Aide médicale à mourir: 66% de médecins favorables, mais seulement 41% prêts à poser le geste

Soutenir le principe de l'aide médicale à mourir est une chose, le mettre en application en est une autre. Voici ce que montre un sondage commandé par l’Association médicale du Québec (AMQ) dont les résultats ont été publiés le 15 septembre, puis repris lors de son passage devant la Commission parlementaire.D'après les résultats du sondage, 66% des médecins québécois seraient en faveur de l’aide médicale à mourir. Toutefois, seulement 41% d’entre eux seraient prêts à acquiescer à une telle demande et 30% refuseraient. Par ailleurs, 30 % des répondants ont déclaré ne pas savoir ce qu'ils feraient.Plus révélateur, une analyse des résultats du sondage indique que les médecins ayant une pratique professionnelle davantage associée aux soins de fin de vie seraient moins enclins à répondre positivement à une demande d’aide médicale à mourir.«On peut donc conclure qu’il est possible d’être confronté à des difficultés ponctuelles d’application de la loi», a réagi le président de l’AMQ, le Dr Laurent Marcoux, lors de son passage devant les membres de la commission à Québec.Si le taux de soutien du milieu médical envers l’aide médicale à mourir peut sembler important, il demeure loin de celui que l’on retrouve dans la société, qui s’élève à 85%. La variation est de près de 20 points de pourcentage entre les deux parties.«L’écart entre l’acceptation sociale et l’acceptation médicale de l’aide médicale à mourir est donc suffisamment important pour qu’on s’en préoccupe. Il faut toutefois noter que, selon toute vraisemblance, cette acceptation est en hausse au sein de la profession médicale depuis l’amorce du débat en 2009», lit-on dans le mémoire de l’AMQ.Néanmoins, le Québec fait bande à part avec le reste du Canada sur cette question majeure. Lors du Conseil général de l’Association médicale canadienne tenue à Calgary en août, l’AMQ a échoué dans sa tentative d’inciter ses pairs à demander aux gouvernements provinciaux de procéder à une vaste consultation publique, comme celle qui a été faite au Québec en 2011, sur la possibilité de reconnaître l’aide médicale à mourir comme un soin approprié de fin de vie.RenforcementLe projet de loi 52 précise les critères qui seraient requis pour obtenir l’aide médicale à mourir. Ceux-ci sont très limitatifs, mais l’AMQ est d’avis qu’ils pourraient l’être encore plus.«Le caractère limitatif des conditions permettant à un patient d’obtenir l’aide médicale à mourir pourrait être renforcé de façon à préciser la nature du «déclin avancé et irréversible de ses capacités», précise l’AMQ dans son mémoire.Il s’agit ici d’introduire la notion de déclin avancé menant à une mort imminente, par opposition à un état de santé très incapacitant, mais qui peut suggérer une espérance de vie relativement longue, dans des conditions qui pourraient être acceptables.»«Le renforcement des critères permettant l’accès à l’aide médicale à mourir préviendra sans doute des demandes formulées pour des motifs que plusieurs jugeraient non fondés, évitant les dérives que plusieurs disent craindre, croit l’AMQ. Il ne faut pas perdre de vue que l’aide médicale à mourir doit rester un choix marginal et que d’autres avenues doivent être accessibles au patient en fin de vie.»Problème de conscience L’Association s’est par ailleurs dit d’accord avec une autre disposition du projet de loi au sujet des médecins ayant des objections de conscience. Le législateur a prévu qu’en cas de demande d’aide à mourir, le médecin traitant devra en aviser le DSP et lui transmettre le formulaire de demande.«Le médecin objecteur de conscience n’aura donc pas à porter l’odieux de trouver un collègue qui ne partage pas ses convictions personnelles, commente l’AMQ. Il s’agit pour nous d’une amélioration significative puisqu’elle dégage le médecin objecteur de conscience de tout engagement dans un processus de soins auquel il ne veut pas être associé.»Commission sur les soins de fin de vieLe projet de loi prévoit la création d’une Commission sur les soins de fin de vie. L’AMQ réclame qu’elle relève non pas du ministre de la Santé, mais de l’Assemblée nationale qui devrait en nommer les membres. Le rapport annuel de cette Commission devrait aussi être rendu public, ce qui n’est pas précisé pour l’instant.

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