Agression sexuelle sur une patiente: un médecin radié à vie

Maurice Bosembo Ilondjo, ex-médecin de famille inscrit au tableau du Collège des médecins du 20 mars 2014 au 18 août 2020 a été déclaré coupable par le Conseil de discipline le 11 octobre dernier d’avoir usé de son statut pour agresser sexuellement une patiente. C’est toutefois le 30 mars dernier que la sanction a été annoncée: il écope d'une amende de 7000$ et d'une radiation à vie. Les faits reprochés remontent à 2016: sa patiente le consulte alors à la Clinique médicale Medillys de Blainville pour une douleur au dos. L’intimé lui conseille d'abord des traitements de physiothérapie ou de massothérapie, mais la patiente lui indique qu’elle n’a pas d’assurances privées donc n’en a pas les moyens. Deux mois plus tard, elle se représente à la clinique en soirée pour consulter le médecin pour la même raison. M. Bosembo lui diagnostique une entorse dorsolombaire et lui propose d’effectuer des manoeuvres de massage pour la soulager. La patiente se couche sur le ventre sur la table d’examen, le dos dénudé, et le médecin commence à la masser. Puis, commence à glisser son pénis sur les fesses de la patiente. Celle-ci tente de se relever de la table d’examen, mais M. Bosembo l’en empêche. Malgré ses protestations, il lui répond qu’il a besoin de «la chaleur africaine» et qu’il n’allait pas la pénétrer, mais qu’il «avait besoin de ça». Il continue ainsi à se frotter contre elle jusqu’à ce qu’il éjacule sur les vêtements de la victime. L’ex-médecin a ensuite tenté de minimiser la gravité la situation en soulignant qu’elle n’était plus une enfant tout en ricanant, peut-on lire dans la décision du Conseil de discipline. Lorsqu’elle est sortie de la salle d’examen à 19h50, la clinique était déserte. Selon le Conseil, le fait qu’il ait vu sa patiente en soirée lorsque la clinique était fermée laisse croire que les manquements déontologiques de M. Bosembo avaient un caractère prémédité. Perte de confiance envers les médecins Comme mentionné dans la décision disciplinaire, la syndique adjointe indique que l’ex-médecin a «abusé de sa force physique pour assouvir ses propres besoins, ce qui va à l’encontre de la raison d’être de la profession de médecin». Selon elle, le comportement de l’intimé a comme conséquence de faire perdre la confiance du public à l’endroit de la profession du médecin. «Ces événements laissent croire au public que toute patiente est à risque et peut se faire abuser par son médecin, particulièrement dans un contexte de vulnérabilité», peut-on lire dans la décision. Risque de récidive? Il a été impossible pour le Conseil de discipline de juger du cheminement de l’intimé depuis les événements puisque ce dernier ne s’est ni présenté à l’audition sur culpabilité ni à l’audition sur sanction. En effet, son absence n’a pu permettre de confirmer que l’ex-médecin comptait entreprendre une thérapie ou alors de suivre un programme d’intervention pour améliorer son comportement et ses attitudes dans le but de réintégrer la profession. «L’absence de M. Bosembo ainsi que de toute preuve d’un suivi thérapeutique ou encore de démarches visant à suivre une formation quelconque ne convainquent pas le Conseil d’écarter un risque de récidive de sa part», mentionne la décision disciplinaire. Travaux communautaires La victime affirme que l’événement l’a déshumanisée. Depuis 2018, elle est soutenue par le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS). En avril 2019, elle a par ailleurs porté plainte à la police de Blainville. À ce moment, le médecin est entré en contact avec la femme via une connaissance commune afin de tenter de la convaincre de retirer sa plainte et de «régler ça en famille». L’ex-médecin a été accusé d’agression sexuelle et d’avoir tenté de porter entrave à la justice en avril 2020. Lors du procès qui s’est tenu au palais de justice de Saint-Jérôme cet hiver, il a plaidé coupable et a été condamné à une probation de trois ans ainsi qu’à 240 heures de travaux communautaires.

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