Cancer du sein: la diversité du microbiote intestinal liée à la prise de poids induite par la chimiothérapie

Des chercheurs de l’Université de l’Alberta ont découvert que les patientes atteintes d’un cancer du sein prennent beaucoup plus de poids et que leur microbiome intestinal est davantage perturbé lorsqu’elles sont soignées par chimiothérapie que par hormonothérapie. Ces patientes présentent également des changements dans la localisation des graisses corporelles. Ces résultats suggèrent que les futures interventions visant à lutter contre la prise de poids à la suite d’une chimiothérapie devraient cibler le microbiome intestinal. «Les changements dans les populations bactériennes de l’intestin sont directement liés à une prise de poids malsaine et à une augmentation de la composition de la graisse corporelle chez les patientes atteintes d’un cancer du sein traitées par chimiothérapie», indique l’auteur principal de l’étude publiée dans la revue BMC Medicine, le Dr John Walker, qui est professeur agrégé à la Faculté de médecine et de dentisterie de l’Université de l’Alberta et directeur du service d’oncologie médicale pour le nord de l’Alberta au Cross Cancer Institute d’Edmonton. Les résultats d’une étude australienne réalisée en 2020, publiée dans la revue BMC Cancer, montre que 50% des personnes atteintes d’un cancer du sein sont en surpoids ou obèses avant le diagnostic, mais que ce pourcentage passe à 67% après le traitement. Cette augmentation n’est pas entièrement expliquée par des changements dans le régime alimentaire ou l’exercice physique pendant le traitement. «Les femmes sont généralement un peu moins actives pendant et après la chimiothérapie, mais elles ont aussi tendance à réduire considérablement leur apport calorique», signale le Dr Walker dans un communiqué de presse de l’Université de l’Alberta. «Notre étude montre qu’il existe une explication plus nuancée. Il y a quelque chose d’unique dans cette modulation du microbiome intestinal chez les patientes atteintes d’un cancer du sein qui reçoivent une chimiothérapie.» Le Dr Walker et ses collègues ont suivi 40 patientes atteintes d’un cancer du sein au stade précoce, à qui l’on a prescrit une chimiothérapie, une hormonothérapie ou les deux, après une analyse génétique de leurs tumeurs. Les patientes ont fourni des échantillons de selles et de sang avant l’ablation chirurgicale de leurs tumeurs, avant et après la chimiothérapie ou l’hormonothérapie et un an après le diagnostic. Elles ont également subi une absorptiométrie biénergétique à rayons X (DEXA ou DXA) pour contrôler leur structure corporelle. Les patientes ayant reçu une chimiothérapie présentaient des changements dans les populations de 47 microbes différents dans l’intestin après la chimiothérapie, mais ces changements n’ont pas été détectés chez les patientes ayant reçu une thérapie hormonale. Ces dernières présentaient également des marqueurs inflammatoires nettement plus élevés et des signes d’inflammation dans le côlon. L’évolution du poids après le traitement était significativement différente entre les deux groupes. Les patientes recevant une chimiothérapie ont gagné en moyenne 0,15% de masse corporelle par mois, tandis que les patientes sous hormonothérapie ont perdu en moyenne 0,19% de masse corporelle par mois. La prise de poids était plus importante chez les patientes préménopausées et âgées de moins de 60 ans. Lire aussi: Améliorer le microbiome pour mieux traiter le mélanome Moins de muscle, plus de gras Les résultats du scanneur DXA ont révélé que les patientes traitées par chimiothérapie perdaient plus de masse musculaire et gagnaient plus de graisse abdominale que celles traitées par hormonothérapie seule. Ce type de dépôt de graisse (appelé dépôt de graisse androïde) est un facteur de risque de maladie métabolique. D’autres études ont montré que les personnes présentant un dépôt de graisse androïde plus important ont un microbiome intestinal moins diversifié, notent les chercheurs dans leur article. Ces changements dans la structure corporelle après un traitement chimiothérapeutique suggèrent que même si l’on perd du poids, les modifications dans la composition des graisses corporelles peuvent persister. La perte de poids seule pourrait ne pas être un traitement suffisant pour réduire le risque de maladies métaboliques futures. Les chercheurs suggèrent qu’un traitement complémentaire pourrait être nécessaire pour remédier à la prise de poids après la chimiothérapie. Par exemple, les transplantations fécales ou les agonistes GLP-1 peuvent aider à traiter l’obésité au sein de cette population de patientes. «Le traitement du cancer du sein est une réussite médicale sans précédent. Les taux de guérison dépassent aujourd’hui les 90%, et la survie est donc tout aussi importante, observe le Dr Walker. Nous voulons nous assurer qu’en cas de survie, nos patientes ne soient pas confrontées aux conséquences métaboliques d’une prise de poids pendant le traitement.»

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