Carl et Kate: démystifier la santé, une vidéo à la fois

Faire connaître le rôle des pharmaciens auprès du grand public, c’est la mission que s’étaient fixée un couple d’étudiants en pharmacie de l’Université de Montréal, en 2020. Aujourd’hui pharmaciens, Carl Potvin et Catherine Deslandes, plus connus sous le nom de Carl et Kate, comptent plus de 123 000 abonnés sur les réseaux sociaux. En plus de leurs courtes vidéos disponibles sur TikTok, Instagram, et YouTube, ils ont lancé leur balado Sous ordonnance, sur YouTube, dans lequel ils abordent des questions récurrentes dans leurs pratiques respectives, en pharmacie communautaire et en GMF.«Ça a vraiment commencé pendant la pandémie, alors que TikTok était en pleine ascension, explique Kate à ProfessionSanté.ca. Tout le monde s’y inscrivait, j’ai donc fait la même chose.»Constatant le peu de pharmaciens parmi les professionnels de la santé sur ce réseau social, elle n’a pas hésité à saisir cette opportunité afin de mieux faire connaître leur rôle auprès du grand public. C’est d’ailleurs à ce moment-là que Carl l’a rejoint dans cette tâche, alors que tous deux entamaient leur dernière année d’études.«On a rapidement vu que les gens avaient un intérêt pour des vidéos éducatives en santé, donc on n’a jamais arrêté», explique Kate. Leur contenu visait à contrer la désinformation présente sur les réseaux sociaux, mais aussi à discuter de sujets tabous et moins fréquemment abordés lors des consultations en personne.Leurs capsules sur des sujets parfois délicats – comme l’éjaculation rétrograde (voir vidéo YouTube) – ouvrent la porte à des discussions plus en profondeur lorsque le patient consulte son pharmacien. «Un de mes patients avait ça comme effet secondaire, explique Carl. Il était gêné d’en parler et ne savait pas si c’était normal vu qu’on n’en entend parler souvent.»Leur travail en pharmacie leur permet justement de constater les questions que se posent souvent leurs patients. Cela leur donne ainsi l’occasion de créer du contenu pertinent facilement accessible pour leur public.À lire aussi: Relève en pharmacie: les médias sociaux, un créneau à investirLeur but n’est pas de remplacer les consultations en personne, mais simplement de donner des informations qui permettront aux abonnés d’aller plus loin et de s’éduquer sur leur santé – et de les inviter à consulter un professionnel de la santé si besoin. «Ce qui est important, c’est de donner les informations scientifiques et véridiques sur le sujet, pour que les gens soient bien informés et puissent prendre leur décision, affirme Carl. Cette décision leur appartient.»Selon un sondage de 2023 de l’Association médicale canadienne (AMC), près de la moitié des francophones au pays ont vu ou entendu du contenu sur la santé qui s’est révélé faux ou trompeur. La population est maintenant plus consciente de la désinformation qui circule en ligne, note Kate. Lorsque leurs abonnés tombent sur une vidéo problématique, ils taguent le compte de Carl et Kate pour les inciter à réagir. Ainsi, quand une vidéo compte plusieurs professionnels de la santé identifiés en commentaire, ou que ces professionnels de la santé produisent des réponses à la vidéo originale, le contenu initial perd de sa crédibilité. Après tout, les algorithmes des réseaux sociaux sont souvent basés sur les interactions entre utilisateurs. Les vidéos produites par les professionnels de la santé en réponse à une désinformation ont donc une plus grande chance de se voir propulsées vers une plus grande audience. «Ça permet de contrer la désinformation», affirme Carl. Puisqu’ils travaillent à temps plein comme pharmaciens, Carl et Kate n’ont pas toujours le temps de produire autant de contenu qu’ils le souhaiteraient. En plus de la production et du montage des vidéos et des balados, une bonne partie de leur temps doit aussi être consacrée à s’éduquer eux-même. En effet, hors de question de véhiculer des informations qui ne seraient pas à jour, dit Kate. «C’est comme de la formation continue qu’on se fait nous-mêmes», blague Carl. À lire aussi: Étiquette des médias sociaux pour les techniciens en pharmacieSelon Kate, le succès de leurs vidéos tient au fait que leur jeune public s’identifie facilement à eux et apprécient leur habileté à communiquer simplement sur des sujets complexes. Cette communication est mise en pratique tant devant la caméra que derrière le comptoir de la pharmacie. Bien que la communication soit toujours clé lors d’une consultation avec un patient, il arrive qu’il n’y ait simplement pas de «bonne ou mauvaise décision» à proprement dit, explique Carl. «Le patient est alors la meilleure personne pour savoir si [un traitement] est une bonne solution pour lui. Mais pour prendre la décision, il faut qu’il ait toutes les bonnes informations.»«Au final, c’est [le patient] qui va vivre avec les conséquences de cette décision», conclut Kate. Ils font néanmoins tout leur possible pour que leur contenu les aiguille au mieux.

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