Cancer du sein: Découverte d'une protéine qui freinerait la progression des métastases

Des chercheurs montréalais de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) croient avoir trouvé une protéine qui ralentirait la propagation des métastases chez un type de cancer du sein particulièrement dangereux.L'équipe, dirigée par le docteur en biochimie Jean-François Côté, directeur de l’unité de recherche sur l’organisation du cytosquelette et la migration cellulaire à l’IRCM, a identifié la protéine DOCK1 comme étant une cible potentielle pour freiner la progression des métastases chez les femmes atteintes de ce type de cancer.Les résultats de leurs découvertes, réalisées sur des souris, seront publiés en ligne cette semaine par la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).Près de 90 % des décès de patients atteints du cancer sont attribuables aux métastases, d’où l’importance de comprendre les mécanismes moléculaires et cellulaires à la base de ce processus.«Malgré les percées importantes dans le traitement du cancer du sein, peu de mécanismes sont connus pour expliquer la progression des métastases. Nous cherchons donc à identifier les protéines qui régulent le processus de métastase afin que de nouveaux agents puissent être développés et combinés aux traitements actuels», a expliqué le docteur Côté au sujet de l'angle de recherches.Le type de cancer viséDeux principaux sous-types de cancer du sein, soit les HER2+ et les Basal, ont tendance à être métastatiques et récurrents. Le taux de survie des femmes qui en sont atteintes est décrit comme faible.Les recherches réalisées à Montréal ont été menées sur le type HER2+ (récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain), qui représente environ 25 % des cas de la maladie. Ces tumeurs tendent à se développer et à se propager plus rapidement que celles des autres types.La protéine identifiéeEn étudiant un modèle génétique chez la souris représentant le cancer du sein HER2+, les scientifiques ont réalisé que la protéine DOCK1 était un régulateur important des métastases.«Lorsque nous avons éliminé cette protéine chez les souris, nos résultats ont démontré une diminution considérable des métastases aux poumons. Nous avons aussi découvert que la protéine DOCK1 contribue à la croissance des tumeurs », décrit Mélanie Laurin, étudiante au doctorat dans le laboratoire du Dr Côté et première auteure de l’étude.Une analyse de plusieurs bases de données d’expression génique de patientes a été réalisée afin de démontrer une corrélation entre DOCK1 et le pronostic du cancer du sein.«Nous avons effectivement découvert qu’une présence élevée de DOCK1 chez les personnes atteintes des cancers du sein HER2+ ou Basal est associée à un plus faible pronostic, soit la réapparition de la maladie», a précisé le Dr Benjamin Haibe-Kains, chercheur à l’IRCM et directeur de l’unité de recherche en bio-informatique et génomique computationnelle, qui a collaboré avec l’équipe du Dr Côté.Nouvelle moléculeCes découvertes pourraient être prometteuses. «Nos travaux ont défini une nouvelle molécule essentielle à la progression du cancer du sein jusqu’au stade de la métastase, a commenté le docteur Côté. Nous avons aussi démontré qu’un inhibiteur chimique de la protéine DOCK1, développé par notre collaborateur au Japon, le Dr Yoshinori Fukui, bloque la migration des cellules cancéreuses.»Ces résultats combinés pourraient éventuellement mener au développement de médicaments qui limiteraient la propagation des cancers du sein métastatiques et pourraient ainsi améliorer le pronostic des personnes atteintes.Ces travaux ont été subventionnés par la Société canadienne du cancer et le Fonds de recherche du Québec – Santé.Créé en 1967, l’Institut de recherches cliniques de Montréal (www.ircm.qc.ca) regroupe aujourd’hui 35 unités de recherche spécialisées dans des domaines comme l’immunité et les infections virales, les maladies cardiovasculaires et métaboliques, le cancer, la neurobiologie et le développement, la biologie intégrative des systèmes et la chimie médicinale, et la recherche clinique. Plus de 425 personnes y travaillent.L’IRCM est une institution autonome affiliée à l’Université de Montréal et sa clinique est associée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).L’équipe de l’IRCM qui a travaillé sur l’étude consacrée au cancer du sein. De gauche à droite, Benjamin Haibe-Kains, Mélanie Laurin, Jean-François Côté et Ariane Pelletier.

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