Anxiété chez les enfants et les adolescents: de nouvelles lignes directrices canadiennes

C’est la première fois que la Société canadienne de pédiatrie formalise sa position, en partie pour répondre à une «forte demande d'orientation générale», affirme le Dr Benjamin Klein, l'un des auteurs principaux des lignes directrices. En effet, alors que les problèmes de santé mentale étaient déjà en croissance avant la pandémie, celle-ci a accentué la pression sur de nombreux enfants et adolescents, explique-t-il. Selon lui, les professionnels de la santé devraient disposer de conseils clairs sur la façon de distinguer une réaction au stress adaptée à l’âge et quelque chose de plus grave. «Je pense que les gens sont généralement conscients que le traitement de l’anxiété consiste en des médicaments et de la thérapie. Mais quoi faire exactement et quand? Quels médicaments faut-il utiliser? Quand faut-il parler d’anxiété? Quelles questions pouvez-vous poser aux parents et aux enfants pour établir un diagnostic?» résume le Dr Klein, pédiatre spécialiste du développement qui exerce à Brantford, en Ontario. Il y a une assez grande variabilité dans la façon dont on aborde le traitement de l'anxiété, ajoute-t-il. Documents de principes Les deux documents de principes publiés par la SCP devraient ainsi clarifier les façons de faire. Le premier porte sur le diagnostic de l'anxiété chez les enfants et les adolescents. Il passe en revue l’épidémiologie et les caractéristiques cliniques avant de décrire le processus d’évaluation. Le second document est consacré à la prise en charge. Il passe en revue les données probantes et aborde les différentes approches cliniques pour le traitement, mais aussi la prévention et la pharmacothérapie. Le Dr Klein indique qu’une fiche de conseils est également en cours de préparation pour aider les parents et les soignants à reconnaître les signes qui méritent d’être signalés à un médecin. Les peurs pendant l’enfance et l’adolescence font partie du développement normal, notent les lignes directrices. Cependant, les symptômes des troubles anxieux vont bien au-delà du comportement typique et incluent des réactions disproportionnées ou déformées et persistantes qui ont des répercussions significatives sur la vie quotidienne. Par exemple, les inquiétudes d’un enfant concernant ses notes peuvent être considérées comme normales si elles n’ont pas d’impact sur ses activités scolaires ou familiales. Toutefois, si les inquiétudes sont constantes et excessives et qu’elles se traduisent par un retrait social, des troubles du sommeil et de la concentration, elles peuvent indiquer des problèmes plus profonds. Pas de dépistage systématique La SCP ne recommande pas le dépistage de l’anxiété si l’enfant ou l’adolescent ne présente pas de signes ou de symptômes. Cette recommandation va à l’encontre de celle établie par un groupe de travail américain sur les services préventifs (US Preventive Services Task Force), qui a exprimé avec une «certitude modérée» que le dépistage des enfants de 8 à 18 ans présente «un bénéfice net modéré». Le Dr Klein estime que le dépistage systématique présente un «gros inconvénient» car il peut détecter de faux positifs et mettre davantage à l’épreuve la capacité déjà limitée du système de santé à évaluer et à traiter les cas plus graves. «Le dépistage est une question qui fait l’objet d’un débat assez vif», admet-il. «Les problèmes habituels du dépistage sont l’identification d’un grand nombre de faux positifs que l’on soumet maintenant à une évaluation plus poussée et à un traitement éventuel potentiellement nuisible.» Anxiété en hausse au pays Les lignes directrices suggèrent que l’anxiété est en hausse au Canada, citant une étude de 2018 qui a révélé que les troubles diagnostiqués chez les jeunes de 12 à 24 ans ont plus que doublé, passant de 6% en 2011 à 13% en 2018. Le Dr Klein affirme qu’il est difficile de déterminer dans quelle mesure la pandémie a pu contribuer à l’anxiété, mais il pense qu’elle a joué un rôle. Selon lui, des activités adaptées à l’âge des enfants, avec leurs amis, leur famille et la communauté scolaire, peuvent les prémunir contre les problèmes de santé mentale et favoriser un développement normal et sain. «Il est évident qu’avec la pandémie, il y a eu une grande restriction de ces expériences enrichissantes, donc vous allez voir des problèmes de santé mentale et un développement sous-optimal», croit le médecin. Prenons un enfant qui n'a pas progressé en lecture et en mathématiques autant qu’il aurait dû, maintenant cette personne est de retour à l’école et ça ne se passe pas aussi bien. Donc, il subit plus de stress et c’est plus anxiogène, ce qui s'ajoute à ses difficultés, donne comme exemple le Dr Klein.

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