Bilan de l'année et perspectives 2023 dans le milieu de la pharmacie, par nos blogueurs

2023, une année de transition L’année 2022 aura encore été marquée par la Covid-19, mais aussi par le fait que les pharmaciens ont véritablement pris leur place de professionnels de la santé, des professionnels sur lesquels on peut compter. Malheureusement cet élan est, et sera, freiné par le manque de main-d’œuvre: commis, ATP, pharmaciens, même les propriétaires ne se bousculeront pas… Je vois donc 2023 comme une année de transition: réorganisation des milieux de travail, des équipes de travail, des méthodes de travail. On va offrir les services que l’on peut et s’en contenter. La situation actuelle est notre nouvelle réalité, les pharmaciens sont-ils prêts? Ils n’auront pas le choix. En conséquence, les décennies de pharmacie rapide s’arrêtent cette année, les patients y sont-ils prêts? Ils n’auront pas le choix. – Christophe Augé, pharmacien propriétaire et rédacteur en chef de Québec Pharmacie À bas le fax en 2023? Cette année encore, les pharmaciens ont été à l’avant-plan des services de première ligne au Québec. D’alliés dans la lutte contre la Covid-19, en étant prescripteurs majoritaires des traitements contre la Covid-19, à gestionnaires d’impressionnantes pénuries de médicaments courants, les pharmaciens sont plus que jamais au service de la population québécoise. Les demandes ne cessant d’augmenter et la pénurie de personnel s’intensifiant, ce ne sera pas demain matin que le pharmacien retrouvera le calme dans son officine. Du côté des pharmaciens en GMF, on a vu une ouverture à bonifier leurs heures par l’octroi d’un projet pilote dans certaines cliniques et plusieurs ententes de partenariat ont vu le jour. Le pharmacien a maintenant sa place dans l’équipe de soins. Si les virus veulent bien nous «lâcher», je crois que les prochains moins seront teintés de discussions autour de la gestion des données des patients, incluant la confidentialité, mais aussi un meilleur partage de l’information entre les différents intervenants, qui deviennent de plus en plus nombreux. Encore une fois, le manque de personnel se faisant sentir, il est urgent de simplifier et optimiser les processus, dans l’optique de réduire le besoin de main-d'œuvre. Et ça…c’est en passant par l’informatisation et l’automatisation. À bas le fax en 2023? À suivre… – Karina Savoie, pharmacienne chef en pharmacie communautaire et pharmacienne en GMF 2023, l'année du «non» En 2022, les pharmaciens ont continué à faire des miracles. J’ai visité des pharmacies de différentes tailles, bannières et régions. J’ai constaté que collectivement nous avons relevé le défi. Malgré les embûches, nous avons ajusté, substitué, vacciné, et j’en passe. Nos équipes tentent de soutenir le système de santé défaillant avec brio et courage. Mon bilan de l’année serait celui-ci: à tout le personnel qui travaille en pharmacie, du commis à temps partiel au pharmacien propriétaire, je vous lève mon chapeau. Ma prédiction, l’an dernier, était qu'en 2022 les pharmacies atteindraient leur capacité organisationnelle. C’est avec peu d’humilité, mais beaucoup de tristesse que je me donne raison. Remarquez, la prédiction était facile. Je crois sincèrement que 2023 sera l’année du «non». Il faudra que les pharmaciens et leurs équipes apprennent à dire «non». Il faudra le dire au client trop pressé ou qui refuse d’utiliser les outils technologiques même s’il en est capable. Le dire aux partenaires d’affaires qui refusent de développer les systèmes informatiques ou d’automatiser le laboratoire. Aux nouvelles activités qui dépassent notre capacité même une fois bien organisés. Nous aurons mal à notre volonté d’aider, mais charité bien ordonnée commence par soi-même et il faudra se dire que s’il ne reste personne pour travailler en pharmacie, les patients ne seront certainement pas gagnants. – Philip Morgan, vice-président, Crescendo Pharma 2023, une année pour revoir nos façons de faire Allez hop 2023! Déjà? Lorsque j'ai eu à faire des prédictions pour 2022 il y a déjà un an, j'avais d'abord prédit que je me tromperais… 2022 a été pour les pharmaciens d'établissement une année de négociations. La conclusion de celles-ci a permis de réparer les pots cassés par une jambette de l'ancien ministre de la Santé, le docteur Barrette, mais c'est finalement bien peu pour