Acheter ou louer sa voiture? En son nom propre ou via sa société?

Dossier | Diagnostiquer ses finances pour soigner son avenir | Profession Santé, mai 2025 | Supplément webVaut-il mieux acheter ou louer sa voiture ? Et vaut-il mieux le faire à titre personnel ou par l’entremise de son entreprise? «Il n’y a pas de réponse toute faite», prévient d’emblée Ronald Miglierina. Pour illustrer son propos, le directeur solutions et planification financière chez Fonds FMOQ brandit un document du Centre québécois de formation en fiscalité qui fait référence. Celui-ci compte pas moins de 11 pages écrites en petits caractères pour répondre de manière précise et rigoureuse à cette double question. «Il faut considérer plusieurs paramètres et critères pour prendre une décision éclairée», insiste le planificateur financier, fiscaliste et notaire en signalant qu’il n’y a qu’une certitude: «La voiture est une dépense et non un investissement».À haut niveau et «financièrement parlant», le conseiller en gestion de patrimoine à la Financière des professionnels Nicolas Karaoglanian estime que «l’achat demeure la meilleure option à long terme. Une voiture bien entretenue peut facilement durer dix ans», souligne-t-il. Un temps suffisamment long pour rentabiliser sa dépense et amortir la perte de valeur du véhicule. À lire aussi: La pharmacoéconomie pour les nulsÀ l’inverse, «quelqu’un qui est passionné de voitures et qui veut en changer souvent, aux trois ou quatre ans, aura tout intérêt à louer», recommande le conseiller. L’entretien régulier reste en effet à la charge du concessionnaire et, généralement, le contrat de location se termine avant des frais importants comme les pneus ou les freins. Pour Ravy Pung, planificatrice financière au Centre d’expertise-conseil de la Banque Nationale, les deux options ont leurs avantages et leurs inconvénients. Elle pose l’équation ainsi: «À l’achat, le montant initial et les mensualités sont plus élevés, mais on peut revendre sa voiture quand on veut et faire autant de kilomètres que l’on veut. À la location, le dépôt initial et les mensualités sont plus faibles, mais on paye tout le temps une voiture qui ne nous appartient pas, dont on peut difficilement se départir avant la fin du contrat, et avec laquelle le kilométrage est limité.»Avantage fiscal à la locationEn définitive, «c’est avant tout une question personnelle. Est-ce qu’on désire posséder sa voiture ou pas? Est-ce qu’on veut la garder longtemps ou pas?» résume Caroline Marion. La conseillère principale en stratégie d’affaires chez Desjardins mentionne toutefois que sur le plan fiscal, «on a plus de déductions potentielles avec la location». Ainsi, la déduction pour amortissement s’applique (à un taux de 30%) sur un plafond de 38 000$ pour l’achat d’un modèle à essence en 2025 et de 61 000$ pour celui d’une voiture électrique. Au terme de quatre années, il est possible de déduire 28 872$ pour le premier et 46 353$ pour la seconde. Le plafond de déductibilité des frais de location est quant à lui de 1100$ par mois (peu importe la motorisation), soit 52 800$ à la fin d’un contrat de location de 48 mois.Plutôt en nom propre La question de savoir s’il est avantageux de détenir ou de louer sa voiture via sa société semble moins épineuse. Ce n’est pas une option recommandée spontanément par les experts consultés par Profession Santé. «C’est une solution à prendre des pincettes», considère Caroline Marion en ajoutant que les dépenses d’entreprise déductibles d’impôt sont soumises à des règles strictes. Or, «les autorités fiscales vérifient beaucoup ce genre de choses là».Pour pouvoir déduire des revenus de son entreprise certains frais liés à l’utilisation d’une voiture - essence, assurance, etc. -, celle-ci doit être principalement utilisée à des fins d’affaires (50% et plus). Dans ce calcul, «l’aller-retour du domicile au lieu de travail n’est pas déductible», mentionne Nicolas Karaoglanian. «En revanche, pour un pharmacien qui se déplace entre ses quatre pharmacies dans la journée, ces trajets-là seraient déductibles.» Idem pour un médecin qui serait amené à se déplacer quotidiennement entre deux cliniques et/ou un hôpital éloignés. Peu importe le cas de figure, Ravy Pung donne donc le même conseil à ses clients. «Avant de signer un contrat avec le concessionnaire, assurez-vous d’avoir tout bien validé avec votre comptable pour déterminer quelle solution est la plus avantageuse pour vous.»

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