Un diabétique de type 2 sur cinq cesse sa pharmacothérapie orale dans l’année suivant le début de son traitement

Selon une étude de la Chaire sur l’adhésion aux traitements de l’Université Laval, publiée dans la revue Diabetes & Metabolism en 2013, un patient sur cinq (21 %) avec un diagnostic de diabète de type 2 cesse la prise de son traitement antidiabétique oral moins d’une année après l’avoir débuté1.Autre donnée inquiétante tirée de cette étude, 22 % des patients qui continuent de prendre leur antidiabétique oral ne sont pas observants malgré tout.Cette étude a été menée auprès des assurés du Régime public d’assurance médicaments.Si on additionne ces deux statistiques, on obtient un résultat quelque peu décevant.« Environ 40 % des patients qui commencent un antidiabétique oral sont non adhérents à leur traitement durant l’année qui suit, s’inquiète la pharmacienne Line Guénette, chercheuse à la Chaire sur l’adhésion aux traitements de la Faculté de pharmacie de l’Université Laval et auteure principale de cette étude. Par conséquent, il serait important d’intervenir efficacement, compte tenu des conséquences d’un diabète non contrôlé. »MéthodologieCette étude de cohorte populationnelle, intitulée La difficulté à adhérer à un traitement antidiabétique : les facteurs associés à la persistance et à l’observance, visait les trois objectifs suivants :Déterminer la persistance au traitement chez les nouveaux utilisateurs d’antidiabétique oral un an après l’initiation du traitement;Parmi les individus persistants, évaluer leur observance au traitement;Identifier les facteurs associés à la persistance et à l’observance.Pour réaliser leur étude, les chercheurs ont utilisé les banques de données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Ils y ont sélectionné les nouveaux utilisateurs d’antidiabétique oral ou d’insuline qui étaient âgés de 18 ans ou plus entre 2000 et 2008. Comme leur étude portait sur le diabète de type 2, ils ont exclu les personnes qui prenaient uniquement de l’insuline à l’amorce de leur traitement.Ils ont considéré comme persistantes à leur traitement, « les personnes qui ont acquis une ordonnance pour un traitement antidiabétique oral dans la période précédant le premier anniversaire de leur première acquisition [45 jours pour les antidiabétiques oraux et 90 jours pour l’insuline] ».Parmi ces personnes, ils ont jugé observants les individus qui étaient couverts par un antidiabétique oral ou de l’insuline pendant plus de 80 % de l’année suivant l’instauration de leur traitement.Enfin, ils ont identifié des caractéristiques associées à la persistance et à l’observance (voir tableau ci-dessous) en utilisant des modèles statistiques (régression logistique multivariée).Plus du tiers des individus non adhérentsSur les 151 173 individus inclus dans l’analyse, 119 832 (79,3 %) ont été considérés comme persistants et 31 341 (20,7 %) comme non persistants. Parmi les personnes persistantes, 93 418 (78,0 %) ont été jugées observantes et 26 414 non observantes (22 %).Sur l’ensemble des individus de l’étude (151 173), 61,8 % ont été adhérents (persistants et observants) et 38,2 % non adhérents (non persistants et non observants). Les individus persistants ont été couverts par un antidiabétique oral en moyenne 86,3 % des jours dans l’année suivant le début de leur traitement.Facteurs associés à plus de persistance et d’observance au traitement :Âge de 55 ans ou plus;Vivre dans une région rurale;Statut socioéconomique bas à modéré;Premier antidiabétique oral prescrit par un médecin généraliste;Traitement initial avec de la metformine ou autres1;7 visites médicales ou moins dans l’année précédant l’initiation de l’antidiabétique oral;Utilisation de cinq médicaments différents ou plus dans l’année précédant l’instauration de l’antidiabétique oral.Facteurs associés à moins de persistance et d’observance au traitement :Âge entre 18 et 54 ans;Vivre dans une région urbaine;Statut socioéconomique élevé;Premier antidiabétique oral prescrit par un endocrinologue ou un interniste;Traitement initial avec un sécrétagogue;8 visites médicales ou plus dans l’année précédant l’initiation de l’antidiabétique oral;Utilisation de quatre médicaments différents ou moins dans l’année précédant l’instauration de l’antidiabétique oral.Aucune différence significative n’a été observée entre les hommes et les femmes.« Plusieurs facteurs associés à la persistance et à l’observance, qui ont été identifiés dans notre étude, pourraient aider à l’élaboration d’interventions conçues pour prévenir les problèmes d’adhérence et optimiser l’utilisation des traitements antidiabétiques », recommandent les chercheurs. Référence Guénette L, Moisan J, Breton MC, Sirois C, Grégoire J-P, Difficulty adhering to antidiabetic treatment : Factors associated with persistence and compliance. Diabetes & Metabolism 2013; 39 (3): 250-257.

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