Action collective de l'AQPP: les pharmaciens visés dénoncent la démarche de l’Association

Au lendemain du dépôt de l’action collective de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) contre certains de ses membres pour pratiques anticoncurrentielles, le Regroupement des pharmacies de médicaments de spécialité du Québec (RPMSQ) – dont tous les membres du conseil d’administration sont mis en cause par l’AQPP – se défend. Via un communiqué, il qualifie l'action collective d'une démarche «davantage motivée par des enjeux commerciaux et par le désir de protéger un modèle d'affaires traditionnel plutôt que par la défense des intérêts des patients.»Accusés d’ententes avec des gestionnaires de programmes de soutien aux patients (PSP), de mainmise sur le marché québécois des médicaments de spécialité et d’atteinte à la sécurité et à la liberté des patients, les pharmaciens visés vont à l’encontre des règles déontologiques qui régissent leur profession, avait affirmé le président de l’AQPP Benoit Morin à ProfessionSanté.ca, en entrevue hier: «Le respect du choix du patient et sa mise à l’abri d’accords commerciaux est l’une des valeurs fondatrices de notre système de santé.» De leur côté, les pharmaciens mis en cause assurent, par la voix de la RPMSQ, adhérer «à un Code de conduite qui inclut notamment la responsabilité de valider systématiquement le consentement des patients à qui ils offrent des services». Le RPMSQ prône la «complémentarité des services»L'AQPP considère plutôt que ces pratiques qui mettent surtout en péril la santé financière de toutes les autres pharmacies communautaires de la province: le chiffre d’affaires de certaines pharmacies dites de spécialité peut atteindre plus de 310 M$ par an en moyenne, contre 7 millions pour une pharmacie traditionnelle, argue l’Association dans son communiqué publié hier. Parmi les autres critiques, le peu d’activités cliniques réalisées par ces six pharmacies – à peine 1%, s’agace Benoit Morin –, quand elles détiennent plus de 40% de la distribution de médicaments de spécialité, selon les données dévoilées mercredi par l’AQPP. Des arguments balayés par le RPMSQ, qui prône plutôt «la complémentarité des services offerts par les différentes pharmacies» afin d’«optimiser les expertises de chacun pour le bien-être des patients», notamment dans le contexte actuel de pénurie de main-d'œuvre et de ressources, indique leur communiqué.À lire aussi: Médicaments de spécialité: l’AQPP dépose une action collective contre certains de ses membresAlors que le président de l’AQPP assure avoir essayé de sensibiliser les pharmaciens aux enjeux d’un tel «réseau opaque de distribution verticale», et avoir déposé une quarantaine de plaintes auprès de la RAMQ en plus des diverses sanctions prononcées par le conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens (OPQ), le RPMSQ dit regretter «que l'AQPP ait initié une telle démarche sans d'abord chercher des avenues de collaboration avec les pharmacies visées» et ne compte pas stopper cette pratique: «Nous continuerons de travailler en collaboration avec tous les intervenants du système de santé pour améliorer l'accès aux soins et la qualité des services offerts aux patients.»En plus des dix pharmaciens et des six pharmacies, l’action collective de l’AQPP concerne aussi trois gestionnaires de PSP et trois centres de perfusion.

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