Affaire Angita Pharma: des premiers pharmaciens sanctionnés

En 2019, le syndic de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) a lancé une enquête sur plus de 200 pharmaciens. On leur reprochait certaines pratiques commerciales avec Angita Pharma, une entreprise pharmaceutique dont le modèle d’affaires repose sur la vente de molécules génériques destinées exclusivement aux patients détenant un régime privé d’assurance médicaments. Au total, 73 pharmaciens affiliés à l’enseigne Jean Coutu ont été visés par des plaintes disciplinaires à ce sujet cette même année. À lire aussi: Angita Pharma: Des pratiques commerciales qui soulèvent questions et préoccupations Selon l’enquête du syndic de l’OPQ, ces pharmaciens étaient alors soupçonnés d’avoir permis à des employés d’Angita Pharma d’avoir accès aux dossiers de milliers de patients en échange de ristournes importantes. Les employés de la compagnie pharmaceutique avaient ainsi inscrit des notes de rappel dans certains dossiers, afin que les employés de la pharmacie voient une fenêtre surgissante de type «pop-up», au moment du renouvellement de l’ordonnance par le patient. Cette note avait pour but d’aviser l’employé de proposer au patient de substituer le médicament à renouveler par un médicament générique d’Angita Pharma. Trois chefs d’accusation L’audition sur sanction des dossiers avait commencé le 6 juin 2022, et a repris, après une longue pause, le 8 juin 2023 pour se terminer le 12 juillet pour des raisons hors du contrôle des parties et du Conseil de discipline, peut-on lire dans les décisions. Sur les 73 pharmaciens visés par des plaintes, neuf ont été acquittés et un est décédé, a appris ProfessionSant.ca. Pour les autres, 23 décisions ont déjà été rendues, mais seulement neuf ont été publiées à ce jour. Les décisions restantes seront dévoilées sous peu. Ainsi Martin Chouinard, Manuel Tremblay, David Patry, Claude Bourgoin, Sylvain Arsenault, Julie Lessard, Ramez Farag, Georges Ibrahim et Eugène Sabbagh, ont tous été reconnus coupables de trois chefs d’accusation par le Conseil de discipline. Ces chefs incluent le fait d’avoir fourni un service pharmaceutique à des patients en collaborant avec un employé d’Angita Pharma, d’avoir fait défaut de respecter le secret de tout renseignement de nature confidentielle en permettant à une personne agissant pour le compte de l’entreprise pharmaceutique d’avoir accès aux dossiers de ses patients, et finalement d’avoir fait usage de renseignements de nature confidentielle en vue d’obtenir un avantage pour lui-même ou pour autrui en utilisant du profil pharmaceutique des patients pour favoriser la substitution de médicaments de la compagnie. «Ces inconduites présentent un degré de gravité objective élevé et se situent au cœur de l’exercice de la profession de pharmacien. La protection du public est directement mise en cause par celles-ci», a souligné le Conseil de discipline. Les pharmaciens incriminés devront donc payer chacun 45 000$ d’amendes. Ils devront aussi indiquer dans chaque dossier des patients visés par la pratique cette note: « Le […], un représentant du fabriquant Angita Pharma a accédé au dossier, sans l’autorisation du patient, afin d’y insérer une note visant à suggérer de substituer, lors du prochain service, un ou plusieurs médicaments Angita.»

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