À l'aube d'une 2e vague: «débordement historique dans les urgences», selon le président de l'AMUQ

Plusieurs urgences débordent au moment même où le nombre de nouveaux cas de COVID-19 augmente rapidement, faisant craindre le pire au président de l’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ), le Dr Bernard Mathieu. Le président de l’Association des médecins d’urgence du Québec, le Dr Bernard Mathieu.« On va frapper un mur », prévient-il. Jeudi, à Montréal, Québec, Laval, en Montérégie, dans Lanaudière et dans les Laurentides, le taux d’occupation des civières de plusieurs hôpitaux dépassait 100 %, et ce, malgré un nombre encore peu élevé de cas de COVID-19 dans les urgences. Dans l’ensemble du Québec, le taux d'occupation des civières atteignait 93 %.« C’est une catastrophe! lance-t-il. Les urgences sont dans une situation de débordement historique et il n’a jamais manqué autant de personnel. Puis, il y a la COVID qui commence à nous chauffer les oreilles. »Selon lui, des décisions difficiles devront être prises dans les hôpitaux d’ici deux semaines. « Il va falloir arrêter toutes les activités qui ne sont pas en lien avec la COVID-19 comme lors de la première vague. Nous n’aurons pas le choix. Soit ça, soit nous devrons rationner les soins. Par exemple, on ne soignera pas une personne de 80 ans qui a la COVID-19. Ce sont des choses aussi épouvantables que ça qui nous pendent au nez. »Le débordement dans les urgences s’explique notamment par un manque d’infirmières; face à la pression constante, plusieurs ont pris leur retraite ou sont absentes à cause d’un épuisement professionnel ou encore car elles doivent garder leurs enfants en isolement. Ce manque de personnel a forcé la fermeture de lits d’hospitalisation. À cela s’ajoute la décision des autorités publiques de réserver 1000 lits d’hospitalisation pour les patients qui seront atteints de la COVID-19 dans les hôpitaux de Montréal. Ainsi, les patients qui devraient être hospitalisés restent à l’urgence. Par ailleurs, des patients âgés qui pourraient aller dans les centres d'hébergement de soins de longue durée (CHSLD) restent bloqués à l’urgence en raison de la lourdeur des procédures, notamment les quarantaines et le nombre de tests imposés avant d’avoir accès à un CHSLD.À lire: 2e vague: casse-tête en vue aux soins intensifs« Le bain est plein, on ajoute l’eau dedans et le bouchon est fermé. Nous sommes dans un cul-de-sac », illustre le Dr Bernard Mathieu qui s’inquiète de voir éventuellement des patients mourir à l’urgence.À l’heure actuelle, le manque d’infirmières met une pression énorme sur celles qui travaillent aux urgences et mine le moral des troupes, note le président de l’AMUQ. « Nos équipes sont étirées au maximum. Nous ne voyons pas de solutions au bout du tunnel. Nous faisons comme si de rien n’était, mais ce n’est pas une solution viable à long terme. »La situation du manque de personnel est la même partout dans la province, croit-il. « Il y a du temps supplémentaire obligatoire partout au Québec. Cela démontre à quel point il manque de personnel, puisque c’est censé être une mesure de dernier recours. »Congestion à prévoir aux soins intensifsS’il est très inquiet pour la situation à l’urgence, il l’est également pour les soins intensifs. En effet, la deuxième vague frappe présentement davantage les patients jeunes avec moins de comorbidités. Ainsi, les jeunes vont, dans certains cas, occuper les lits de soins intensifs beaucoup plus longtemps que les patients âgés atteints de la COVID-19, comme l’a constaté le Dr François Marquis, chef de service aux soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont en entrevue à ProfessionSanté.ca cette semaine.

À l'aube d'une 2e vague: «débordement historique dans les urgences», selon le président de l'AMUQ

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