Vaccination contre la COVID-19: l’INSPQ confirme le risque de consultation pour myocardite ou péricardite

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a récemment publié un rapport de surveillance qui dresse un portrait exhaustif des myocardites et des péricardites déclarées au Programme de surveillance passive des effets secondaires possiblement reliés à l’immunisation (ESPRI) dans le cadre de la campagne de vaccination contre la COVID-19. Ce rapport s’appuie également sur une analyse des données clinico-administratives de consultations à l’urgence ou d’hospitalisations pour myocardite ou péricardite.«Les résultats de ces travaux confirment la présence d’une augmentation significative du risque de consultation ou d’hospitalisation pour myocardite ou pour péricardite dans les 21 jours suivant l’administration d’une deuxième dose de vaccin et d’une troisième dose de vaccin à ARNm», concluent les auteurs du rapport. Ils soulignent aussi que leurs résultats sont «compatibles avec le reste de la preuve épidémiologique» et qu’ils viennent soutenir «la prise de décision au sein du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ), notamment en permettant de recommander l’utilisation préférentielle du vaccin ComirnatyMD (de Pfizer-BioNTech) chez les enfants, les adolescents et les personnes de moins de 30 ans». Entre le 20 décembre 2020 et le 31 décembre 2022, quelque 19 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 ont été administrées au Québec. Dans le même temps, 889 cas de myocardite ou de péricardite, survenus dans les 42 jours suivant la vaccination, ont été déclarés au ESPRI. Dans ce lot, 386 (43%) n’ont pas été retenues à des fins d’analyse par les chercheurs de l’INSPQ, soit parce que la présence d’une myocardite ou d’une péricardite avait été exclue par une évaluation médicale (8%) ou un bilan cardiaque normal (6%), qu’un autre diagnostic avait été émis pour expliquer les manifestations observées (11%), ou car le patient n’avait pas été évalué par un professionnel de la santé au moment où les symptômes étaient présents (14%).Parmi les 503 cas retenus, 47 (9%) des vaccinés étaient âgés de moins de 18 ans, 149 (30%) étaient âgés de 18 à 29 ans, 81 (16%) de 30 à 39 ans et 226 (45%) avaient 40 ans ou plus au moment du diagnostic. Un peu plus de la moitié étaient des hommes (53%) et l’âge moyen des cas était d’environ 40 ans.«La vaste majorité des cas déclarés étaient temporellement associés aux vaccins à ARNm, qui ont été les plus utilisés durant la campagne (96% des doses)», souligne le rapport. Dans le détail, 326 cas (65%) sont liés à l’administration du vaccin Comirnaty et 163 (32%) au vaccin SpikevaxMD de Moderna. En revanche, seulement 20 déclarations (3%) concernaient l’administration du vaccin à vecteur viral ChAdOx1, commercialisé entre autres par AstraZeneca.S’agissant de la séquence vaccinale, «le taux de déclaration d’une myocardite ou d’une péricardite à la suite de la première dose (2,93 par 100 000 doses) est statistiquement comparable à celui observé après la deuxième (3,35), alors que celui à la troisième dose est plus faible (0,95)», notent les analystes de l’INSPQ. Ces derniers mentionnent que les taux observés chez les enfants de 5 à 11 ans (0,50) sont largement inférieurs à ceux observés dans les autres groupes d’âge tandis que les taux les plus élevés sont observés chez les 18-29 ans (5,96). «Ces résultats démontrent que les myocardites et les péricardites sont peu fréquentes chez les enfants de 5 à 11 ans et que la vaccination ne semble pas en augmenter le risque.»Lire aussi: Le CCNI met à jours ses orientations sur la vaccination COVID-19 pour l'automne 2024Spikevax vs ComirnatyGlobalement, les taux de déclaration pour le vaccin Spikevax sont légèrement plus élevés que ceux pour le Comirnaty (rapport de taux [RT]: 1,13 [0,93-1,36]), «un effet qui varie selon l’âge», note le rapport. «L’écart le plus élevé entre les deux vaccins s’observe chez les adultes de 18 à 29 ans (RT: 1,78 [1,28-2,48]), mais tend à diminuer et à s’inverser avec l’âge». Chez les moins de 50 ans, les taux de déclaration s’avèrent plus élevés pour le Spikevax (RT: 1,47 [1,16-1,85]), alors que parmi les personnes de 50 ans et plus, les taux du Spikevax sont plus faibles que ceux du Comirnaty (RT: 0,65 [0,45-0,95]). L’examen des données clinico-administratives montre quant à lui le taux de consultation à l’urgence ou d’hospitalisation pour myocardite ou péricardite dans les 42 jours après la vaccination de base contre la COVID-19 s’élève à 7,70 par 100 000 doses, ce taux étant de 5,97 avec la première dose, de 8,99 avec la deuxième dose et de 8,51 avec la dose de rappel.«Les taux observés chez les enfants de 5 à 11 ans (0,62) sont largement inférieurs à ceux observés dans les autres groupes d’âge», indique le rapport, les taux les plus élevés étant constatés chez les 18-29 ans (12,83), «une tendance qui demeure peu importe le rang de la dose ou le type de vaccin». De plus, les résultats démontrent «une augmentation significative du risque dans les 21 jours suivant la deuxième dose de vaccin à ARNm, particulièrement chez les adolescents et les adultes de moins de 30 ans». Taux de consultation ou d’hospitalisation selon le vaccin administréChez les 40 ans et plus, «le taux de consultation ou d’hospitalisation pour myocardite ou pour péricardite suivant l’administration d’un vaccin à ARNm est comparable à celui des vaccins à vecteur viral (RT: 1,03 [0,77-1,38])», souligne le rapport. Pour l’ensemble de la vaccination de base (dose 1 à 3) des adultes, ces taux sont légèrement plus élevés pour le vaccin Spikevax que pour le Comirnaty (RT: 1,14 [1,021,28]). Toutefois, «le seul écart significatif entre les deux vaccins s’observe chez les adultes de 18 à 29 ans ayant reçu la deuxième dose», le risque de consultation ou d’hospitalisation étant presque trois fois plus élevé avec le Spikevax (risque relatif [RR]: 8,12 [3,90-16,9]) qu’avec le Comirnaty (RR: 2,93 [1,93-4,47]). En conclusion, les auteurs du rapport écrivent que «l’analyse simultanée des données de surveillance passive et de celles provenant des banques de données clinico-administratives québécoises a permis de mettre en évidence la présence d’un biais de déclaration important et dont l’ampleur varie selon l’âge, le sexe, le vaccin administré et le rang de la dose». Selon eux, la surveillance passive demeure essentielle pour effectuer en continu le suivi de la sécurité des vaccins administrés au Québec. Toutefois, «l’application de méthodes épidémiologiques solides utilisant des banques de données clinico-administratives québécoises, exemptes de biais de déclaration, demeure cruciale dans l’évaluation des risques associés à la vaccination».

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