Appel d’offres sur les médicaments génériques : «Un manque total de recours à l’expertise», dit le CPM

Le Conseil pour la protection des malades (CPM) dit comprendre les intentions «nobles» du gouvernement de chercher à diminuer les coûts des médicaments. Toutefois, il considère que le processus d’appel d’offres annoncé la semaine dernière par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, témoigne «d’un manque total de recours à l’expertise».Le président du conseil d’administration du CPM, Me Paul Brunet, soutient que le projet de loi 81 n’est pas outillé pour dénicher «le meilleur produit au meilleur prix».«Le gouvernement du Québec semble encore une fois concentrer toute son attention uniquement sur les coupures, sans égard au bien-être des patients», a dénoncé, jeudi matin, le CPM par voie de communiqué.En entrevue avec Profession Santé, Me Brunet ne cache pas son inquiétude vis-à-vis le «système d’appel d’offres Barrette», qui semble, à ses yeux, être une autre tactique du ministre pour avoir encore plus de contrôle sur le système de santé.«Avec le projet de loi 10, il a centralisé l’organisation des soins dans son bureau. Avec le projet de loi 20, il s’est érigé en grand gérant général de la prise en charge des patients par les médecins. Dans le projet de loi 130, il s’est approprié le pouvoir de réviser toutes les décisions. Il restait un morceau à ce grand ouvrage de centralisation, l’approvisionnement de médicaments. Ça commence non seulement à sentir le goût du pouvoir, mais aussi du danger», explique-t-il.Selon lui, le projet de loi 81, tel que présenté, comporte des risques sérieux pour l’ensemble des Québécois, notamment en ce qui a trait à la sécurité, à la qualité et à l’approvisionnement des médicaments.C’est tout de moins ce que suggère la littérature, qui rapporte de mauvaises expériences dans quelques pays du nord de l’Europe, qui avaient opté pour des produits de la Chine en raison de leur faible coût.«Les normes de qualité beaucoup moins importantes ont causé des problèmes de santé chez certains patients», note le président du conseil d’administration du CPM.Et le cahier de charges?C’est le manque d’encadrement qui cause problème, selon lui. Il trouve inconcevable que le ministre s’entête à vouloir mettre en place un nouveau système d’appel d’offres, et ce, en dépit de son manque d’expertise.La solution selon Me Paul Brunet : s’en tenir à l’application de la Loi sur les contrats des organismes publics, qui régit l’ensemble de l’approvisionnement des organismes gouvernementaux. Cette dernière prévoit déjà des exigences en terme de sécurité et de qualité afin de protéger le public.«Quand le ministère des Transports achète de l’asphalte, il y a plusieurs pages de spécifications liées à la qualité, à la quantité et à la sécurité du produit. Pour les médicaments, à date, il n’y a rien, s’indigne-t-il. Nous sommes plus précautionneux pour acheter de l’asphalte que des médicaments, cela ne fait pas très sérieux.»Comment irons-nous en appel d’offres? Quel degré de qualité et de sécurité exigerons-nous et obtiendrons-nous de la part des soumissionnaires? De quelle façon allons-nous garantir l’approvisionnement? Voilà quelques questions auxquelles Me Brunet exige des réponses.«Quand nous allons en appel d’offres, il n’est plus possible de transiger avec d’autres fabricants que le soumissionnaire le plus bas», rappelle-t-il.En attenteBien qu’il aimerait jouer un rôle plus important dans le dossier des appels d’offres, le président du conseil d’administration du CPM doit se contenter de regarder la parade.«Depuis quelques années, le Conseil pour la protection des malades demande un siège d’observateur, pour savoir ce qui se dit et se passe. Malheureusement, ça a l’air que ce n’est pas l’affaire des malades que de savoir ce qui se passe et ce qui adviendra de la qualité des soins ou des médicaments», déplore-t-il.

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