Cancer du rectum : Un médicament réduit les métastases à distance

Une importante étude européenne a montré que le fait d’ajouter de l’oxaliplatine à la chimiothérapie préopératoire standard dans les cas de cancer du rectum localement avancé ne favorise pas la résorption de la tumeur. Cependant, une analyse non planifiée des résultats permet de penser que ce médicament de chimiothérapie peut réduire les métastases à distance dans certains cas.L’oxaliplatine (Eloxatin), qui s’est avérée efficace et qui est couramment utilisée dans les cas les plus avancés de cancer du côlon et du rectum, a été évaluée dans une étude multicentrique de phase III portant sur 747 patients atteints d’un cancer du rectum localement avancé qui ont été répartis au hasard pour recevoir soit la chimio-irradiation préopératoire standard, soit le traitement standard plus l’oxaliplatine.Les raisons d’effectuer cette étude étaient multiples, explique le Dr Carol Ashele, auteur principal de l’étude et chef de la clinique du cancer colorectal et gastro-intestinal de l’Hôpital Galliera de Gênes, en Italie. «L’exérèse complète des grosses tumeurs rectales peut s’avérer difficile ou exiger la mise en place d’une colostomie permanente, dit-il.Dans le cas du cancer du côlon, l’oxaliplatine permet d’accroître la résorption des métastases inopérables et de réduire les risques de récurrences métastatiques après la chirurgie.» Dans des cellules cultivées in vitro et des modèles animaux, l’oxaliplatine accroît également l’activité antitumorale de l’irradiation.Les résultats de la recherche du Dr Ashele n’ont montré aucune différence entre les deux volets de l’étude en ce qui concerne la réduction de la tumeur : seulement 16 % des sujets dans les deux groupes ne présentaient aucune tumeur au moment de l’intervention chirurgicale. En outre : 29 % des sujets du groupe oxaliplatine et 30 % des témoins avaient des tumeurs modérément invasives sans atteinte nodale ; 27 % des sujets du groupe oxaliplatine et 25 % des témoins présentaient un cancer des ganglions lymphatiques; des proportions similaires de patients étaient admissibles à une chirurgie conservatrice.Toutefois, la toxicité était considérablement accrue dans le groupe l’oxaliplatine, mais sans que cela ait un impact sur le traitement et la mortalité, indique le Dr Ashele.Lors d’une analyse exploratoire des résultats, on a constaté une différence statistiquement significative dans l’incidence des métastases à distance entre les deux volets de l’étude, mais le nombre de cas était peu élevé: 11 patients dans le groupe témoin, ce qui représentait 3 % de ce groupe, contre 2 dans le groupe de traitement, soit 0,5 % du groupe.Selon le Dr Ashele, «plus de 30 % des personnes atteintes d’un cancer du rectum développent des métastases à distance malgré une intervention chirurgicale optimale et une chimio-irradiation au 5-fluoro-uracile». Compte tenu de cela et du fait qu’on n’a pas observé de réduction locale de la tumeur dans le groupe oxaliplatine, la différence significative constatée en ce qui concernait les métastases à distance était donc surprenante.Le traitement standard du cancer anal reste la meilleure pratiqueUne étude de grande envergure britannique a confirmé qu’il n’y a pas de raison de changer le traitement standard – qui date de 10 ans – du cancer anal, soit la chimioradiothérapie par 5-fluoro-uracile (5-FU) et mitomycine-C.L’étude, appelée ACT II, est décrite comme la plus vaste du genre jamais menée sur cette maladie.Les chercheurs y ont réparti aléatoirement 940 sujets pour être soumis à une radiothérapie associée à une chimiothérapie par le 5-FU et par soit la mitomycine-C, soit le cisplatine. Les sujets ont également été aléatoirement répartis pour recevoir, à la suite de la chimioradiothérapie, un traitement d’entretien par le cisplatine et le 5-FU ou aucun traitement d’entretien.Après un suivi médian de trois ans, on n’a noté aucune différence significative dans les résultats des différents traitements comparés aléatoirement :Le taux de réponse complète à six mois a été de 94 % dans le groupe mitomycine-C, comparativement à 95 % dans le groupe cisplatine;La survie sans récurrence après trois ans a été de 75 % dans les deux groupes;Le taux de survie après trois ans a été de 85 % chez les sujets ayant reçu le traitement d’entretien et de 84 % chez ceux ne l’ayant pas reçu.L’investigateur principal, le Dr Roger James, un radio-oncologue de l’Hôpital de Maidstone, dans le Kent, en Angleterre, a décrit ces résultats comme «de bonnes nouvelles» malgré le manque de preuves d’une amélioration associée à l’utilisation du cisplatine ou du traitement d’entretien.«Dans l’ensemble, pour les patients qui ont participé à cette étude, le résultat est excellent, a-t-il dit. Nous recommandons que la radiothérapie, le 5-FU et la mitomycine continuent à être le traitement standard.»

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