Projet pilote sur l'asthme et la MPOC: les bénéfices de la prévention en GMF

La présence d’inhalothérapeutes éducatrices œuvrant directement dans un GMF pourrait avoir un effet extrêmement positif auprès de la clientèle asthmatique, indiquent les résultats d’un projet pilote mené dans la région de Québec. L’éducation en santé respiratoire n’est pas encore suffisamment intégrée aux soins de première ligne, déplore l’ancien Réseau québécois de l'asthme et de la MPOC (RQAM), un organisme conseil remplacé depuis peu par le Réseau québécois d’éducation en santé respiratoire (RQESR). Il y a deux ans, le RQAM a voulu mesurer les bénéfices que retireraient une clientèle asthmatique de la présence d’une inhalothérapeute dans un GMF afin d’offrir des services éducatifs et de spirométrie auprès des patients souffrant d’asthme et de MPOC. Ces interventions étaient issues du Programme d’enseignement aux éducateurs du RQAM.Le projet, mené conjointement par l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), le RQAM et le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, visait aussi à démontrer les impacts d’une telle initiative si elle était déployée dans un plus grand nombre de GMF, et à rédiger un guide d’implantation de services éducatifs dans les groupes de médecine de famille. Ce projet pilote s’est déroulé dans six GMF de la région de Québec en 2013 et 2014.Les patients recrutés étaient:- des personnes asthmatiques consultant lors d’une visite non prévue pour un asthme mal maîtrisé;- des individus chez qui le diagnostic d’asthme était à confirmer;- des patients chez qui on voulait évaluer le niveau de gravité de l’asthme et de la MPOC. En plus de la visite initiale, des suivis étaient offerts aux 4 à 6 semaines, 4 à 6 mois et un an.Résultats très positifsAu total, 124 asthmatiques adultes, 83 femmes et 41 hommes entre 18 à 55 ans, ont bénéficié des services des inhalothérapeutes dans les six GMF.L’analyse des données a démontré que pour l’ensemble des patients, le nombre total de visites médicales non planifiées reliées à des problèmes respiratoires est passé de 137 à 33 après un an de suivi. Pour leur part, les visites à l’urgence reliées à l’asthme ont diminué de 11 à 10 et celui des hospitalisations de 5 à 4. À ce niveau, les interventions en GMF auront donc eu peu d’impact. Toutefois, le nombre total de traitements par antibiotiques pour une infection respiratoire a chuté de 112 à 33 après un an de suivi et le nombre total de traitements de prednisone de 26 à 8.À la lumière de ces résultats, les chercheurs ont conclu qu’une intervention éducative en GMF combinée à un suivi de la spirométrie améliorait la compliance, le contrôle de la maladie et les connaissances au sujet des maladies, et diminuait le nombre de visites médicales non planifiées, de traitements antibiotiques et de traitements de prednisone. La répétition de l’intervention semble importante dans le maintien de l’adhésion au traitement, ont-ils aussi observé.Une synergie incroyable«Le fait d’être présent dans des groupes de médecine de famille a créé une synergie fantastique avec les médecins de famille», s’est exclamé le pneumologue Louis-Philippe Boulet, en commentant cette étude, à laquelle il a participé.«Avant ce projet pilote, il n’y avait pas d’intervenants formés en GMF pour l’éducation en asthme et en MPOC, a-t-il souligné à ProfessionSanté.ca. Or, compte tenu des nombreux patients souffrant d’asthme et de MPOC qui se rendent dans les cliniques de médecine de famille, il devrait y avoir, au moins partiellement, des éducatrices en santé respiratoire afin de prendre en charge les activités éducatives en matière de santé respiratoire. Ces interventions ont amélioré la qualité des soins des patients visés en diminuant de façon drastique l’utilisation des médicaments inutiles et ont une répercussion socio-économique extraordinaire pour tout le système de santé.»Le Dr Boulet dit souhaiter que le résultat du projet pilote mené à Québec incite les GMF à réclamer des ressources en santé respiratoire en cliniques, comme cela se fait pour le diabète.

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