Le ministre Hébert dénonce le manque de transparence dans la facturation des services pharmaceutiques

Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Réjean Hébert, envisage de modifier la Loi sur l’assurance médicaments pour baliser les honoraires des pharmaciens propriétaires et le prix des médicaments remboursés par les assureurs privés, comme c’est le cas pour le régime public d’assurance médicaments (RPAM).Il a annoncé son intention lors d’une entrevue accordée à Paul Arcand qui portait sur le report de l’entrée en vigueur des nouvelles activités des pharmaciens. Cette entrevue a été diffusée le 30 août sur les ondes du 98,5 FM Montréal dans l’émission matinale Puisqu’il faut se lever.« On va s’engager dans cette voie-là […] , parce qu’il y a nécessité qu’on puisse contrôler l’augmentation des coûts des assurances dans le régime privé. La situation actuelle va nous obliger à [nous] introduire dans la relation entre le pharmacien et les assureurs privés. Je pense que ça, c’est une évidence. »Selon lui, les assureurs privés et leurs assurés paient les médicaments 17 % plus cher que le gouvernement du Québec et certains des assurés du RPAM.De la « transparence » réclamée dans la facturation Il attribue cette différence notable au manque de transparence dans la facturation des pharmaciens propriétaires. « Lorsque vous payez, vous ne voyez pas la partie des honoraires sur votre facture. » D’ailleurs, il a demandé à l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) d’intervenir pour modifier cette pratique.« On a interpellé l’Ordre des pharmaciens pour qu’il puisse y avoir de la transparence dans la facture du pharmacien, pour qu’on sache la partie des honoraires qui est incluse dans le coût du médicament qu’on paie à la pharmacie. Je pense qu’il y a du travail qui doit être fait par l’Ordre [des pharmaciens], car c’est le seul ordre professionnel qui n’exige pas une facture détaillée. »Une réflexion en cours à l’OPQÀ la suite de cette entrevue, l’OPQ a indiqué à L’actualité pharmaceutique qu’il avait pris connaissance des préoccupations du ministre Hébert concernant la transparence de la facturation des services en pharmacie privée. Avant la diffusion de cette entrevue, il avait déjà entrepris des travaux à ce sujet qui pourraient mener à une modification du Code de déontologie des pharmaciens.Ces travaux sont en lien avec un reportage de l’émission La Facture diffusée à Radio-Canada et à RDI en mars 2012 qui avait soulevé « des différences de prix importantes d’une pharmacie à l’autre » dans le cas des médicaments sur ordonnance.L’OPQ préfère ne pas commenter davantage ce dossier pour éviter de s’immiscer dans les négociations en cours entre le ministère québécois de la Santé et des Services sociaux et l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) concernant l’assurabilité des actes de la Loi 41.Une diversion du ministre Hébert selon l’AQPP« Ce sont des menaces à peine voilées. Le ministre réalise qu’il a mal géré le dossier de la Loi 41. Pour faire débloquer le dossier, je pense qu’il a décidé de faire peur aux pharmaciens », affirme à L’actualité pharmaceutique Jean Thiffault, président de l’AQPP.Ce dernier souligne que ce sujet n’a jamais été abordé à la table des négociations. Il reconnaît toutefois que les prix des médicaments dans les régimes privés d’assurance médicaments sont plus élevés que dans le RPAM. « Il y a un écart entre le privé et le public qui se creuse d’année en année pour plusieurs raisons. Cet écart va continuer d’augmenter, principalement en raison de la baisse de prix des médicaments génériques et de l’augmentation du coût des médicaments, par exemple l’utilisation de médicaments biologiques. »Le président de l’AQPP soutient aussi que le RPAM est « sous-financé ». « Si le ministre appliquait les honoraires du public au privé, cela signifierait l’étatisation des pharmacies. Il n’y a pas un pharmacien qui va dire qu’il peut arriver juste avec des honoraires du montant de ceux offerts dans le public. »L’AQPP n’a pas l’intention de recommander à ses membres d’inscrire le montant de leurs honoraires sur les factures des assurés des régimes privés d’assurance médicaments. « Les assureurs connaissent le coûtant des médicaments. Il n’y a de secret pour personne. Je pense que ça causerait pas mal de confusion chez les patients. Sur leur facture, il faudrait séparer les honoraires professionnels, les frais administratifs [p. ex., pour la gestion du produit, le traitement des médicaments périmés, le crédit] et le coûtant de la molécule. Ce serait compliqué. »À son avis, l’inscription des honoraires sur la facture ne résoudrait pas l’écart entre les régimes privés d’assurance médicaments et le RPAM.

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