ces organisations ont déjà franchi l’étape de diagnostic organisationnel et sont en voie d’élaborer leur plan d’action, d’après Mme Mallette.Elle ajoute que le MSSS croit suffisamment aux retombées importantes de ce projet sur le bien-être des employés pour financer cet accompagnement du GP2S auprès des établissements de santé qui souhaitent se qualifier pour cette norme.«Nous les accompagnons pour comprendre la réalité de leur organisation et de leur environnement afin de les orienter vers les outils et le réseautage d’expertise dont ils ont besoin pour favoriser la santé dans leur milieu de travail», précise Mme Pelletier.Des gestes profitables Mme Pelletier tient à rappeler que les primes d’assurances invalidité augmentent bon an mal an de 10 à 15 % par année pour les entreprises. Selon elle, il devient impératif de prendre le virage de la prévention au sein des organisations pour réduire les coûts de l’invalidité, de l’absentéisme et du présentéisme. «L’ampleur des coûts assumés par les entreprises pour la non-santé de leurs employés peut représenter jusqu’à 17 % de la masse salariale. Ainsi, une entreprise qui a une masse salariale de 100 millions $ peut économiser presque 20 millions $ en adoptant une pratique de gestion favorable à la prévention et promotion de la santé», souligne-t-elle. Sans parler des problèmes de santé mentale au travail où les coûts annuels pour les entreprises canadiennes s’élevaient à 33 milliards $ en 2004, selon une étude, alors qu’un seul cas de dépression engendre des coûts de 10 000 $ par employé en coûts directs et indirects.Selon elle, l’organisation qui réussit à diminuer ou à enlever des facteurs de risque à ses employés verra une augmentation de la productivité et de la qualité du climat de travail ainsi qu’une diminution du taux de maladie et d’invalidité. Du coup, l’employeur diminuera son taux de présentéisme et de roulement de personnel. «Ces indicateurs vont survenir à plus ou moins grande échelle selon le contexte de départ de l’organisation et de l’envergure avec laquelle l’employeur mettra de l’énergie dans l’implantation de ses stratégies de promotion et de prévention de la santé», ajoute la présidente et directrice générale du GP2S.De son côté, Sylvie Mallette avance que ces indicateurs permettent justement de mesurer les retombées des différentes approches qui s’implantent dans le réseau de la santé, comme Entreprise en santé, Planetree et Hôpitaux promoteurs de la santé (HPS). «Nous avons développé au ministère sept indicateurs d’étapes : taux de roulement, taux de postes vacants, ratio d’assurance salaire, taux de fréquence et de gravité des accidents du travail et maladies professionnelles, heures supplémentaires, satisfaction des employés, heures en formation et en développement. Lorsqu’il y a une amélioration de ces indicateurs, nous pouvons dire que l’approche a eu un impact positif sur le climat de l’organisation», explique Mme Mallette.Responsabilité partagée«La promotion de la santé doit être dorénavant perçue comme une responsabilité partagée entre les différents acteurs de la société», estime Mme Pelletier. C’est pourquoi le rôle du GP2S est de travailler avec tous ces acteurs (syndicats, assureurs, distributeur de service alimentaire, municipalité, etc. ) qui gravitent autour de l’employeur. En fait, c’est de faire en sorte que ces différentes parties prenantes facilitent le travail de l’employeur quand vient le temps d’établir une stratégie de promotion de santé dans son milieu de travail.«La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que 80 % des maladies sont évitables. Au fond, le premier bénéficiaire de la santé est l’individu lui-même. Puis, c’est l’employeur qui trouve son compte si son employé est en santé, productif et heureux à son travail. Et ensuite, c’est la société qui en retire des bénéfices en voyant diminuer la facture du budget provincial consacré au domaine de la santé curatif», conclut-elle.Pour 100 travailleurs d’ici…- 80 s’alimentent mal- 66 ne font pas assez d’exercice- 50 ont un excès de poids- 50 présentent un cholestérol élevé- 44 ont un stress modéré ou élevé- 18 fument- 10 sont de grands buveursSource : Groupe de promotion pour la prévention en santé

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