se donner des moyens de demeurer un secteur attractif et compétitif pour les rares ressources humaines requises et disponibles. J'avais prédit une pression énorme sur le système de santé. Je me suis trompé; ça a été pire que ça! Qui aurait cru qu’après la pandémie de COVID-19 on se retrouverait avec le virus syncitial, l'influenza et «avec pas» de travailleurs quasi en même temps…. Si de nombreuses opportunités se sont présentées aux pharmaciens dans les dernières années, il est maintenant temps de s'organiser comme profession, et il est grand temps que le réseau de la santé se décloisonne à la même vitesse que les professions. Cela veut dire essentiellement un dossier médical partagé et accessible à tous. Mobiliser toutes les professions au maximum de leurs capacités pour faire face aux défis de la pénurie est une bonne idée. Mais il faut non seulement décloisonner les professions, mais aussi l'accès à l'information pour que ce système fonctionne. Malheureusement, 2023 sera probablement marquée par une augmentation de la frustration des professionnels de la santé ainsi que des patients. Une autre épidémie frappe le Québec et c'est l'épidémie de chiâlage. Si un des enjeux postpandémie était d'apprendre à vivre avec le virus, il faudra faire de même avec toutes les contraintes qui affectent le travail des professionnels de la santé. S’il y a une couche totalement inutile dans une crise comme celle-là, c'est bien la vocalisation à outrance de toutes nos frustrations. Cela ne fait que miner le moral de tous. Il faut apprendre à faire avec comme on dit. Il nous faudra prendre du recul et regarder au quotidien si nous faisons vraiment les choses essentielles, et les faire de la bonne façon, c'est à dire celle qui est la plus efficiente. 2023 sera sûrement une année pour revoir nos façons de faire afin d'être heureux au travail et surtout ne pas être trop frustrés. Peut-être vais-je me tromper, mais au pire j’espère juste qu’on va commencer ça. Bonne année 2023! – Marc Parent, pharmacien d'établissement Les conditions de travail, l’enjeu de 2023 L'année 2022 a été pour moi marquante à plusieurs égards. Je pense notamment aux signatures de plus en plus nombreuses d’ententes de partenariats de soins par les pharmaciens œuvrant en établissement de santé, reflet d’une belle collaboration interprofessionnelle dans nos milieux. Je note également l’embauche de pharmaciens non détenteurs de maîtrise en pharmacothérapie avancée dans nos centres de longue durée et l’arrivée prochaine des techniciens en pharmacie qui viendra enrichir nos milieux de soins. Mais le plus frappant cette année est définitivement la pénurie de personnel dans le réseau de la santé. Selon moi, l’enjeu dans les années à venir sera en lien avec les conditions de travail offertes aux travailleurs de la santé pour contrecarrer la pénurie de personnel. Si les infirmières quittent vers le privé et que les pharmaciens communautaires se lancent de plus en plus à leur compte – on l'a vu dans la dernière année –, c’est pour reprendre le contrôle sur leurs horaires et leurs conditions de travail. Avoir plus de flexibilité au quotidien, concilier plus aisément vie personnelle et professionnelle, connaître différents milieux de travail et relever de nouveaux défis: voilà les raisons pour lesquelles certains décident d’être à leur compte. La pénurie de personnel au sein du système de santé n’est pas nouvelle et a d’ailleurs été nommée dans les années antérieures comme enjeu de l’année. Elle est le reflet des nouveaux besoins des travailleurs. De la flexibilité, de la reconnaissance, du défi, c’est ce qui sera essentiel pour la rétention de personnel, selon moi. Le système de santé sera-t-il en mesure de répondre à ces nouveaux besoins? Les syndicats et associations professionnelles devront s’adapter et être à l’écoute de ces nouvelles aspirations pour répondre à la demande pour, qu'ensemble, on continue à offrir des soins de qualité à nos patients. – Émilie Mégrourèche, pharmacienne en établissement Vous souhaitez vous aussi faire valoir votre point de vue sur un enjeu du système de santé? Apporter une réflexion vis-à-vis de votre profession? Envoyez-nous un texte d'opinion à titre de professionnel de la santé ou d'association en santé, afin qu'il soit relayé sur le site. Plus d'infos >

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