Assermentation des finissants à l’Université Laval: «Vous êtes le présent et le futur en santé»

Le président du Collège des médecins, le Dr Charles Bernard, en était déjà à sa 8e année à présider des cérémonies de fin de formation. «Ce sont les plus belles journées de mon année», dit-il.«Vous êtes le présent et le futur en santé.» En prononçant ces paroles à l’attention des finissants en médecine 2016 de l’Université Laval, le président du Collège des médecins du Québec, le Dr Charles Bernard, a officiellement lancé le 17 juin la ronde des cérémonies de remise des diplômes aux nouveaux médecins. La même scène se répètera au cours des prochains jours à Sherbrooke et à Montréal.À l’Université Laval, 230 résidents ont prononcé leur serment, soit 105 médecins de famille et 125 spécialistes. À l’Université de Sherbrooke, 59 omnipraticiens et 58 médecins spécialistes vont graduer cette année, pour un total de 181, et à l’Université de Montréal, ils seront 241 (137 spécialistes et 104 médecins de famille).Le Dr Bernard préside ces collations des grades depuis huit ans avec le même bonheur. «Ce sont mes trois plus belles journées de l’année au Collège», souligne-t-il en entrevue.Entre fierté et inquiétudeCes nouveaux médecins entreprennent ou vont entreprendre leur carrière d’ici quelques mois dans un contexte de contraintes majeures marquées par les lois 10 et 20 et les pressions du ministre Gaétan Barrette pour améliorer l’accessibilité et la prise en charge. Certains finissants, particulièrement en médecine familiale, ont vécu cette journée d’assermentation avec un mélange de fierté, mais aussi d’inquiétude face aux exigences et à la politique du bâton du ministre. Le Dr Sébastien David ira pratiquer et faire de la prise en charge en cabinet dans sa ville natale, Salaberry de ValleyfieldCe ne sera toutefois pas le cas du Dr Sébastien David, qui n’a pas trop à craindre des orientations du Dr Barrette. Natif de Salaberry-de-Valleyfield, il aura la chance d’aller exercer dans sa ville natale où il compte faire une pratique en cabinet et faire de la prise en charge et des visites à domicile pour les personnes âgées et en perte d’autonomie. Initialement, il se dirigeait vers la chirurgie générale et y a même fait quelques années avant de se raviser et de choisir l’omnipratique.«Ça me rend heureux de pouvoir suivre des patients pendant plusieurs années et développer un lien thérapeutique avec eux. J’ai vécu des défis en chirurgie et je me sens prêt», lance-t-il avec optimisme.Le Dr Jérôme Patry, qui s’est réorienté vers la médecine après avoir obtenu un doctorat de podiatre, a lui aussi choisi la médecine familiale. Il est actuellement en attente pour obtenir un poste dans une UMF de Lévis et aspire à une pratique très polyvalente.«Je sais de longue date que je veux prendre des patients en charge, mais j’aimerais aussi superviser des résidents, intégrer mes connaissances en podiatrie pour faire de la clinique à plaies et de la recherche en première ligne. Si on permet de faire tout cela, il n’y a pas de doute que je serai très comblé d’être médecin de famille.»Un choix peut-être différent Marie-Pier Bérubé, Roxanne Potvin et Gabrielle Leclerc figurent dans la cohorte des nouveaux médecins de famille formés à l’Université Laval.Marie-Pier Bérubé, Roxanne Potvin et Gabrielle Leclerc sont toutes trois finissantes en médecine familiale.«Ce qui m’a amené à la médecine de famille, dit Marie-Pier, c’est sa diversité, et pouvoir moduler ma pratique au fil de ma carrière. Mais si vous m’aviez posé la question cinq ans plus tôt, peut-être que mon choix aurait été différent.»À compter de juillet, elle va entreprendre une année supplémentaire en médecine d’urgence dans un contexte où les actuels finissants en médecine familiale de ce secteur ne savent toujours pas s’ils obtiendront un poste. On craint que le ministre ne les force à faire de la prise en charge malgré leur formation en médecine d’urgence. Néanmoins, la Dre Bérubé fonce avec un bel optimisme.Sa collègue Roxanne Potvin recherchait aussi la diversité, urgence, hospitalisation, prise en charge, obstétrique. Elle a donc opté pour la médecine familiale après avoir complété son externat. Elle ira pratiquer aux Iles-de-la-Madeleine pour y faire une formation en périnatalité et de la prise en charge. Elle est toutefois un peu inquiète de l’avenir.«Ça ne nous plaît pas du tout ce qui nous attend en médecine familiale. Ce n’est pas encourageant. On y allait pour la polyvalence et on nous impose beaucoup de règlementations pour nous obliger à faire du bureau.» Ces finissants de l’Université Laval ont récité en chœur le serment d’Hippocrate, comme le feront sous peu leurs collègues de l’Université de Sherbrooke et l’Université de Montréal.Sa consœur Gabrielle Leclerc a décidé de faire une année supplémentaire en gériatrie en raison de ses intérêts pour les personnes âgées. Elle demeure néanmoins critique face à la tournure des événements au plan politique.«Je me suis orientée vers la médecine familiale, car on nous l’avait vendu comme une pratique polyvalente. Or, on a décidé que les finissants devront avoir 500 patients en charge au bureau avant de pouvoir commencer une pratique hospitalière, rappelle-t-elle. Ainsi, on s’évite les foudres des médecins de famille qui sont déjà en place ou ceux qui font seulement de l’urgence. On demande à notre génération d’en faire plus. Si tout le monde est dans le même bateau, on va tous faire notre part.»

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