Cancer: prendre en charge les toxicités cutanées causées par les traitements à base d’ICI

Les inhibiteurs des points de contrôle immunitaires (ICI) sont une classe de médicaments anticancéreux de plus en plus souvent utilisée. Une étude récente a révélé que 43,6% des patients atteints de cancer aux États-Unis seraient éligibles au traitement par ICI et que jusqu’à 12,5% des patients répondraient à ce traitement. Les ICI comprennent les anticorps monoclonaux dans les catégories suivantes: • Ceux dirigés contre la protéine 4 associée aux lymphocytes T cytotoxiques (CTLA-4), comme l’ipilimumab (Yervoy) • Ceux dirigés contre la mort cellulaire programmée 1 (PD-1), comme le nivolumab (Opdivo), le pembrolizumab (Keytruda) et le cémiplimab (Libtayo) • Ceux dirigés contre le ligand de mort cellulaire programmée de type 1 comme l’avélumab (Bavencio), l’atézolizumab (Tecentriq) et le durvalumab (Imfinzi). Plus l’utilisation des ICI se répand en oncologie, plus la documentation sur les effets indésirables cutanés liés au système immunitaire augmente. Une récente revue systématique a décrit les divers sous-types d’effets indésirables cutanés liés au système immunitaire chez des patients atteints d’un cancer traités par ICI et a fourni des recommandations sur les schémas thérapeutiques optimaux sur la base de la littérature actuelle. À lire aussi: Cancer de la prostate: énormes progrès au Canada dans le taux de décès Les auteurs ont trouvé 138 études ayant rapporté 879 effets indésirables cutanés des ICI, liés au système immunitaire. Plusieurs sous-types d’effets indésirables cutanés liés au système immunitaire ont été identifiés: maculopapulaire, prurit, lichénoïde, immunobulleux, psoriasiforme, granulomateux, érythème polymorphe (EM) ou syndrome de Stevens Johnson (SJS), éruption médicamenteuse avec éosinophilie et symptômes systémiques (DRESS), maladie du tissu conjonctif (cheveux, bouche, etc.). Le prurit (223 [25,3%]) a été l’effet indésirable cutané lié à l'immunité le plus fréquent des ICI (survenant souvent avec d’autres effets indésirables cutanés liés à l'immunité), suivi des éruptions maculopapuleuses (153 [17,3%]). Les éruptions buccales (20 sur 21 [95,2%]), immunobulleuses (52 sur 56 [92,9%]), psoriasiformes (67 sur 78 [85,9%]) et lichénoïdes (106 sur 123 [86,2%]) ont été plus souvent rapportées après une monothérapie par inhibiteur PD-1/PD-L1. Les éruptions liées au syndrome d'hypersensibilité médicamenteuse n’ont été signalées qu’après un traitement anti-CTLA-4 ou un traitement combiné anti-CTLA-4/PD-1. À lire aussi: La duplication du génome: facteur de résistance aux traitements des cancers Le délai médian entre le début de l’immunothérapie et l’apparition des effets indésirables cutanés liés au système immunitaire a différé selon le type d'effets indésirables cutanés d'origine immunitaire. L’EM, le SJS et la nécrolyse épidermique toxique (NET) se sont manifestés relativement plus tôt que les autres effets indésirables cutanés liés au système immunitaire, allant de quatre jours à 41 semaines (moyenne de 9,5 semaines). Les éruptions lichénoïdes et immunobulleuses se sont souvent manifestées plus tard, soit entre un jour et 72 semaines (moyenne 21,6 semaines) et entre deux et 80 semaines (moyenne 21,5 semaines), respectivement. Les traitements des effets indésirables cutanés liés au système immunitaire comprennent une combinaison de corticostéroïdes topiques, de corticostéroïdes systémiques, d’agents d’épargne stéroïdienne et l’arrêt des ICI. L’article de synthèse comprend un tableau qui fournit des lignes directrices pour la prise en charge des effets indésirables cutanés d'origine immunitaire de grade 1, 2 ou 3 des ICI, y compris les éruptions maculopapuleuses, lichénoïdes, immunobulleuses, psoriasiformes, granulomateuse, EM/SJS, DRESS, maladie du tissu conjonctif (buccale ou capillaire). Les auteurs notent que les directives les plus récentes (2020) du National Comprehensive Cancer Network fournissent un guide pour la prise en charge des effets indésirables des ICI. Cependant, elles n’abordent que le traitement de certains effets cutanés (éruption maculopapuleuse, prurit et maladies vésiculeuses). La revue actuelle des auteurs, en revanche, est beaucoup plus complète en termes de prise en charge des effets indésirables cutanés des ICI liés au système immunitaire. Elle identifie 11 sous-catégories majeures et 16 sous-catégories mineures d’effets indésirables cutanés des ICI liés au système immunitaire, chacune nécessitant un traitement personnalisé et adapté. Les chercheurs estiment que les résultats présentés dans leur étude fournissent un cadre qui permettra de mieux caractériser les effets indésirables cutanés liés au système immunitaire induits par les ICI et qui pourrait conduire à une meilleure prise en charge des patients.

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