Nouveaux actes: «L'implantation en officine reste un problème»

Les pharmaciens communautaires peuvent faire plus pour le réseau de la santé, mais la rémunération de leurs services représente un défi freinant leurs ardeurs.C'est le principal constat à émerger de la plénière qui concluait le congrès annuel de l'Association des pharmaciens du Canada, le 31 mai dernier à Montréal. La plénière était animée par André Picard, journaliste spécialisé en santé publique au quotidien The Globe and Mail.Les quatre panélistes ont analysé les importants changements qui surviennent dans la pratique professionnelle des pharmaciens communautaires canadiens, dont certains ont aujourd'hui le droit de prescrire et d'adapter des ordonnances ou d'offrir de nouveaux services cliniques à leurs patients.« Grâce à sa grande accessibilité, le pharmacien est l'atout du jeu de cartes qui n'est pas assez utilisé dans le réseau de la santé, a souligné Bob Nakagawa, pharmacien de formation et sous-ministre adjoint au ministère de la Santé de la Colombie-Britannique. Il ne faut pas oublier que le pharmacien est souvent le professionnel de la santé qui initie la conversation avec les patients. »« Il faut aussi que les instances comprennent qu'il est vrai que les médicaments coûtent cher, mais que, bien utilisés, ils représentent un excellent investissement, a ajouté Denis Roy, directeur des services professionnels chez Pharmaprix. Et les pharmaciens sont les professionnels qui détiennent la plus grande expertise dans l'évaluation de la thérapie médicamenteuse. »Le pharmacien propriétaire ontarien Sean Simpson a de son côté expliqué que des interventions plus pointues, comme les Medchecks, pouvaient certes avoir un impact positif sur la santé des patients, mais également faciliter les relations entre eux et leur pharmacien. « Dans cette profession, il vaut toujours mieux être proactif que réactif. »Sean Simpson a néanmoins admis que la rémunération des services à valeur ajoutée offerts par les pharmaciens ne constituait pas présentement un incitatif à ce type de pratique. « Les nouvelles pratiques sont pour moi une bénédiction et une malédiction. Il faut reconnaître que leur implantation en officine, où nous devons assurer un important roulement d'ordonnances, est un problème. »« Le modèle idéal de rémunération est en effet un problème qui n'est pas encore résolu », a renchéri Bob Nakagawa. Il faudra bien reconnaître un jour la complexité grandissante des services offerts par les pharmaciens. »Pour Stacy Johnson, directrice des services professionnels chez Canada Safeway Pharmacy, unemeilleure rémunération des pharmaciens pour leurs services dépendra en bonne partie de leurs efforts futurs à mettre en valeur leur expertise auprès du public.André Picard a ensuite demandé aux panélistes s'il était possible d'envisager d'autres modèles de rémunération. Il a notamment proposé que les pharmaciens salariés obtiennent directement les honoraires plutôt que cet argent soit versé aux propriétaires, qui leur versent ensuite un salaire. Selon les panélistes, ce modèle ne serait pas viable, car il serait difficile de dégager les revenus nécessaires pour assurer le fonctionnement des pharmacies.Quant à la diminution du prix des médicaments génériques en Ontario et au Québec, les panélistes ont conclu qu'il n'était pas utile, maintenant que les politiques ont été adoptées, de rouspéter. « Nous devons surtout nous assurer de faire comprendre notre point de vue aux gouvernements et le meilleur moyen d'y parvenir est de leur présenter également des solutions », a expliqué Denis Roy.

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